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Ritish Ramful: «Jamais le pays n’a connu autant de scandales que durant ces cinq dernières années»

9 novembre 2024, 17:00

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Ritish Ramful: «Jamais le pays n’a connu autant de scandales  que durant ces cinq dernières années»

Ritish Ramful, secrétaire général du Parti Travailliste.

Le secrétaire général du PTr tente d’obtenir une troisième victoire dans la circonscription no 12 où il a été élu en 2014 et 2019. Mais à chaque fois, il s’est retrouvé dans l’opposition. Cette fois, Ritish Ramful croit dur comme fer qu’il sera dans le camp de la majorité car le gouvernement sortant a accumulé les scandales, surtout durant la pandémie, au cours de laquelle bon nombre de Mauriciens ont perdu un proche alors que des proches du pouvoir se sont enrichis. Il évoque aussi l’ampleur prise par la drogue et critique notre système d’éducation, ainsi que l’exode des jeunes.

Vous êtes l’unique candidat du Parti travailliste (PTr) d’une circonscription rurale (Shakeel Mohamed et Osman Mahomed sont candidats dans des circonscriptions urbaines), qui cherche à se faire réélire une troisième fois aux élections de demain. Quelles sont vos chances de triompher ?

Sans aucune arrogance, je n’ai aucun doute quant à ma réélection. J’ai été élu à deux reprises dans la circonscription de Mahébourg-Plaine-Magnien, en 2014 et 2019. Cette fois, je note un plus grand engouement en faveur des candidats de l’Alliance du changement. Donc, je prévois un 3-0 en faveur de mes deux colistiers, Kevin Lukheeram, Tony Apollon et de moi.

Pourquoi êtes-vous aussi optimiste ?

Pendant dix ans, j’ai été à côté des habitants de cette circonscription. J’ai toujours été à leur écoute. La majorité des électeurs savent très bien que je suis un homme de terrain. Évidemment, c’est le tribunal du peuple qui va décider et je sais que ce sera en notre faveur.

Vous parlez de votre circonscription. Mais comme secrétaire général, êtes-vous au courant de ce qui se passe dans les autres ?

Lors des dernières élections générales, le PTr n’avait fait élire que trois députés dans les circonscriptions 4 à 14, connues comme rurales. Quel «feedback» obtenez-vous ? Il n’y a aucun tabou entre les circonscriptions rurales et urbaines. La majorité des Mauriciens souhaitent qu’il y ait un changement à la tête du pays. Depuis le Nomination Day, la population attend le Jour J pour que le pays soit libéré.

Sur 33 sièges des circonscriptions rurales, combien pensez-vous que l’Alliance du changement obtiendra ?

Je ne veux pas avancer de chiffre mais ce sera plus que la moitié, que ces 33, et cela ne m’étonnerait pas que nous soyons très près de ce chiffre. Et vous savez très bien que dans les villes, nous allons rafler presque tous les sièges.

Pourquoi affichez-vous une telle confiance en la victoire ?

L’électorat n’est pas dupe. Il est resté tranquille pendant tout ce temps. Il est très intelligent. Les électeurs ont encore en tête les nombreux scandales et les ingérences extérieures dans la gestion du pays.

Il y a toujours des scandales dans un pays, peu importe où il se trouve. Pensez-vous que le peuple en tiendra compte ?

C’est incomparable aux années précédentes ce qui s’est passé durant les années Covid-19. Alors que de nombreuses familles pleuraient ceux et celles qu’elles avaient perdus durant cette pandémie, certains ont profité pour obtenir des milliards de roupies sur des contrats. N’oublions pas l’épisode du Molnupiravir Les coupables, dont des politiciens, sont restés impunis. La Mauritius Investment Corporation (MIC) a distribué Rs 80 milliards à plusieurs personnes et de nombreux d’entre elles sont des petits copains du pouvoir. Il n’y a pas eu d’enquête sur l’assassinat de Soopramanien Kistnen et les coupables courent toujours. Celui-ci était pourtant le chef agent du Mouvement socialiste militant (MSM) dans la circonscription du Premier ministre sortant. Comment voulezvous que la population se sente sécurisée ? La démocratie a été piétinée durant ces cinq dernières années au Parlement, pourtant le Temple de la démocratie. La gestion de l’économie a été catastrophique, avec un ministre des Finances dont la gestion économique est basée sur la consommation. Ne parlons pas du coût de la vie. Le ministre des Finances a arnaqué les travailleurs avec le remplacement du National Pensions Fund (NPF) par la Contribution Sociale Généralisée (CSG). Des travailleurs à la retraite ne reçoivent aucune somme de leurs contributions faites à ce fonds. Avec le NPF, au moins ils étaient assurés d’avoir une pension. Pourtant, non seulement ils y ont contribué, mais leurs patrons également ont fait une contribution, soit le double de la somme de leur employé. Si la CSG reste en vigueur, dans 15 - 20 ans, les travailleurs du secteur privé se retrouveront sans aucune pension, à part celle d’un fonds privé si leurs entreprises y ont contribué.

Que fera l’Alliance du changement pour améliorer le coût de la vie ?

