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Retraite forcée du directeur de la météo
Ram Dhurmea sort de son mutisme et contre-attaque en cour
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Retraite forcée du directeur de la météo
Ram Dhurmea sort de son mutisme et contre-attaque en cour
Motus et bouche cousue fut jadis la devise de Ram Dhurmea. Or, mardi, il a juré un affidavit pour se dédouaner de toutes les charges qui lui sont reprochées. Il conteste également l’éventuelle décision de le pousser vers une retraite anticipée via une demande de judicial review, déposée hier.
Nous nous souvenons du malheureux épisode Belal, survenu en janvier. Dans son sillage, Belal a entraîné le directeur des Mauritius Meteorological Services. Ram Dhurmea a, par le biais de Me Gavin Glover, Senior Counsel, saisi la Cour suprême pour réclamer une révision judiciaire de la décision du ministre des Collectivités locales et de la gestion des catastrophes et des risques, Anwar Husnoo.
Ram Dhurmea revient sur l’incident entourant les prévisions de la météo lors de l’évolution du cyclone Belal. Le 13 janvier vers 4 heures, le cyclone Belal, dit-il, a été nommé et se trouvait à la longitude 15,2 sud et à la latitude 55,5 est, à environ 580 km au nord-nord-ouest au large des côtes de Maurice. Le cyclone, alors lointain, représentait une menace et devait être étroitement surveillé, selon Ram Dhurmea. «J’ai également informé le Premier ministre et le ministre Husnoo vers 10 h 30 que Belal devait passer à sa distance la plus proche de Maurice, à environ 60-70 km au large de Riambel, le lendemain, soit le 16 janvier. Mes conseils et observations concernant la trajectoire de Belal, le 14 janvier, correspondent aux avis émis par le National Emergency Operations Command et aux bulletins émis. Sauf que le discours public du vice-Premier ministre Husnoo ne correspondait pas à l’intégralité de mes conseils présentés lors de la réunion du National Crisis Committee (NCC). Le ministre n’avait mentionné que le premier scénario possible auquel j’avais fait allusion lors du briefing du NCC plus tôt et n’avait pas informé le public des deux autres possibilités qui maintiendraient la menace potentielle posée par Belal», s’insurge l’homme de 49 ans.
«J’ai été suspendu le 17 janvier 2024 et n’ai jamais été invité à donner d’explications. Cependant, par lettre en date du 23 juillet, j’ai été appelé à expliquer pourquoi je ne devrais pas être contraint de prendre ma retraite pour des raisons d’intérêt public et j’ai fourni mes explications», dit le principal concerné, tout en dressant une chronologie des événements. Pour rappel, le ministre Husnoo avait maintenu que ce serait Dhurmea qui aurait «fourni des informations inexactes» sur le cyclone Belal et que ce dernier aurait ajouté que «l’avertissement de cyclone de classe 1 en vigueur à ce moment donné (le 14 janvier 2024) pourrait être enlevé dans le bulletin de quatre heures le lundi 15 janvier 2024 et qu’il avait précisé que dans le worst case scenario, il allait maintenir l’avertissement de cyclone de classe 1 à quatre heures le 15 janvier 2024».
Ram Dhurmea attendait un comité disciplinaire afin de s’expliquer. Il avait d’ailleurs lui-même demandé, dans une lettre adressée au secrétaire au Cabinet et chef de la fonction publique, le 16 janvier, qu’il soit institué dans les plus brefs délais. Mais il a été suspendu de ses fonctions le 17 janvier, avant d’être invité à prendre sa retraite prématurée. Cependant, dans une lettre en date du 23 juillet, le Senior Chief Executive (SCE) du ministère des Collectivités locales l’a informé qu’une enquête indépendante, dont un extrait du rapport lui a été communiqué, révèle qu’il aurait failli à ses fonctions en tant que directeur de la station météorologique. Ram Dhurmea n’aurait pas correctement informé le NCC de l’évolution de la tempête Belal. Il avait 14 jours pour convaincre le SCE, par écrit, des raisons pour lesquelles il ne devrait pas être mis à la retraite anticipée dans l’intérêt de la fonction publique. Il aurait réfuté ces charges dans deux lettres adressées au SCE, datées du 5 et du 7 août. Il a également demandé, dans sa lettre en date du 5 août, que les procès-verbaux et les enregistrements vidéo complets, ainsi que le rapport dont fait mention la lettre du 23 juillet lui soient remis.
Excès de l’administration
Ram Dhurmea conteste les excès de l’administration. Il demande à la cour l’autorisation de délivrer une ordonnance de certiorari ordonnant au défendeur de présenter, devant la Cour suprême, tous ses dossiers, documents relatifs à son processus d’élaboration et sa décision du 23 juillet et d’appeler le demandeur à soumettre ses explications sur les raisons pour lesquelles le requérant ne devrait pas faire l’objet d’une procédure disciplinaire en vue de le mettre à la retraite dans l’intérêt de la fonction publique, au motif que ledit processus décisionnel et la décision du défendeur en date du 23 juillet sont, dit Ram Dhurmea, injustes, déraisonnables.
Selon l’affidavit, la section 39 des Public Service Regulations (PSR) permet au chef de cabinet et à la Public Service Commission de prendre la décision de mettre un fonctionnaire à la retraite anticipée dans l’intérêt de la fonction publique. Ram Dhurmea y donne sa version des faits. Il aurait informé le NCC à maintes reprises du danger imminent que représentait Belal. Il aurait même martelé que les cumulonimbus très actifs associés à Belal provoqueraient des inondations. Mais il s’était retrouvé devant un comité plus soucieux de l’impact que la fermeture des crèches aurait sur le taux d’absentéisme que d’anticiper et de se préparer afin de faire face aux inondations à venir. La section 39 des PSR serait en violation des règles de justice naturelle, partiale et déraisonnable, et devrait donc être examinée. Il exige un procès équitable. Ce procès pourrait faire jurisprudence pour le licenciement dans la fonction publique.
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