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Quand Biden dope Trump
En dépit de son grand âge et de sa baisse de tonus, Joe Biden a ancré sa réélection dans le troublant fait qu’il est le dernier rempart entre les États-Unis et un second mandat de Donald Trump -- qui pourrait anéantir la démocratie et l’État de droit. Mais après sa piètre performance lors du débat contre Trump, les électeurs qui le soutiennent sont aujourd’hui inquiets.
La voix et la démarche de Biden semblaient encore plus faibles que l’on s’y attendait. Beaucoup se demandent du reste pourquoi le président des États-Unis chuchotait au lieu de parler.
Le plus grave demeure la maîtrise des dossiers et le fond en général. Si le public est habitué aux propos outrancièrement populistes de Trump, il a été désagréablement surpris par les paroles de Biden qui manquaient de cohérence et de punch – il aurait ainsi omis d’assaillir Trump sur l’épineuse question de l’avortement qui est l’un des principaux arguments de terrain des démocrates. Il a dérivé en évoquant sa plus grande responsabilité politique : l’immigration. «Nous avons enfin battu Medicare», a ensuite déclaré Biden, plongeant tout le monde dans un silence confus. Dès lors, son combat brillant contre Trump, lors d’un débat similaire, il y a quatre ans, n’était plus qu’un lointain, très lointain, souvenir.
Un président qui peine devant des millions de téléspectateurs du monde entier était un exercice difficile à digérer pour nombre de démocrates. Du coup, dans son propre camp, l’on se demande, finalement, s’il n’est pas trop vieux pour rempiler – un second mandat se terminerait quand il aurait 86 ans ?!
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En novembre 2016, la sourde colère qui avait érigé Donald Trump en héros était brutale, sans équivoque.
Avant, malgré la menace populiste, on avait toujours le choix des urnes devant nous. Celles-ci ayant parlé d’une voix audible et claire, nous n’en avions plus. Il fallait donc subir Trump.
Et l’on se demandait jusqu’où notre monde allait s’enfoncer, se replier, s’emmurer – comme une autruche, lourde, incapable de prendre de la hauteur, qui ne voyait pas que les jeunes générations héritaient, sans le vouloir, d’une dérive vers l’extrême-droite, une dérive qui n’encourage pas le métissage propre aux pays comme les États-Unis et Maurice. Une autre civilisation basée sur l’obscurantisme se mettait en place. Des années de repli étaient devant nous. À mort les idéaux de liberté.
Après le Brexit là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique, l’élection de Trump aux États-Unis et sa deuxième course en 2024, consolident la place des Le Pen, Orban et Meloni en Europe… Cela se confirme, s’il le fallait encore, que notre monde est malade, vraiment malade. Et la démocratie n’y peut grand-chose… et l’économie, mondialisée, ne pourra que ralentir avec les murs et les frontières qu’on érigera de plus en plus.
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