Tout de suite après notre victoire, le prix du carburant sera réduit. En parlant de cela, la population, dans son ensemble, rigole, quand maintenant le gouvernement sortant parle de baisse des prix des produits pétroliers, alors que pendant des années, il a écorché les consommateurs. Une somme de Rs 10 milliards est prévue pour faire baisser le prix de certaines denrées et empêcher de nouvelles hausses pendant un certain temps. Ceux qui touchent moins de Rs 77 000 mensuellement ne paieront pas d’Income Tax. Le transport sera gratuit et je précise que les allocations de transport ne seront pas enlevées.

Les veuves et les handicapés, qui ont atteint l’âge de 60 ans, obtiendront une double pension. Avec le 14e mois que nous accorderons en décembre, ces personnes percevront quatre fois la somme mensuelle de leur pension.

Comment l’Alliance du changement financera-t-elle toutes ces mesures ?

Le gouvernement, qui gère l’économie, dit qu’il y a de l’argent pour payer. Pourquoi, nous, quand nous serons au pouvoir, ne pourrons-nous pas faire de même, sinon mieux que l’Alliance Lepep ?

Pensez-vous que les «Moutass Leaks» feront pencher la balance en faveur de l’alliance dont vous faites partie ?

Déjà, avant la diffusion de ces bandes sonores, la majorité de la population souhaitait le changement et, comme je vous l’ai dit, surtout depuis le Nomination Day. Oui, les Moustass Leaks ont un impact sur la campagne électorale mais je précise que je suis absolument contre les écoutes téléphoniques. Surtout quand on évoque la vie privée des gens.

Un thème domine cette campagne électorale : la drogue. Quelle est la situation dans votre circonscription ?

C’est l’île entière qui est concernée. Même dans les écoles et les collèges, des cas sont rapportés. Ce problème fait peur. Je me demande si cela continue, quel sera l’avenir de nos enfants. Le gouvernement n’a pas agi comme il le fallait pour régler ce problème. Nous connaissons tous les cas de Franklin, des frères Gurroby, de Dewdanee, de l’affaire tractopelle. On sait très bien qui a fréquenté et fréquente encore ces personnes. Une unité de la police a été créée juste pour arrêter ceux qui sont contre le gouvernement.

Ne pensez-vous pas que la police mérite une réforme en profondeur ?

Absolument. La grande majorité des policiers font leur travail correctement mais ils sont souvent influencés par leurs supérieurs, qui eux reçoivent leurs ordres d’ailleurs. Pour réformer la police, on ne pourra pas continuer avec un commissaire nommé sous contrat et donc sous les ordres d’un Premier ministre. Il faut des formations pour les policiers. On lancera des cours de Bachelor of science in Police studies à l’université de Maurice. Il faut revoir le système de promotion. La méritocratie doit primer. L’Alliance du changement viendra avec la Police and Criminal Evidence Act, cela pour assurer l’indépendance des enquêtes et aussi protéger ceux arrêtés et les policiers également.

L’Alliance du changement touchera-t-elle à la Financial Crimes Commission ?

Nous avons dit que nous ne pourrons pas continuer avec une telle institution, qui veut réduire le rôle du poste du Directeur des poursuites publiques (DPP) qui est constitutionnel. Le DPP jouit d’une indépendance totale et est garanti d’une security of tenure.

Il n’y aura pas de nominés politiques dans certaines institutions. Pensez-vous qu’une telle promesse puisse être tenue ?

Dans des institutions clés comme la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), l’Information, Communication and Technologies Authority (ICTA), ainsi que dans d’autres, un Senior Officers Appointments Committee choisira les plus compétents pour occuper les postes les plus importants.

À part l’économie, l’éducation a fait l’objet de questions parlementaires de votre part. Comment voyez-vous ce secteur ?

Nous n’avons pas de ressources naturelles. Nous dépendons de nos ressources humaines. Donc, il faut que les jeunes soient bien formés. Le système actuel est une faillite complète, surtout avec l’Extended Programme. Et 98 % des enfants, soit entre 2 500 à 3 000, échouent à ce niveau. Il a fallu baisser les points pour que des élèves passent dans les classes supérieures. On ne peut continuer avec un tel système, qui laisse plus de la moitié des 15 000 jeunes entrant au secondaire sur le carreau. Nous viendrons avec des formations professionnelles bien ficelées.

Préconiser trois «credits» pour passer en «Higher School Certificate» (HSC), n’est-ce pas une baisse de critère ?

À cause de l’absence d’un credit ou deux, des jeunes mettent un terme à leurs études. Beaucoup de jeunes réussissent bien leur HSC avec trois ou quatre credits. Ils peuvent poursuivre leurs études universitaires et pourront exceller dans leurs domaines de prédilection.

Comment voyez-vous l’avenir du pays ?

Je suis très concerné pour les jeunes. L’avenir est sombre pour eux si le gouvernement sortant revient au pouvoir. Beaucoup de jeunes quittent le pays chaque mois et cet exode va se poursuivre. Je fais un appel aux jeunes en leur demandant de faire confiance à l’Alliance du changement. Avec nous, leur avenir sera assuré.