Il se retrouve dans l’oeil d’un cyclone qu’il n’a sans doute pas vu venir. Sur les conseils de son homme de loi, Mᵉ Gavin Glover, Ram Dhumea, directeur de la station météo de Vacoas suspendu de ses fonctions depuis mercredi, ne souhaite faire aucune déclaration publique. «Mais il dira tout devant n’importe quelle instance que ce soit dans le cadre d’une enquête judiciaire, une commission d’enquête ou un comité disciplinaire», affirment ses proches.

En attendant, Bobby Hurreeram, lors d’une conférence de presse hier samedi 20 janvier, a affirmé que la vidéo diffusée au JT de la MBC jeudi, et montrant la déclaration de Ram Dhurmea, «a réduit au silence tous ceux qui critiquaient le vice-Premier ministre, Anwar Husnoo». Ce dernier, lui aussi au coeur de la tempête depuis lundi dernier, a ainsi retrouvé le sourire et on affirme qu’il était requinqué lors de la réunion du conseil des ministres de vendredi. Contrairement à une déclaration à la radio mardi, au cours de laquelle il avait émis des regrets, acceptant sa part de responsabilité après le chaos engendré par les inondations et le cafouillage autour des alertes concernant Belal, désormais, il dit que la situation a été «bien gérée», apprend-on. D’ailleurs tous les membres du gouvernement qui ont fait des déclarations publiques soutiennent que Husnoo n’a jamais eu tort. D’ailleurs, comme nous l’avons souligné dans un article paru dans notre édition d’hier, des membres du gouvernement soulignent qu’ils ont d’autres «munitions» contre le directeur de la station météo de Vacoas. S’agit-il d’autres vidéos ? Quand on sait que le pays regorge d’experts en montage qui peuvent manipuler vidéos et images…

Mais six jours après le triste événement ayant coûté la vie à deux concitoyens, ayant traumatisé toute la population, malgré les indemnisations financières proposées par le gouvernement et malgré la vidéo qui l’«incrimine», Ram Dhurmea bénéficie d’un fort courant de sympathie, si l’on en croit les commentaires sur les réseaux sociaux et des personnes avec qui nous avons conversé. Pour une majorité de Mauriciens, il existe encore des zones d’ombre dans cette affaire, comme la supposée démission annoncée par le Premier ministre lui-même, ou encore le fait qu’il avait affirmé à la radio qu’il n’était pas question d’enlever l’alerte I. Ils sont nombreux ceux qui se demandent en outre comment la lettre de Ram Dhurmea adressée au chef de la Fonction publique a fuité et comment des notes sur le cyclone Belal, remises au ministre Husnoo – et qui auraient fait l’objet de débats lors du conseil des ministres le vendredi 12 janvier – sont désormais du domaine public. Surtout que le ministre Husnoo déclare qu’il se base en partie sur la fuite de cette lettre pour suspendre Ram Dhurmea de ses fonctions.

Ce dernier, avons-nous appris, a reçu de nombreux messages de sympathie depuis sa mise à pied. Cet homme d’une cinquantaine d’années, est originaire du village de La Flora, connu pour sa culture de thé, il y a quelques décennies. Ses parents étant des laboureurs, il a consenti à beaucoup de sacrifices pour réussir dans la vie. Après l’école primaire du village, il a fréquenté le collège Sookdeo Bissondoyal. Son premier boulot a été à la station météo de Vacoas, où il était stagiaire... Il possède en outre un diplôme en science et technologie appliquées et un BSc (Hons) en physique de l’université de Maurice (UoM), un diplôme d’études supérieures en météorologie du centre de formation météorologique d’Égypte, un MSc en météorologie avec changement climatique et gestion de l’université de Reading en Angleterre et un Doctorat en modélisation du climat de l’UoM toujours. Il y a environ trois ans, il a connu un ennui de santé et il a dû se rendre à Chennai, en Inde, pour se faire soigner. Sur le plan culturel, Ram Dhurmea est membre de la Flora Marathi Mandhali Federation. Mais depuis qu’il est allé habiter la région de Candos, il est de moins en moins actif au niveau de ce temple.

Finalement, nombreux sont ses collègues à la station météo de Vacoas, qui estiment que Ram Dhurmea est victime d’une injustice. Et ne décolèrent pas depuis que Raj Booneeandry a été appelé à agir comme le no 1 à la place de Ram Dhurmea. D’aucuns soutenaient qu’il n’a pas les deux années requises comme directeur adjoint pour occuper ces fonctions.