Publicité

Importation parallèle de médicaments

Quel prix pour la santé ?

27 mai 2025, 16:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Quel prix pour la santé ?

L’importation parallèle de médicaments suscite de vifs débats à Maurice, dans un contexte où les prix des traitements pharmaceutiques continuent de grimper. Si certains défendent l’idée qu’une ouverture à la concurrence permettrait une baisse des prix, d’autres appellent à la prudence, invoquant notamment le risque de contrefaçons et la sécurité des patients.

L’importation parallèle désigne l’introduction sur le marché local d’un médicament identique (même formule, même marque), généralement fabriqué dans le même pays d’origine – par exemple la France – mais importé par une autre entité que le représentant commercial officiel (Local Trade Representative, ou LTR). En clair, le même médicament peut être acquis depuis un autre pays où il est disponible à un prix plus avantageux.

Un pharmacien, qui préfère rester anonyme et ayant une longue expérience dans les secteurs public et privé, précise une autre pratique courante : «Si un médicament de marque est disponible en Asie, au lieu de l’acheter en Europe, on va l’importer depuis l’Inde, le Pakistan ou le Kenya. Nou pran li kot nou gagne.»

L’un des rôles fondamentaux du gouvernement dans le domaine de la santé publique est de garantir des sources d’approvisionnement sûres et fiables. «Actuellement, chacun avance ses arguments sur l’importation parallèle, mais il faut rappeler qu’il existe à Maurice un cadre légal : la Pharmacy Act. Toute importation doit faire l’objet d’une demande auprès du Pharmacy Board, qui évalue les produits selon plusieurs critères : pays d’origine, composition, emballage, etc.», souligne notre interlocuteur.

En principe, tous les médicaments mis en vente à Maurice doivent suivre cette procédure rigoureuse d’enregistrement. Autre élément à considérer : les lois sur la propriété intellectuelle. Importer des médicaments de marque sans autorisation pourrait enfreindre les droits des détenteurs de brevets.

Sur la question des prix, le pharmacien nuance : «L’importation parallèle ne fera pas nécessairement baisser les prix de manière significative. Le coût final dépend à 75 % du prix payé au fabricant par l’importateur. D’autres facteurs échappent à notre contrôle.» Quant à la disponibilité des médicaments, il note que certaines pénuries sont temporaires et ne relèvent pas toujours d’un problème d’importation.

En résumé, selon lui, le système de l’importation parallèle ne profiterait ni aux pharmacies ni aux patients, mais essentiellement aux importateurs. Nous avons également recueilli le point de vue d’un autre pharmacien, fort de plus de 30 ans d’expérience. Il rappelle que ce système est déjà en place dans plusieurs pays comme le Danemark, l’Angleterre, les Pays-Bas ou encore l’Australie.

«À Maurice, on ne peut pas introduire ce système du jour au lendemain sans garde-fous. Il n’existe actuellement aucun laboratoire local pour tester les médicaments importés, ni de personnel qualifié pour authentifier leur conformité.» Il met également en garde contre l’absence de traçabilité: «En cas de problème de santé lié à un médicament, comment remonter la chaîne d’approvisionnement ? Et si des patients se retrouvent dans un état critique, qui prendra la responsabilité ?»

Publicité