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Kronik KC Ranzé

Questions

25 août 2024, 09:10

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Questions

Les compagnies dans le privé sont surtout focalisées sur la ligne de profit de leurs résultats, quand ce n’est pas une question de survie d’abord. Les contribuables veulent, bien sûr, payer moins de taxes. Les employés semblent être principalement motivés par ce qu’ils peuvent mettre dans leur poche à la fin du mois. Les électeurs sont invariablement attirés par ce qui est à leur avantage personnel avant de voter. Les gros partis politiques prennent des mesures, avant tout, pour ne pas perdre le pouvoir ou pour y accéder ! Les syndicats ne souhaitent que le bonheur de leurs membres et se concentrent donc à leur obtenir plus, en avantages et en salaires, si possible en travaillant moins.

Mais qui donc pense principalement au pays et au bien commun de tous ? N’est-ce pas, au moins, le devoir d’un gouvernement à la tête d’un État, qui doit alors cesser de jouer au parti au pouvoir ?

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L’idée de certains syndicats d’établir une grille salariale unique pour le secteur privé est probablement une mauvaise idée.

Si c’est une proposition qui simplifie certes la situation pour certains exercices, comme actuellement, pour corriger les problèmes de ‘relativité’ et que la grille unique est, semble-t-il, jouable pour le service public, il y a une bonne raison qui a guidé au système actuel du traitement sectoriel dans le privé.

En effet, si tous les secteurs sont logés à la même enseigne (est-ce d’ailleurs vraiment possible ? L’ICT est-il comparable à l’agricole ou à l’offshore ? En quoi le pâtissier ressemble-t-il au block-maker?) et qu’il n’y a qu’une unique grille salariale, ne court-on pas le risque de freiner l’évolution de l’économie nationale qui doit, pourtant, dans le sillage des transformations économiques inévitables, pouvoir abandonner des secteurs ‘sunset’ pour favoriser des activités ‘sunrise’ ? Ces derniers étant, évidemment, plus porteurs d’avenir et donc plus prometteurs de meilleures conditions d’emploi…

Imaginez que notre pays se découvre du talent et de la passion pour produire des vaccins ou des satellites de télécommunications. Si cela devenait vraiment une réalité et qu’il fallait encourager ces développements, comment croyez-vous que ce serait possible si ces secteurs naissants étaient contraints par une grille salariale unique et restrictive ? Admettant même qu’une telle grille de salaires n’agisse pas comme une bride restrictive sur les secteurs émergents, cette grille ne forcerait-elle pas les secteurs qui seraient devenus moins compétitifs à disparaître plus rapidement, ce qui pourrait détruire des emplois plus promptement que nécessaire ?

La logique sectorielle, c’est de reconnaître la capacité de payer des secteurs en fonction de ce que ce secteur ajoute comme valeur. La logique de la grille unique, c’est la facilité de catégorisation des emplois. N’aurions-nous pas intérêt à choisir la logique économique plutôt que la facilité bureaucratique ?

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Linion Moris (LM) a beaucoup de mérite. D’abord pour avoir réalisé que, face au foisonnement de nouveaux petits partis, plus largement animés par la bonne volonté que par des moyens suffisants et du réalisme, il fallait absolument une consolidation. Ils auront ainsi réussi à rallier cinq groupuscules politiques à Linion Pep Morisien en 2022. Dans ce domaine, il reste encore beaucoup à faire face aux deux grosses alliances dynastiques.

Rezistans ek Alternativ a choisi l’autre voie. La tentation pouvoiriste a été trop forte. Concilier ses demandes exigera sans doute des émasculations…

Ensuite, il y a de la réflexion et des propositions chez LM. Loin de se contenter seulement de diatribes et de réquisitoires, LM fouille des idées et tente de les structurer pour une île Maurice meilleure.

Je ne crois pas me tromper en disant que dans ces deux démarches, on retrouve largement la main de Dev Sunnasy, un entrepreneur au parcours réussi, qui aime son pays plus que lui-même, au point où il a trouvé la force de s’effacer face à Nando Bodha et Rama Valayden, qui sont présentés comme les candidats du parti au poste de PM, à tour de rôle. Ces deux-là sont d’ailleurs présentés comme des PM de transition ; le pari principal de LM étant sur la jeunesse, afin d’en finir avec les dynasties et le népotisme prolongé.

Jusqu’ici, LM a publié son programme en 56 points en mars 2022. Cette même année, il a présenté un projet de cannabis economy en avril, un budget alternatif en mai, ses propositions pour un pays plus transparent en août et des propositions de transition constitutionnelle en septembre. Ces réflexions ont été suivies d’une Vision économique en avril 2024 et d’une Vision 2050, le 12 août dernier.

