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Qu’est-ce qui compte ?
Un référendum en Australie le weekend dernier tentait de reconnaître aux Aborigènes (la première nation australienne) une plus grande présence au niveau de la prise de décision gouvernementale. La mesure, pourtant plutôt timide, fut rejetée par 60 % des Australiens. Tous les états votèrent majoritairement contre…
Une analyse du vote confirme que les cœurs de ville étaient pour et que le vote négatif augmentait au fur et à mesure que l’on s’en éloignait. Mais l’autre caractéristique marquante du référendum était que les vieux ont voté contre alors que les jeunes, à 81 % pour les 18-29 ans et à 63 % pour les 30-39 ans, ont voté pour, selon The Australia Institute! Rappelons qu’en Australie, on est obligé de voter et que le résultat final n’est donc pas le résultat de taux de mobilisation différents selon les tranches d’âge, mais bien du vote d’un pays vieillissant.
Le même phénomène a été visible lors du Brexit (*). Les jeunes de moins de 25 ans, moins engloutis dans leurs angst historiques, peu nostalgiques, plus ouverts sur le monde, plus conscients de leur avenir que de leur passé, votèrent à 75 % pour rester en Europe ! Dans la tranche d’âge 25-49, une majorité de 54 % était aussi en faveur de rester en Europe. Cependant, plus on était vieux, plus on était contre l’Europe et… plus on votait. C’est ainsi que seulement 64 % des moins de 25 ans ont voté en 2016, alors que 90 % des plus de 65 ans se traînaient jusqu’aux bureaux de vote !
Aux États-Unis, les jeunes sont en général bien plus démocrates et libéraux que républicains et conservateurs. Le soutien à Trump suit la même courbe (**). Pas étonnant que le mouvement MAGA fasse appel à la mélancolie d’un passé jugé, correctement ou pas, plus «Great». En France, lors du deuxième tour de la présidentielle (***), les indications sont moins nettes. En effet, Emmanuel Macron récoltait 60 % des intentions de vote des 60-69 ans et 71 % des plus de 70 ans, en sus de surperformer, au taux de 62 %, chez les 18-24 ans…
C’est vrai que l’âge n’est qu’un des critères d’analyse possibles pour expliquer des choix politiques, mais le point que je voudrais faire, à un moment où les populations sont vieillissantes, c’est que l’AVENIR, sera de plus en plus décidé par des vieux qui en ont de moins en moins… Et certainement moins d’avenir tangible que des jeunes de 30 ans et moins…
Cela ne me paraît pas être juste ! C’est même, à la limite, absurde…
Nous connaissons tous l’équation déformée qui veut que les politiciens (pas seulement à Maurice d’ailleurs !) courtisent et chouchoutent leurs vieux avec des retraites généreuses, alors que ce seront les plus jeunes qui travaillent, qui devront payer pour ces générosités. Mais il n’y a pas que la retraite. Est-ce juste que les vieux Australiens décident finalement de contrer les idées plus fraternelles des jeunes vis-àvis des Aborigènes, alors que leurs vies se terminent et que ce sont les plus jeunes qui vont devoir vivre aux cotés des Aborigènes bien plus longtemps ? Est-ce que les plus de 60 ans sont mieux habilités à décider d’un Brexit qui rend plus étroit l’avenir de leur jeunesse, qui les prive des échanges Erasmus, qui les coupe de la libre circulation en Europe qui enclenche les contacts et abreuve les idées neuves ? Sûrement pas!
Le comédien anglais Sean Lock disait après le vote du Brexit qu’une telle question d’avenir ne devrait pas être posée aux 65 ans+ car ils n’ont PLUS d’avenir. Pour extrapoler et pour être plus juste, surtout que nos populations sont et seront de plus en plus vieillissantes, faudrait-il désormais pondérer les votes pour favoriser ceux qui ont effectivement un plus long avenir ? Cette question me paraît mériter une attention particulière ! Surtout pour les sujets concernant le long terme, comme les pensions et la CSG. Un double vote pour les moins de 35 ans, un vote et demi jusqu’à 60 ans et un vote… sec aux plus de 60 ans pourrait radicalement changer la perspective d’un pays sur son avenir et mieux le mettre en phase avec ses habitants qui ont plus d’intérêts en jeu.
J’ai 73 ans et si je prétends toujours à quelque sagesse, je suis absolument certain d’être moins bien outillé que mes enfants pour imaginer le monde qui nous arrive et qui va leur tomber dessus! Ils méritent bien mieux que moi de décider de LEUR avenir! Et après tout, n’oublions pas que les problèmes que nous leur quittons ont été, soit créés, soit non solutionnés… par nous-mêmes!
