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Quel remake dix ans plus tard ?

29 mai 2024, 10:02

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Les stratèges du Sun Trust focalisent sur l’échec retentissant de l’alliance rouge-mauve aux législatives de décembre 2014. Ils pensent pouvoir recréer le feel-bad factor en termes de synergie électorale entre le PTr de Navin Ramgoolam et le MMM de Paul Bérenger. Que s’est-il passé, il y a dix ans de cela, entre les deux leaders, qui ont connu une longue traversée du désert depuis leur débâcle électorale, que ce soit ensemble ou séparément ?

Le 15 août 2014, l’express faisait ressortir qu’entre alliance on-off (ou remake rougemauve), on avait presque l’embarras du choix pour nommer l’arrangement électoral que le Premier ministre (Ramgoolam) et le leader de l’opposition (Bérenger) fignolaient alors. Pendant deux heures la veille, ils avaient sans doute peaufiné leur plan de communication pour le peuple mauricien, en général, et pour leurs partisans respectifs, en particulier. Dans le communiqué du Bureau du Premier ministre émis tard le 14 août 2014, une seule citation sur la rencontre au sommet entre les deux hommes-clés de la politique locale : «Les discussions ont beaucoup avancé et il reste quelques points à peaufiner.» Pour sa part, Paul Bérenger, manifestement précautionneux, avait lancé à la presse l’une de ses formules rhétoriques, dont lui seul saisit la nuance : «Sa ki nou finn koze, nounn koze!»

Le message essentiel à retenir d’août 2014, souligné dans ces mêmes colonnes, c’était que le PTr et le MMM allaient s’unir «pour que le pays puisse enfin avoir une réforme électorale. Une vraie, pas la solution interlocutoire du mini-amendement…» L’objectif de cette autre alliance rouge-mauve (après celle de 1995) était précis : rafler un dernier 60-0 comme pour profiter une dernière fois de notre système électoral injuste, avant que le public ne soit complètement dégoûté des relations incestueuses – et antidémocratiques – entre un Premier ministre et le leader de l’opposition… qui avaient mis en veilleuse l’Assemblée nationale.

Lors d’une conférence de presse à Clarisse House, pour annoncer un rapprochement rouge-mauve, (avant que celui-ci ne soit enterré par une levée de boucliers des militants au bureau politique d’Ambrose), Ramgoolam avait souri avec complicité quand Bérenger avait ressorti son slogan choc devant les caméras courbées de la MBC : «Le PTr et le MMM, les deux plus grands partis politiques de Maurice, vont construire ensemble un pays phare, un modèle de démocratie.»

12 décembre 2014. Sur sa Une, sous le titre La Chute, l’express expliquait que Ramgoolam et Bérenger «avaient les chiffres avec eux, mais pas les êtres, c.-à-d. les électeurs». Depuis la conclusion de l’accord électoral (2014) rouge-mauve, l’express a maintenu que le calcul mathématique simplet – qui consiste à combiner le corps électoral traditionnel du PTr à celui du MMM – ne tenait pas la route par rapport à l’usure du pouvoir du Premier ministre et son gouvernement sortant. Cette analyse se fondait surtout sur le reflet du terrain : nos journalistes qui avaient inlassablement sillonné – (dix ans plus tard, ils continuent à le faire) – les 21 circonscriptions nous rapportaient quotidiennement des informations émanant des différents coins de l’île. Et nous avions noté que si l’alchimie semblait plus ou moins fonctionner au niveau des deux leaders, la synergie entre les activistes des deux partis ne s’était, elle, jamais faite. Séparément, les deux partis auraient-ils mieux fait ? Non, comme l’auront ensuite prouvé les législatives de 2019.

En face des Rouges et Mauves qui tentaient de trouver un semblant d’équilibre, il y avait, dix ans de cela, un assemblage hétéroclite de petits partis, menés par le MSM, et soutenu financièrement par le Sun Trust. À l’image du combat de David contre Goliath, la preuve a été faite qu’un minus (comme le MSM… de l’époque) peut effectivement gagner en montrant suffisamment de créativité, d’innovation et de connexion avec les bread-and-butter issues du peuple. Quel remake pour 2024 ?