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Questions à Laurent L’entêté : «A travers moi, c’est toute une équipe qui se qualifie pour les JO»
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Questions à Laurent L’entêté : «A travers moi, c’est toute une équipe qui se qualifie pour les JO»
Laurent L’Entêté a pu bénéficier de sponsors dont KFC et Leal Group pour réaliser son rêve olympique.
Le 17 juin est une date à marquer d’une pierre blanche puisqu’elle coïncide avec l’officialisation par le Comité olympique mauricien de la qualification du triathlète Laurent L’Entêté pour les JO parisiens. Cependant, pour notre compatriote, ce sont les encouragements et le travail de plusieurs qui l’ont mené à réaliser son rêve olympique.
Etre qualifié pour les JO, cela représente quoi pour vous aujourd’hui ?
Oui, je me suis qualifié pour les JO et j’en suis heureux. C’est le fruit d’un long travail. Mais je n’aimerais pas, tout seul, m’en attribuer le mérite. Je ne suis que le fruit du travail de gens qui m’ont entouré, encouragé et aidé d’une manière ou d’une autre. A travers moi, ils se qualifient eux aussi pour les JO. Il y a aussi eu des efforts fournis par plusieurs autres personnes qui restaient dans l’ombre.
Qui sont ces gens qui vous ont aidé ?
Vous savez, je viens d'une famille très sportive (rires). C'est grâce à elle que j' ai rencontré Robert Steulet, mon coach pour le cyclisme et Menon Ramsamy, mon entraîneur pour la course à pied. Ils seront rejoints un peu plus tard par Axel Adam pour la natation. Je pense aussi aux physios, masseurs, chiropracteurs, nutritionnistes ou mécanos. Ils se sont rendus disponibles pour s’occuper de moi et ont cru en mon rêve.
Comment vous est venue l’idée de vous qualifier pour les JO ?
Chez les hommes, cela fait des années que Maurice frôle la qualification olympique. Gregory Ernest et Timothée Hugnin en avaient été proches pour Tokyo. En juniors, nous étions de même niveau à l’époque, bien avant la Covid-19. C’est là que j’en ai parlé à mes parents et que je me suis mis en tête de me qualifier pour les JO. Je me disais qu’il y avait une petite chance que cela puisse se faire. J’ai rencontré des entraîneurs mauriciens qui ont été d’accord avec mon projet et qui y ont cru, même si certains ne m’en sentaient pas capables parce que, selon eux, je n’étais pas taillé pour cette discipline.
Que répondriez-vous à ceux qui ne vous voyaient pas taillé pour le triathlon ?
En fait, c’est l’un de mes anciens entraîneurs m’avaient dit cela. Mais mon père et moi on s’est dit qu’il fallait avoir un grand rêve. Aujourd’hui, je suis qualifié. Je ne vois pas vraiment quels critères il faut avoir pour se dire athlète de haut niveau. Le talent, je n’y crois plus. Il faut du travail et du temps. Pour atteindre ce niveau, il faut travailler, être patient et croire en un rêve.
Ne pensez-vous pas que ce rêve ne pouvait se réaliser sans aide financière ?
Vous avez raison. Et je n’oublie pas mes sponsors car sans eux, cela aurait été impossible d’aller jusqu’ au bout. Je remercie KFC et Leal Group mais aussi le Triathlon Club de Roches-Brunes qui m’ont aidé finan- cièrement à mes débuts. A travers eux, j’ai pu avoir d’autres sponsors qui ont pu m’aider. Je citerai Prism Chambers, GMN Services Ltd, MY FIT, Sun Gold Trading Ltd, King Bros Ltd, Prochem Ltd, Change Express, Lototech, Gamma Materials, House of Blue, Ip Min Wan Ltd, Ah Ling World Ltd, Tang Way, Cécile Figon Chiropracter, King Dragon Restaurant et Mark Elsbury (en son nom personnel).
Votre projet olympique n’aurait-il pas aussi bénéficié du soutien d’un coach étranger ?
Effectivement, depuis octobre 2022, je suis les conseils de Simon Kunz, un Autrichien. Il a fait un excellent travail. Il n’était pas que mon entraîneur. Depuis deux ans, il a mis en place un plan pour me dire quelles courses faire et les performances à réaliser pour atteindre notre but. Le but c’était d’arriver parmi les 180 premiers mondiaux. Or, aujourd’hui, je me retrouve à la 91e place mondiale. Tout en côtoyant Simon Kunz, en Autriche, j’ai pu aussi me mettre en contact avec une équipe allemande qui était en 2e division en 2023 et qui est montée en 1re division en 2024. Grâce à eux j’ai pu comprendre ce qu’est le triathlon pro. Je ne suis pas loin de ce niveau.