On peut ne pas être d’accord avec certaines propositions, mais ce qui est clair, c’est que les idées-forces sont prometteuses parce que généralement lucides et bien motivées. Il est inutile de vous résumer ici le détail de ce qui anime LM, car tous ces documents, vous les retrouverez sur le site web de ce parti et vous les lirez à votre aise, si ce sont les idées qui vous bottent plus que la politicaillerie usuelle, qui semble, malheureusement, tant mesmériser le Mauricien moyen…

Pour ma part, je retournerais au document de base lancé en mars 2022 pour souligner combien la 2ᵉ section (Pouvoir d’achat) et les sections concernées par l’économie, les 5ᵉ et 6ᵉ, restent des défis prioritaires qui ne sont pas faciles à résoudre. En effet, écrire qu’une «formule de stabilisation des prix sera effective» pour rétablir le pouvoir d’achat fait simple, mais vide ; abolir la taxe double sur l’essence crée un ‘trou’ budgétaire qu’il faudra boucher, comme le ‘trou’ creusé par le transport gratuit ou la ‘révolution énergétique’ qui fera baisser le coût de l’électricité d’ailleurs. Si l’ambition de doubler les recettes d’exportation va dans le bon sens et que dynamiser la stratégie existante de vendre en Afrique a du mérite, même s’il ne faut pas en sous-estimer les dangers, la ‘réindustrialisation massive’ ne se fera pas si les entreprises ne peuvent pas trouver les niveaux de productivité qui seuls permettront de motiver les travailleurs.

Quant aux réparations pour l’esclavage d’il y a bientôt 200 ans, je suis surpris de trouver cette idée dans la section des «Nouveaux secteurs» économiques, d’autant que s’il fallait vraiment réparer toutes les injustices passées de l’humanité, il y aurait vraiment fort à faire et que les tiroirs budgétaires ou corporate ne suffiraient sans doute pas !

Je suppose que c’était une exigence sine qua non des Verts pour intégrer LM ? Vous voyez combien c’est difficile d’agrandir la tente ?

Et si on s’occupait plutôt des injustices du présent, Messieurs les Verts ? Ne serait-ce pas un préalable logique ?

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Rebelote !

À peine une semaine après un ajustement salarial anticipatif de 5 % dans la fonction publique, ce qui avait alors créé pas mal de remous et d’insatisfaction, ne voilà-t-il pas que le PM fait encore une annonce anticipative qui va sans doute remuer !

En effet, il a annoncé que le rapport du PRB attendu en janvier 2026 sera effectif un an avant, soit en janvier 2025 ! De plus, ce rapport, dont le cycle normal de publication est de cinq ans, sera disponible avant la fin de décembre 2025, afin que le ‘back pay’ à janvier 2025 puisse coïncider avec un 13ᵉ mois 2025 calculé sur la nouvelle grille PRB…

Que du bénef salarial ! Magique ! Sauf si vous voulez être payé dès janvier 2025 ! Et pourquoi pas dès la fin du mois de septembre 2024 ! Avec un 14ᵉ mois… anticipé. Et d’autres friandises ?

Mais on peut, tout de même, pronostiquer quelques questions, puisque cette annonce, dont on ne peut prévoir le coût à ce stade et qui sera inévitablement jugée comme étant du ‘sirop électoral’, ne résout pas le problème de relativité salariale qu’il fallait apparemment, en priorité, rétablir ! Ni ne prend-il en compte nos déficits de productivité nationale ou de balance des comptes courants ou encore les conséquences inflationnistes du dopage salarial…

Parmi ces questions : «Quelle est la logique salariale de cette annonce, si elle ne découle pas exclusivement d’une logique électorale ?» ; «Que va faire l’opposition ? Accepter cette formule biscornue ? Faire mieux ? Puisqu’agir de manière plus responsable risque d’être électoralement handicapant…» ; «Le PRB est-il indépendant ? Si oui, a-t-il un avis sur la question ?» ; «Quel est donc l’effet boomerang sur le secteur privé ? Les syndicats et employés du secteur privé ne vont-ils pas réclamer un traitement ‘semblable’ ?» ; «À moyen terme, si les conditions d’emploi dans le secteur public continuent à devenir plus généreux que ceux du secteur privé, au bas de l’échelle, comment va faire le gouvernement pour résister à la pression grandissante, pour l’extension du secteur public non productif ? Serions-nous alors encore à provoquer des manques de main-d’oeuvre dans le pays ?»

Comme des garnements ayant découvert la magie de la boîte d’allumettes, ne joue-t-on pas, ici, de manière irresponsable, avec le feu ?