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Mesures sociales

Promesses électorales : la bataille des pensions

13 octobre 2024, 19:20

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Promesses électorales : la bataille des pensions

Phokeer : «Tou dimounn ki pe asize isi la milioner»

«Tou dimounn ki pe asize isi la milioner…» C’est ce qu’a lancé Sooroojdev Phokeer à l’assistance lors de la réunion de mobilisation dans la circonscription no 5 (Pamplemousses/ Triolet) vendredi. Cela, à condition de voter l’équipe de Pravind Jugnauth, a-t-il précisé. L’explication se trouve dans la promesse d’augmenter la pension de vieillesse. Du côté de l’Alliance du changement, Navin Ramgoolam a proposé, lui, de détaxer la pension de vieillesse, mais également de maintenir les autres allocations sociales lorsque la personne atteint 60 ans, entre autres mesures pour les seniors. La bataille pour conquérir nos aînés est lancée…

Longue attente

Le 29 septembre, lors des célébrations dans le cadre de la Journée internationale des personnes âgées, Pravind Jugnauth a promis d’augmenter la pension à Rs 20 000. Et vendredi, Sooroojdev Phokeer a fait les calculs. «Pansion Rs 20 000 bolom, Rs 20 000 bolfam, li fer Rs 40 000. Douz fwa 40 000, ek 13e mois, fer enn demimilion. Dan de banane, bolom-bolfam vinn milioner», a lancé l’ancien speaker avec un air de satisfaction.

L’annonce de l’augmentation de la pension était en fait attendue. D’ailleurs, c’était encore lors de Journée internationale des personnes âgées, en 2019, que Pravind Jugnauth avait promis les Rs 13 500 aux seniors. Les modalités avaient été annoncées par la suite, et la pension a été augmentée petit à petit pendant cinq ans. La première augmentation avait été avalisée lors du premier conseil des ministres du précédent gouvernement le 15 novembre 2019. La pension était passée de Rs 6 210 à Rs 9 000 pour les personnes âgées entre 60 et 89 ans. Mais en 2020, dans le sillage du Covid, le ton change.

Toujours lors de la Journée internationale des personnes âgées, le chef du gouvernement sortant affirme que le «gâteau national rétrécit». Mais deux ans plus tard, une autre augmentation est annoncée dans le Budget 2022-2023. La pension augmente de Rs 1 000 et passe ainsi à Rs 10 000. L’année suivante, une deuxième augmentation de Rs 1 000 est accordée aux seniors âgés entre 60 ans et 64 ans, et Rs 2 000 à ceux âgés de plus de 65 ans, ce qui équivaut à Rs 11 000 et Rs 12 000 respectivement.

Le 1er janvier 2024, lors de son discours à la nation, Pravind Jugnauth concrétise une partie de sa promesse électorale. La pension de vieillesse passe à Rs 13 500 pour les personnes âgées de plus de 75 ans. Quelques mois après, lors de son discours pour l’Indépendance, toutes les pensions sont alignées sur ce montant. Quelques jours plus tard, Fazila Jeewa-Daureeawoo, ministre de la Sécurité sociale, annonçait d’autres ajustements. Ceux âgés entre 65 et 74 ans reçoivent Rs 14 500 à compter du 1er avril et les 75 à 89 ans, Rs 16 000. Dans le dernier exercice budgétaire, encore des augmentations. La pension est passée à Rs 14 000 en juillet, et la promesse de Rs 15 000 en janvier prochain a déjà été faite. Quant aux Rs 20 000 et les potentiels millions, les modalités et tranches d’augmentations n’ont pas encore été révélées.

Du côté de l’Alliance du changement, pas de hausses mirobolantes, mais des promesses également alléchantes pour les seniors. Tout d’abord, Navin Ramgoolam, en conférence de presse le 28 septembre aux côtés des autres partenaires de l’alliance, a promis de ne pas supprimer les pensions des veuves et des personnes handicapées lorsqu’elles atteignent 60 ans. Ainsi, elles bénéficieront de deux pensions en même temps, ce qui équivaudra à une somme de Rs 30 000 pour ces catégories de seniors si les pensions passent à Rs 15 000 en janvier et que la mesure est appliquée juste après les élections. Quant à l’augmentation de Rs 1 000 promise en janvier par Pravind Jugnauth, le leader du Parti travailliste surenchérit : le paiement se fera rétroactivement jusqu’à juillet 2024, soit Rs 6 000 d’arrérages. La troisième mesure concerne la taxe. Les seniors n’en paieront plus sur leurs pensions de vieillesse.

Qu’en est-il de la population vieillissante ? Qui portera le lourd fardeau de ses hausses et promesses si ce n’est le contribuable ? Tout cela est-il soutenable économiquement ? Qu’adviendra-t-il de nos jeunes plus tard ? Des questions auxquelles les leaders devront fournir des réponses dans les semaines qui viennent.