Vous considérez-vous comme un triathlète professionnel ?
Aujourd’hui, l’argent que je gagne à travers les sponsors arrivent à payer ce dont j’ ai besoin : les voyages, stages et équipements. J’ai des sponsors qui financent les réparations de vélo, les massages ainsi que les séances de physio. Aujourd’hui je ne suis pas à proprement parler un triathlète pro mais je ne suis pas non plus loin du statut de professionnel.
Votre rêve olympique réalisé, est-ce à dire que vous n’au- rez plus d’autres rêves du même genre ?
Avant c’était un rêve. Aujourd’hui c’est la réalité. Est-ce que je n’aurai plus d’autres rêves ? C’est la question que je me pose depuis que j’ai su que j’étais qualifié. Pour moi les JO sont le summum du sport. Pour moi, c’est le couronnement d’une carrière qui a débuté quand j’avais 15 ans. Aux JO, j’essaierai d’être dans une forme optimale pour finir la course. Je ferai face aux 45 meilleurs mondiaux. Je sais donc à quoi m’attendre. Il faudra répondre présent. On a une stratégie, mon coach et moi, que l’on voudrait mettre en place à Paris. On espère que cela va fonctionner.
Le triathlète mauricien lors d’une compétition sprint à Mon-Choisy.
Les obstacles à la qualification olympique de Laurent L’Entêté
Tout n’a pas été rose pour le Mauricien avant que celui-ci n’apprenne la validation de sa qualification par le COM lundi dernier. En effet, ces dernières semaines, le triathlète a vécu un véritable calvaire. La raison : deux prétendants africains à la qualification olympique par la voie du New Flag (système selon lequel il faut être classé parmi les 180 mondiaux et être le premier Africain classé après ceux du continent noir qui se sont qualifiés directement pour les JO) l’accusaient d’avoir bénéficié – de manière illicite et injuste selon eux – de l’aide d’un autre triathlète à leur détriment. «Ils m’ont reproché d’avoir fait venir un triathlète étranger aux Championnats d’Afrique en Egypte (le 19 avril) pour les gêner durant la course. Ils lui reprochaient d’avoir gâché leurs chances de qualification olympique en venant participer aux Championnats d’Afrique (Ndlr : selon les mauvaises langues, il était reproché, entre autres, à ce triathlète étranger et à Laurent L’Entêté, d’avoir eu recours au drafting, terme qui se définit en cyclisme par le fait de profiter de l’aspiration du concurrent devant soi en se plaçant dans sa roue)», dit Laurent L’Entêté.
Ce dernier affirme également que les contestataires avaient allégué que lui-même et l’autre triathlète avaient agi de la même façon lors des deux dernières années, soit durant la période de qualification olympique. «Ils ont essayé d’apporter des preuves de leurs soupçons. Le secrétaire général de Wolrd Triathlon a appuyé leur réclamation et mis une accusation contre moi au niveau du Tribunal de World Triathlon», ajoute Laurent L’Entêté. La plainte ayant été logée le 25 mai, cette affaire a duré près de trois semaines. Mais le Tribunal de World triathlon n’a pas donné raison aux contestataires. Autrement dit, lesdites preuves apportées contre le Mauricien n’ont pas été prises en considération. «Il a fallu à ce moment-là attendre que le COM apprenne de World Triathlon que Maurice était éligible pour les JO, du moins chez les garçons. Etant le seul triathlète masculin éligible pour cette place, le COM a confirmé ma qualification», ajoute Laurent L’Entêté qui avait appris, le 14 juin, que le verdict du Tribunal de World triathlon avait été en sa faveur.
Le cyclisme est l’un des points forts de Laurent L’Entêté.
Glanures
Laurent L’Entêté, 27 ans, a débuté le triathlon alors qu’il n’avait que 15 ans. En mai 2015, il a décroché le bronze aux Championnats d’Afrique à Sharm El-Sheik, Egypte. Cette performance lui a ouvert les portes des Mondiaux juniors de triathlon à Chicago en septembre 2015. Aujourd’hui, Laurent L’Entêté est qualifié pour les JO par le biais du New Flag. Autrement dit, il est parmi les 180 triathlètes au classement mondial. Il est aussi le premier représentant africain classé après ceux dont le pays n’est pas directement qualifié comme l’Afrique du Sud ou le Maroc actuellement. Il occupe la 4e place au niveau africain en ce moment et la 91e au niveau mondial. Enfin, chez les garçons, ce sont cinq Africains qui seront en lice aux JO parisiens en triathlon : le Marocain Jawad Abdelmoula, les Sud-Africains Jamie Riddle et Henri Schoeman ainsi que Togolais Eloi Adjavon (ce dernier a reçu une Wild Card).
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