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Recrutements municipaux : Creuser davantage
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Analyse
Recrutements municipaux : Creuser davantage

L’onde de choc qui secoue le pays avec le licenciement inattendu et brutal de quelque 1 800 employés des collectivités locales, recrutés par la Local Government Service Commission (LGSC) en octobre, juste avant les élections générales, a plusieurs dimensions.
La plus importante est, certes, sociale. Dans l’express-dimanche du 18 mai, Nad Sivaramen, avec lucidité et humanité, en analyse les conséquences et souligne le douloureux impact psychologique et pratique sur les familles concernées. Il évoque «un carnage social», un «licenciement sauvage et sans ménagement», une «confiance rompue», «un calcul sans compassion» et une «rigueur sans justice». Les mots sont forts mais ils sont dans la droite ligne de l’engagement inébranlable et historique de la presse mauricienne depuis deux siècles et demi : face aux puissants du jour, quels qu’ils soient, la presse mauricienne doit toujours être du côté du plus faible. C’est là sa mission, sa fierté, son honneur.
Lui répondant, lors de la célébration, dimanche, du 485e anniversaire de Maharana Pratap Singh, le Premier ministre apporte deux utiles précisions : (i) la LGSC, dit-il, «considère que ces recrutements sont illégaux car ils ont été faits sans l’approbation nécessaire de son conseil d’administration» et (ii) le State Law Office a confirmé l’illégalité de cette décision d’emploi. Ce débat n’est donc pas près d’être clos.
Il y a, pourtant, dans l’affaire, d’autres considérations (légales, administratives et éthiques) toutes aussi dérangeantes. Si le PM croit la LGSE quand celle-ci affirme que ces recrutements pré-électoraux ont été effectués «sans l’approbation de son conseil d’administration», alors plusieurs questions se posent et il faut d’urgence obtenir des réponses : d’où est venu l’ordre de recruter ces centaines de personnes en novembre ?* «D’en haut»* ? C’est devenu un peu trop facile à Maurice de s’abriter derrière cette formule ! Du ministère des Collectivités locales ? Dans ce cas, qu’a le ministre sortant, le Dr Anwar Husnoo, à en dire ?
Le conseil d’administration de la LGSC pendant la campagne électorale et qui tenterait, selon le PM, de se dédouaner, était composé de Bhanoodutt Beeharee (président), Purnima Devi Rawoteea, Jean Bruneau Dorasami, Reshad Bhaukaurally, O.S.K., et Premchand Tanakoor. Son secrétaire administratif était A. K. Kemchand Jaunky. Qu’ont-ils à en dire ? Et le Legal Adviser de la LGSC ? Quel a été son advice écrit dans l’affaire ? Qui a effectivement signé ces quelque 1 800 lettres offrant des emplois jugés «illégaux» par le State Law Office ? De quels budgets ces travailleurs ont-ils été payés de novembre 2024 à mai 2025 ?
Voilà bien des questions à poser par les excellents investigative journalists de notre pays et par les backbenchers de la majorité qui jurent de leur «vigilance» et qui promettent d’être les chiens de garde de la dépense publique. Qui, parmi eux, aura le courage et l’honnêteté de les poser ?
En vérité, la LGSC n’a plus sa raison d’être et toute cette affaire le confirme. Mise sur pied pour effectuer des recrutements dans les collectivités locales à la place de celles-ci (affaiblissant du même coup l’autorité des municipalités et conseils de district sur leurs employés en termes de discipline et de méritocratie), la LGSC présente, dans sa communication, sa «vision» comme «being recognised as an organisation aiming at ESTABLISHING EXCELLENCE in all matters relating to Human Resources Management in the Local Government Service». Sa mission ? «To provide qualified and suitable human resources in a timely manner.» Ses Core values ? «We adhere to professionalism, cost-effectiveness, integrity, efficiency, qualified standards, timeliness…» De grandes phrases, comme toujours !
En réalité, au fil des années, la LGSC est devenue une succursale, une pâle extension du gouvernement central, dont elle implémente servilement les instructions. Excellence, «qualified resources» ? Le nouveau gouvernement vient luimême de révéler qu’il y a 3 000 postes vacants dans les collectivités locales. «Qualified standards»? Son conseil d’administration dit au PM que les quelque 1 800 recrutements «ont été faits sans l’approbation nécessaire de son conseil d’administration». À quoi donc sert-il ? L’échec est total.
Il est plus que temps de dissoudre la LGSC et de transférer ses budgets et pouvoirs (de même que ceux de la NDU) aux conseils élus pour leur accorder les moyens d’une gestion plus rigoureuse et plus étendue sur les zones administrées par les conseils.
La «rupture» avec le passé, c’est aussi cela : faire le ménage. Passer par-dessus bord les canards boiteux. On verra, avec le Budget, jusqu’où va la volonté de rupture de Navin Ramgoolam et de Dhaneshwar Damry ou si on continuera à verser de précieux fonds publics dans de vieilles outres totalement improductives.
- All talk and no action?*
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