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Assassinat de Soopramanien Kistnen

Retour sur une autopsie controversée

25 octobre 2024, 18:00

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Retour sur une autopsie controversée

L’on se souvient comment le décès de l’activiste du Mouvement socialiste militant avait été attribué à un œdème pulmonaire «due to inhalation of fumes/products of combustion» et comment la police avait alors évoqué la thèse du suicide dans un premier temps. Or, près de deux ans après sa mort, le rapport de l’enquête judiciaire a clairement balayé cette thèse et a stipulé qu’il s’agissait bel et bien d’un meurtre. La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath avait indiqué l’impossibilité que Kistnen se soit immolé. «The only way that is possible is when the person who is on fire is either already dead or not in a state to try to put out the fire.»

Elle était aussi revenue sur les circonstances dans lesquelles l’autopsie de la victime avait été faite. Dans son rapport, elle évoque un témoin (le numéro 7) qui avait affirmé qu’un document se trouvait bien dans le poing fermé et impossible à ouvrir de Soopramanien Kistnen lors de sa mort. Pourtant, le Dr Ananda Sunnassee, médecin légiste, avait affirmé que la main de Kistnen ne contenait aucun morceau de papier et que les traces blanches retrouvées étaient celles de degloving (détachement de la peau) dues au feu. De plus, le même Dr Ananda Sunnassee, pressé de questions, avait reconnu que la main de Kistnen n’était pas assez atteinte par le feu pour provoquer un degloving, toujours pendant l’enquête judiciaire.

La Dr Shaila Prasad Jankee, également médecin légiste, avait affirmé en cour de Moka qu’elle avait bien donné des instructions pour que le corps soit transporté à l’hôpital Victoria, Candos. Or, c’est à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo que le corps était arrivé entre les mains du Dr Ananda Sunnassee, le cousin de Jonathan Ramasawmy, l’ex-directeur de la State Trading Corporation, qui est lui-même le beaufrère de Vinay Appanah. Ces deux noms ont été largement cités pendant l’enquête judiciaire, surtout dans le volet des achats sous l’Emergency Procurement. Interrogé, le médecin Ananda Sunnassee avait alors avoué qu’il exécutait les ordres du Dr Sudesh Kumar Gungadin, dont la signature apparaît étonnamment sur le rapport d’autopsie, à côté de la sienne. Dans le rapport, le Dr Sunnassee n’avait pas pu expliquer pourquoi la signature de son chef y figurait.

Il a fallu tout l’art des avocats Azam Neerooa et Roshi Bhadain et de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath pour pousser le Dr Sunnassee à revenir enfin sur ses affirmations et reconnaître qu’il y avait bien eu un assassinat, et au moins une tentative de cover-up. Cela a conduit la magistrate à déclarer, au paragraphe 7.1.2 de son rapport, que «the testimony of Witness N°2 was so fraught with inconsistencies and illogical that this court had no other option but to disregard certain aspects of his testimony altogether». Tout en recommandant qu’une enquête soit entreprise «into the obscure manner in which the autopsy was made to be carried out by the Witness N°2». Elle ira même jusqu’à demander une enquête plus générale sur les aptitudes professionnelles du Dr Sunnassee à exercer comme médecin légiste.