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Remerciement post-électoral

Relance de la musique : Rose-Hill et Port-Louis rebranchent le son

16 novembre 2024, 09:30

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Après une série d’annulations de concerts, le durcissement des règlements avec l’interdiction de vendre de l’alcool et l’obligation de finir à minuit, artistes et producteurs souhaitent une nouvelle ère pour l’événementiel. Le ton a été donné hier lors d’un concert de relance au Plaza.

Qu'il est doux aux oreilles de fêter la victoire avec des artistes. Bien plus qu’avec un concert de klaxons et le brouhaha des vuvuzelas. Hier, c’est au Plaza, dans la circonscription n°19 (Stanley-Rose-Hill), où Paul Bérenger, leader du Mouvement militant mauricien (MMM) est fraîchement réélu, qu’a eu lieu un concert en forme de nouvel espoir pour un secteur éprouvé. L’affiche, où les couleurs du drapeau national étaient encadrées de mauve disait, «Lavil Rose-Hil pe relans la mizik», déclenchant une série d’échos. D’abord, un rappel de la série d’annulations qui a frappé les concerts à partir de 2023. Sans oublier le durcissement des règlements pour l’organisation des concerts avec interdiction de vente d’alcool et obligation de finir à minuit.

L’indignation des artistes et producteurs a atteint son paroxysme après la diffusion de l’un des épisodes des écoutes téléphoniques de Missie Moustass, quelques jours avant la campagne électorale. On y entendait une voix attribuée à l’épouse de l’ex Premier ministre, Kobita Jugnauth critiquant une soirée au cours de laquelle l’hymne national avait été interprété. Selon cette voix, ces artistes n’avaient pas le droit de le chanter n’importe où. «Zordi kouma dir lim nasional inn vinn zis pou **** (NdlR : un groupe ethnique en particulier)». Cette fuite d’écoutes téléphoniques avait poussé un collectif d’artistes, dont Bruno Raya à donner une conférence de presse pour exprimer leur révolte. Hier après-midi, Bruno Raya. les Otentik Street Brothers (OSB) et plusieurs autres artistes ont retrouvé les joies du concert de plein air, à l’initiative de l’Alliance du changement, au n°19. «Mo finn lager pour lakiltir pa mor dan sa pei-la», souligne l’artiste et producteur. «Mo kontan ki bann leader-la finn pran nou an konsiderasion. Nous leur avons expliqué que nous souhaitons coopérer pour que les industries créatives deviennent un pilier économique».

Bruno Raya ajoute que Paul Bérenger a voulu «remersie bann dimounn n°19 avek lamizik. Lamizik tinn tro mor». L’artiste, lui-même un zanfan Plaisance, l’un des quartiers populaires de Rose-Hill, rappelle que villes soeurs – avec Beau-Bassin – sont historiquement villes «de la culture, villes de rencontre des jeunes, villes des loisirs». Jadis dotées d’un théâtre municipal, le Plaza, qui est fermé pour rénovation depuis octobre 2004, donc depuis 20 ans. Ainsi que d’une galerie Max Boullé, qui n’est plus là. Pour la relance des arts, c’est par la musique «ki pe koumanse parski limem pilie-la». Bruno Raya anticipe déjà la tenue prochaine d’élections municipales, plusieurs fois renvoyées durant le régime sortant. Cela permettra de «nettoyer les mairies et de relancer d’autres secteurs artistiques».

L’artiste et producteur ne manque pas de rappeler que le manifeste électoral de l’Alliance du changement inclut des propositions de mesures pour répondre aux demandes répétées des artistes. armi celles-ci, la création d’un «cultural desk» pour «supprimer tous les obstacles administratifs actuels qui entravent la tenue de concerts de musique». Ce bureau serait chargé de faciliter l’obtention des autorisations nécessaires.

Pour Bruno Raya, «dire ek fer se de zafer diferan». Il s’agit désormais de «gete kouma pou fer li vinn enn realite». Il confie que des réunions ont eu lieu avec des artistes sur ce sujet. Bruno Raya souligne que la police – la principale autorité qui accorde le permis pour la tenue des concerts – «li form parti levennmansiel pou seki konsern sekirite, me pa li ki bizin inpoze». Il évoque la mise en place de paramètres sur «le volume d’alcool qu’il sera permis de vendre». Et un cadre légal dépendant des régions. «Ena landrwa konser pou fini minwi, lezot plas pou kapav al ziska trwa-zer dimatin». Sans oublier la promotion des concerts de quartier, «pour mettre en valeur les artistes émergents».

Pour sa part, Ram Joganah du Grup Lataniers, qui était aussi à l’affiche hier au Plaza, estime que c’est une bonne chose de recommencer les concerts. «Avant, pa ti ena sa lanvi la. Ti pe santi ou kouma dir ti pe viv dan enn pei mor. Maintenant, les artistes pourront travailler et gagner leur pain.» Il déplore que la musique engagée, contrairement à la musique commerciale, «ne passe pas à la radio, pourtant il n’y a rien de mal dans une chanson engagée. Okontrer, li fer dimounn vinn pli dimounn.»


Deuxième rendez-vous musical demain devant l’hôtel du gouvernement

Bruno Raya «donne un coup de main» pour l’organisation de la partie musicale qui suivra le meeting de remerciement de l’Alliance du changement, demain à Port-Louis. Mais Bruno Raya souligne, «monn dir non pa pou met OSB dimans parski OSB deza pou zwe vandredi Rose-Hill. Nou fer plas pou lezot artis. Aster ki sanzman la inn vini, mo anvi nou avanse ». Dans la liste des artistes annoncés dimanche à Port-Louis il y aura un mélange de talents confirmés et de talents émergents. Y figurent Alain Ramanisum, Daniella Résidu, Demaiko, Bhojpuri Boys, Billygane, Chelsea Afrojaune. Le concert devrait durer trente minutes, après les différents discours.