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Quand la police déborde de sa mission
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Quand la police déborde de sa mission
Une vidéo devenue virale ces jours-ci expose une scène qui dérange, qui trouble, qui fait honte. Dans le Sud, Georges Ah Yan, figure connue du militantisme social, se retrouve bousculé, humilié, emmené comme un malfrat au poste de police de Mahébourg. Son crime ? Avoir planté des pots de fleurs sur un terrain annexe à son restaurant. Pas de trafic de drogue. Pas de trouble à l’ordre public. Juste des plantes vertes sur une «classified road».
Son frère Cyril, lui aussi embarqué sans ménagement. Aucun avis préalable. Aucune ordonnance de justice. Aucune légitimité apparente. Et, surtout, aucune retenue. «Une démonstration de force gratuite», dénoncent les proches de l’activiste. Le scénario rappelle celui de Rajen Narsinghen, embarqué comme un voleur de letchis pour avoir eu le malheur de déplaire à l’ancien régime.
Mais il faut regarder cette affaire dans un miroir plus large. Ce n’est pas une bavure isolée. Ce n’est pas un excès ponctuel. C’est une tendance. C’est une pente glissante. Les images, toujours gravées dans les mémoires, de l’arrestation sauvage de Nygel Beerjeraz à Karo-Kalyptus le 30 avril sont venues renforcer cette impression : celle d’une police qui oublie la Constitution et agit comme une force de dissuasion pour des raisons obscures.
Beerjeraz, tiré d’un véhicule, ensanglanté, à moitié nu, traîné comme un sac de pommes de terre sur l’asphalte. Il est encore en convalescence. Et pendant ce temps, ceux qui ont ordonné ou couvert l’opération dorment tranquilles. Même un criminel a des droits humains que la police doit respecter.
Depuis 2020, nous le martelons : les hommes passent, les institutions restent. Mais quand ces institutions sont façonnées par des responsables sans colonne vertébrale, elles deviennent des armes, pas des repères.
Soyons clairs. L’alternance politique n’aura aucun sens si elle reproduit les mêmes abus. La police ne doit pas devenir l’extension armée du pouvoir du jour. Elle doit redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une force au service du droit et non un droit au service d’un pouvoir politique.
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