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Kronik Kc Ranzé
Questions d’argent !
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Kronik Kc Ranzé
Questions d’argent !

On peut se poser de sérieuses questions additionnelles sur les dépenses de Rs 161 millions pour des voitures hors-taxes achetées entre 2014 et 2024. Il est vrai que cela se passait au temps où les caisses «n’étaient pas vides», même si elles se dévidaient plus rapidement qu’elles ne se remplissaient…
En particulier, bien plus que la curiosité exige que l’on comprenne comment l’une ou l’autre des berlines achetées pour sir Aneerood Jugnauth en 2016 (BMW 760 Li, 5972 CC, pour Rs 21,7 millions) et son fils copiste Pravind Jugnauth en 2021 (BMW 760 Li, 5972 cc, pour Rs 19,5 millions) pourraient tomber en panne, quand utilisée récemment par Navin Ramgoolam. BMW n’est pas n’importe quelle marque et les visites d’entretien au garage Leal ont quand même dû se réaliser régulièrement ? Une BMW qui tomberait en panne après quatre ans (ou neuf ans), cela relève au moins de l’improbable. Comme pour les incidents de Boeing…
Un communiqué circonstancié rassurerait sûrement ?
Ce bilan de berlines achetées entre 2014 et 2024 révèle aussi quelques autres cocasseries. Ainsi, Mme Fazila Jeewa-Daureeawoo aura senti l’odeur du cuir neuf trois fois durant cette dernière décade. La première fois en tant que ministre de la Sécurité Sociale en 2015-16 (BMW 640 IA, Gran Coupé) ; une deuxième fois en 2019-20, en tant que VPM et ministre des Administration régionales (BMW 740 LIA, Sedan M Sport) ; et une troisième fois en 2020-21 comme ministre de la Sécurité sociale à nouveau. (Audi A6). Cette gentille dame expliquera-t-elle un jour cet engouement, y compris pour les versions ‘sport’ ?
À signaler aussi, les trois voitures achetées durant la même période pour le ministère de la Fonction publique. En 2014-15, on fait les contribuables acheter une Jaguar XJ 3.0 diesel V6 pour Alain Wong, En 2021-22, c’est au tour de Vikram Hurdoyal de bénéficier d’une Audi Q8. En 2023-24, finalement, c’est le ministre Anjiv Ramdhany, qui se fait acheter une Audi e-tron 55.
Pas à dire ! On est bien équipé en voitures de fonction au ministère des fonctionnaires! Doit-on imaginer des explosions de productivité dans les administrations publiques à chaque fois qu’un nouveau ministre arrive dans son carrosse neuf ? Il est permis d’en douter…
Le Premier ministre nous assure que ni lui, ni le vice-PM n’ont fait acheter des véhicules neufs depuis novembre 2024. C’est tout à leur honneur mais il n’a cependant pas mentionné ses ministres… Ce que nous savons pourtant déjà, c’est que ce nouveau gouvernement voyage à l’étranger à une très belle cadence (Rs 28,3 millions pour une quarantaine de voyages en sept mois, ça fait Rs 4M vs Rs 1,6 M par mois pour le gouvernement précédent – il est vrai – aidé par les restrictions de voyage dus au Covid …). De plus, il ne semble pas vouloir réduire la voilure pour nos ambassades à l’étranger, les conseillers, les privilèges des fonctionnaires (dont le duty free), le nombre de ministères ou de corps paraétatiques. Pourtant, chaque économie faite s’ajoute, donne le bon exemple et promet ainsi un avenir financier mieux maitrisé…
Le dernier budget de Padayachy (2024-25) aura vu une chute des recettes, d’une année à l’autre de… Rs 26 milliards et une augmentation des dépenses de Rs 15,5 milliards, dont Rs 6,1 milliards en transferts sociaux. Ainsi un déficit «courant» de Rs 44,8 milliards (6,3 % du PIB)…
Le premier budget de Ramgoolam affiche, du côté des revenus, Rs 30 milliards de recettes fiscales de plus, qui s’ajoutent aux Rs 10 milliards provenant de l’accord Chagos. Du coté des dépenses, on tentait au moins de freiner (pas de réduire…) sur la plupart des items, alors que les intérêts de la dette augmentaient, de facto, par presque 20 % (+Rs 4,3 milliards). Résultat ? Un déficit «courant» réduit à Rs 12.5 milliards (1,6 % du PIB). Mais c’était AVANT les ajustements qui viendront avec le Finance Bill. Et c’est là que l’item Contingencies de Rs 4 milliards prend toute son importance…
Tant que les concessions et ajustements s’ajoutent à moins que Rs 4 milliards, on ne devrait pas perdre d’autres boutons de chemise vis-à-vis de Moody’s… Cependant, l’idée d’adoucir les contributions du secteur privé (notamment à travers une révision du Fair Share Contribution ?) me parait très mal inspiré, ne serait-ce qu’optics-wise, même si l’on a dû arguer contre son effet dissuasif à l’investissement ! Or, si l’on veut vraiment favoriser l’investissement étranger, c’est une réforme des lois du travail qu’il faut envisager ! Car dans un pays qui protège trop ses travailleurs, on court plus de risque de ne pas créer assez d’emplois, qu’avec un peu plus de taxe…
Si les lois du travail doivent protéger les employés contre les mauvais employeurs, ne devraient-elles pas, au moins, aussi protéger les employeurs et les entrepreneurs contre les mauvais employés ? N’est-ce pas une condition préalable essentielle à la croissance, dont les syndicats eux-mêmes auront besoin pour assurer, avec une productivité accrue, un meilleur pouvoir d’achat à leurs adhérents ?