(***)
Le jugement du Privy Council sur la pétition électorale de Suren Dayal au no 8, s’il a été reçu comme un triomphe par les troupes orange, n’est pourtant pas une surprise. Pour faire court, toute promesse électorale non parcellisée, rendue publique, faisant partie d’un manifeste électoral ne peut être un acte de corruption. Ce qui confirme que c’est donc à l’électeur de s’informer et d’évaluer les diverses promesses faites et de déterminer si cellesci sont réalisables, démagogiques, souhaitables, ou pas. Ceux qui s’opposent aux mesures proposées seront tenus, quant à eux, d’expliquer pourquoi les propositions des adversaires sont intenables, injustes, irresponsables ou dangereuses.
Sur cette toile de fond, on pourrait donc craindre une surenchère des promesses électorales, souvent contraires aux intérêts du pays, même si au profit de certaines catégories de votants. Que les troupes gouvernementales aient trouvé quelque sérum dans le jugement du conseil privé à l’avant-veille des prochaines élections ne changera rien de fondamental à leur bilan, sinon de démontrer combien le système actuel de pétition électorale est inadaptée, puisque traînaillant beaucoup trop longtemps en cour de justice.
Toutes ces pétitions désavouées n’auront, en fin de compte, qu’un unique mérite : celui de rappeler à ceux qui pourraient être tentés de manipuler les élections, qu’ils sont surveillés de près et que des juges résident toujours à Londres !
(***)
Le bombardement de l’hôpital Baptiste Al-Ahli à Gaza, qui a fait selon les sources gazaouites, plusieurs centaines de morts, cherche un responsable ! Est-ce le fait d’une attaque aérienne israélienne ou est-ce un tir de missile raté d’une unité partenaire du Hamas, le Jihad islamique ?
L’Israeli Defence Force (IDF) s’expliquant à ce sujet, indique d’abord que quand des milliers de tirs de roquettes ont lieu, un certain nombre échouent en vol. Si ces roquettes sont tirées en ville, elles peuvent tomber… en ville. Comme dans ce cas, selon l’IDF. Une vidéo tendrait à le démontrer. Des conversations capturées entre des unités du Hamas tendraient aussi vers la version de l’IDF d’une roquette folle tirée tout près de l’hôpital. Des photos aériennes du site indiquent une absence du cratère typique des bombes israéliennes.
Mais, à l’ère de l’IA et du fake, comment en être certain ? Comment vérifier que les ‘preuves’ de vidéos et de sons ne sont pas manipulés par l’IDF ? Comment savoir que ce que dit le Hamas est vrai ? Comment savoir si les attaques du 7 et du 17 octobre ne sont pas des actes de sabotage délibérés contre la normalisation d’Israël au Moyen-Orient ? Quelles sont ces autorités indépendantes à qui on va confier les ‘preuves’ de l’IDF pour authentification? Il faudra, par les temps qui courent, que cette équipe soit accréditée tant par Israël que par ses ennemis ? Allons bon!
N’oublions pas d’ailleurs que 63 % des électeurs républicains pensent toujours que les élections de 2020 ont été volées, même si 60 pétitions électorales ont été rejetées en cour. De plus, 52 % de ceux-là pensent encore qu’il y a des preuves «solides» de truquage… C’est dire comment l’humain peut CROIRE, en dépit de la logique et des faits ! Il s’agit donc de FOI.
Ce qui est sans controverse par contre, c’est que l’hôpital est touché et qu’il y a de nombreux morts, innocents. Ce qui est indiscutable, c’est que des soldats du Hamas ont prémédité une attaque de civils, innocents aussi, le 7 octobre dernier, massacrant des familles entières (1 300 morts ?) et enlevant jusqu’à près de 200 otages. Ce qui relève des faits est la lente colonisation de la Cisjordanie, encouragée et promue par Netanyahu pendant des années, ce qui fait qu’il y a aujourd’hui plus de 450 000 colons juifs dans environ 144 enclaves cisjordaniennes, protégées en permanence par l’armée – ce qui expliquerait d’ailleurs leur arrivée tardive (8 heures plus tard…) sur les lieux de l’attaque du Hamas, du 7 octobre ! Ce qui est flagrant, c’est que Gaza est assiégé et que les civils innocents paient le prix fort des récentes initiatives Hamas. Ce qui est visible, c’est que les musulmans croient plutôt les ‘faits’ du Hamas, alors que juifs et chrétiens penchent plutôt pour les ‘faits’ de l’IDF et des Américains. Ce qui est clair, c’est que 20 camions égyptiens de vivres, occasionnellement, ne suffiront pas aux assiégés; l’UNRWA indiquant qu’il faut 100 camions par jour. Ce qui est évident, c’est qu’Israël est une démocratie imparfaite mais réussie et qu’elle ne va pas disparaître de sitôt. Ni ne disparaîtront les 5 millions de palestiniens de Gaza et de Cisjordanie…
D’où viendront donc maintenant les compromis fiables pour refroidir les chaudrons de la haine ?
(*) Wikipedia | Causes of the vote in favour of Brexit
(**) washingtonpost.com | Gen X is not the Trumpiest generation - The Washington Post
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