Publicité

Reflet ou moteur ?

14 juin 2024, 07:38

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Le spectre de l’incertitude politique guette non seulement Maurice, mais aussi la France, la Grande-Bretagne, l’Inde, l’Afrique du Sud, les États-Unis… Face aux challenges relatifs à la gestion collective de la cité, arrivons-nous, comme électeurs ou citoyens, à faire notre propre autocritique avant de transférer le blâme aux politiciens qui ne sont à bien des égards que notre inquiétant reflet ?

À lire le feed-back quotidien des internautes sur les faits d’actualité, on sent un certain mépris vis-à-vis des traditionnelles voix et voies politiciennes, jugées pas suffisamment originales.

Pour ne pas trop détonner de la situation ambiante, la presse, produit commercial en évolution constante, et ses journalistes, dont le métier évolue avec les nouvelles technologies, cultiveraient-ils alors une approche populaire ? Nos journalistes critiquent-ils systématiquement puisqu’ils se voient en contre-pouvoir, en gardiens d’une certaine notion de gouvernance, aussi tenace que l’encre de leur ego ?

Peut-etre avons-nous cette fâcheuse tendance à mélanger politique – qui devrait être un art noble – et politiciens (des personnes aux postures que nous voyons quotidiennement se battre, en portant leur cash et leur caste/dynastie en bandoulière).

Journalistiquement, il y a différentes façons de traiter la chose politique. La presse mauricienne, qui date du 18ᵉ siècle, et qui en a vu des générations et des générations d’acteurs, est une presse aujourd’hui plurielle, qui en fait la démonstration au quotidien. Et les lecteurs savent trier ce qu’ils consomment ou pas.

Alors se demande-t-on : la presse est-elle le reflet de la politique, ou est-elle son moteur ? Les avis, aussi nombreux que les titres de presse, divergent. Les travaux, entrepris depuis quelques décennies dans les nouvelles sciences sociales, permettent de nuancer fortement cette idée d’une presse toute puissante. Comme chacun est finalement libre de son opinion, politicien comme journaliste, le chassé-croisé entre ces deux corps de métier est imparable.

*** 

L’express a pris le pari de mettre en relief, quand l’actualité le permet, la marchandisation de la pratique politique et l’indifférence au principe qui veut que l’action politique doit reposer sur des convictions. Quelles sont les convictions de nos politiciens ? Combien investiront-ils pour un ticket en 2024 ?

Bien évidemment, il est intéressant et vital d’avoir une panoplie de regards et de perspectives. Dans la presse comme dans la politique. Dans 100 ans, quand les hommes politiques actuels ne seront plus là, les écrits resteront. Et on pourra lire, aussi longtemps qu’internet existera, qu’il y avait de véritables girouettes politiques qui ont certes amusé la galerie des journalistes en occultant leur fonction première : faire progresser le pays en le débarrassant de ses préjugés sociaux et en faisant émerger une vraie société métissée.

Et ce n’est qu’un jour, dans 20-30 ans, qu’on saura si les pratiques des uns auront survécu aux critiques des autres.

*** 

La crise politique en France, pays des droits humains, est suivie de près par les autres pays européens. Unique pays de l’Union européenne à ignorer les lois économiques fondamentales, la France refuse d’accepter les limites des déficits et de réformer son système de retraites, malgré le vieillissement de sa population. Ce déni collectif de réalités évidentes a conduit à des réalités alternatives. Le Rassemblement National (RN) profite de cette situation en proposant un programme économique déconnecté du réel, bien qu’il ait modéré certaines positions. L’absence de rationalité engendre un climat où les promesses déraisonnables deviennent courantes. Les élections législatives à venir risquent d’être marquées par une vague de démagogie. Une victoire du RN constituerait une rupture historique…