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M.Bheenick détiendrait deux opinions légales établissant son droit inaliénable à poursuivre pour Rs 200 millions de salaires qu’il estime qui lui resteraient encore dus, après un paiement de Rs 56m, après taxes, en 2024. La Banque centrale détiendrait trois avis légaux qui ne contredisent pas ce droit évident, mais qui conseillent, au minimum, d’attendre le jugement de la Cour suprême sur la question, avant de décider de la question de «fit and proper», alors qu’un des trois avis est déjà plus catégorique. Ce qui est plus que probable c’est qu’une nomination plutôt qu’une autre va mener à de nouvelles situations à arbitrer au couteau… Or, ce sont des distractions d’intérêts particuliers dont le pays pourrait bien se passer à l’avenir, avec tout ce qu’il y aura de bien plus important à décider… pour les intérêts communs du pays.
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Autre sujet. Maradiva !
La semaine dernière, on parlait des Rs 5,6 millions de dépenses de la MTPA en faveur apparemment exclusive de Maradiva et sans retour apparent pour le tourisme mauricien dans son ensemble. Réservations guindées à Ascot ou St-Moritz, coco girls un peu moins bien vêtues ; tout ça relève d’un abusif suffisamment outrancier pour se retrouver dans le tiroir orange foncé de la corruption.
Mais ce n’est pas de cela qu’il faut parler aujourd’hui, mais des endettements colossaux de Dhyanavartam Ltd, propriétaire de l’hôtel Maradiva. En effet, la FCC révélait en avril, qu’elle enquêtait sur Rs 1,6 milliards d’avances de la MIC et Rs 1,65 milliards de «prêts» de la SBM entre 2022 et 2024, allant même jusqu’à utiliser un ordre de juge pour saisir des documents à la SBM. On ne sait pas si cette somme colossale de Rs 3,25 milliards est ce que doit effectivement Dhyanavartam aujourd’hui, mais un mois après l’agitation de la FCC, le 16 mai pour être exact, Dhyanavartam demandait, non pas sa mise en faillite volontaire, mais son déenregistrement comme compagnie sous la clause S309(1) B de la Companies Act. Je ne prétendrais pas comprendre toutes les subtilités de cette manœuvre, certainement pas aussi bien que les conseillers légaux qui avisent la chairperson, Ms Kobita Jugnauth ; mais il semble que le déenregistrement est généralement une manœuvre pour pouvoir s’enregistrer ailleurs et que la clause 309(1) B est actionnable, si la compagnie a «ceased to carry on business» ou qu’il n’y ait «no other reason to continue in existence» ce qui pourrait être assimilé… à un suicide d’entreprise ? La MRA, la SBM et le secrétariat de la compagnie ont objecté à cette démarche. Pas la MIC. Un administrateur, M. Li Sin Chong, a été nommé le 23 juin dernier. Quant au «ceased to carry on business», Maradiva était toujours vendu par Booking.com cette semaine…
Ce qui est certain c’est que les derniers comptes publiés au Registrar remontent au 30/09/2022 et qu’à cette date, le bilan révélait déjà Rs 1,9 milliard de dettes à long terme et presque Rs 1,6 milliard de pertes accumulées, face à Rs 1,1 milliards de réévaluation (avec Rs 50 M de pertes sur un C/A de Rs 370 M cette année la) et que c’est sur un bilan approchant que la MIC et la SBM auraient considéré leur soutien entre 2022 et 2024 ! Qu’est-ce qui menait des financiers à penser que ça irait mieux au vu de ces chiffres ? Ascot ? Les coco girls ?
Emprunter encore plus et puis fermer boutique, ce n’est pas sans rappeler la situation de Star Knitwear (Rs 1,5 milliards de dettes face à Rs 200 M d’actifs) ou des compagnies de M. Rakesh Gooljaury ou encore le cas de la Silver Bank, qui, elle, encaissait des déposants plutôt que des avances. Prêter pour sauver une compagnie ou des emplois n’est pas un mauvais objectif en soi. Mais il faut tout de même repérer la bonne foi et des éléments futurs prometteurs pour justifier quelque optimisme objectif chez un prêteur ?
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