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Manière de voir
«Safran ver ek methi maryé piké»
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Manière de voir
«Safran ver ek methi maryé piké»
Le curcuma ou safran vert est devenu la star des compléments alimentaires. Un véritable cadeau de la Nature pour notre santé. C’est une des épices les plus étudiées dans le monde. Chez nous, on le retrouve mélangé à d’autres épices pour donner le masala dans le curry et les achards, mais aussi dans des rituels religieux.
L’Inde en est le premier producteur, consommateur et exportateur bien que les trois quarts soient utilisés en Inde même. C’est devenu la plante médicinale la plus vendue aux États-Unis. On lui prête de nombreuses vertus thérapeutiques, mais attention aux rumeurs dues à son passé qui remonte à 2 500 ans.
Un rhizome
Le curcuma est un rhizome, soit une tige souterraine qui porte des racines. À La Réunion, il est connu sous le nom de safran péi. C’est le principal ingrédient du curry qui trouve ses origines en Asie du sud-est. Il a de tout temps suscité un grand intérêt en raison de ses qualités alimentaires et médicinales.
Ce rhizome est jaune et parfois orange. Il doit être retiré du sol; on le laisse ensuite se reposer avant de le nettoyer à l’eau. Depuis l’Antiquité, il est cultivé en Inde et en Chine, mais en Europe, il commence à être consommé au 18e siècle seulement. Connu sous différentes appellations, son nom définitif curcuma est un mot sanskrit, ce qui en fait une épice sacrée. En Inde, on l’utilise aussi dans le textile.
Ses qualités sont nombreuses et connues. Il est efficace pour les articulations et même, dit-on, contre les inflammations. Il renferme beaucoup d’oxydants, ce qui est recommandé pour protéger le cœur. Il peut réguler le système nerveux en jouant sur l’équilibre mental. Dans les traités de médecine ayurvédique, le curcuma est l’épice de la longévité. On lui attribue d’autres principes actifs en médecine, surtout pour les maladies cardio-vasculaires. D’autres le recommandent contre le diabète et pour améliorer la mémoire. Vu le nombre d’études consacrées au curcuma, il faudrait faire attention à des contre-vérités répandues par des croyances populaires.
Polémiques sur le cancer Depuis 1985, certaines revues scientifiques l’ont conseillé dans la prévention du cancer et dans la réduction du recours à la chimiothérapie. Elles ont même conclu que si on le mélange au poivre noir, cela décuplerait sa puissance thérapeutique. Mais si on consulte les études les plus récentes, notamment par un grand professeur qui a consacré beaucoup d’années à étudier le curcuma et même donné des conférences sur ce sujet, ses conclusions viennent bousculer d’anciennes données.
Attention ! Elles certifient toujours que le curcuma est bénéfique pour le cœur, les articulations et le système nerveux. Mais elles démentent totalement le rôle que le curcuma jouerait dans la lutte contre le cancer. Il faut tenir compte de ce constat afin de ne pas laisser circuler l’idée qu’il est une arme dans la lutte contre le cancer.
Autre contre-vérité. Contrairement à ce que l’on peut lire sur internet, le mélange du curcuma au poivre noir ne décuple en rien son efficacité. Ce serait un leurre. Ces nouvelles découvertes vont encore plus loin en décrétant que quand on absorbe du curcuma, seul un très faible pourcentage agit dans notre corps. De quoi intriguer les défenseurs du curcuma, mais il existe des solutions.
Le fenugrec ou «methi»
Pourquoi le corps n’absorberait qu’une quantité aussi infime ? Parce, toujours selon ces dernières études, plus de 95 % du curcuma est très rapidement éliminé après absorption. Ce revirement donne lieu à de vifs débats dans les milieux de la recherche. En outre, il est maintenant conseillé de bien vérifier ce que vous achetez parce que certains produits mis en vente laissent planer des doutes. Faudrait d’abord lire avec soin le prospectus à l’intérieur de la boîte et les indications sur la boîte.
Il existe cependant un moyen pour contourner ce problème d’absorption minime et qui rendrait toute son efficacité au curcuma en lui assurant une lente dilution dans le corps. C’est là qu’intervient un produit connu à Maurice et dans la médecine ayurvédique. Il s’agit du fenugrec, plus connu sous le nom local de methi. Cette plante et ses graines que l’on trouve même dans certains de nos marchés sont connues depuis l’antiquité.
Le methi servait même à embaumer les momies en Égypte. C’est un produit 100 % naturel. En le mélangeant au curcuma, il protège, voire enveloppe, le curcuma. Il l’enrobe, assurant ainsi un plus long voyage dans le système digestif. Cette libération différée du curcuma garantirait sa libération dans les organes de notre corps. Il s’agit donc d’encapsuler ce qui évidemment le renforcerait (plus de 200 fois selon certains laboratoires) en utilisant cet autre produit végétal qu’est le methi. Ce procédé améliorerait même les normes d’hygiène qui doivent être respectées vis-à-vis du curcuma réduit en poudre. Le fenugrec stabiliserait aussi le taux de sucre dans le sang et stimulerait la production d’insuline. Avis à tous les diabétiques ou prédiabétiques. En France, ce mélange curcuma et fenugrec a déjà été effectué, vérifié en laboratoire et mis en vente en pharmacie sous l’appellation curcumine. Quand il s’agit de gros sous, vous savez parfaitement que les laboratoires ne traînent pas pour exploiter un nouveau produit mis au point récemment.
Reste à déterminer le dosage entre ces deux produits. Pas question ici à ceux qui seraient intéressés à se transformer en laborantin de mélanger eux-mêmes sans savoir quels seraient les dosages à respecter pour chacun des produits. Gare à l’automédication, péché mignon des Mauriciens qui entraîne parfois des conséquences fâcheuses.
Les laboratoires produisant la curcumine indiquent clairement qu’il ne faut absorber qu’une gélule par jour et ne jamais dépasser cette recommandation. Après avoir fait le tour de quelques pharmacies, on constate que la curcumine a été mise sur le marché ; et il est facile de la commander sur internet. Cette nouveauté coûte, hélas, cher et le mieux dans ces cas-là serait de demander son avis à votre médecin ou encore à votre pharmacien habituel afin de vous entourer de toutes les garanties nécessaires.
L’objectif de cette chronique est de vous informer à la fois sur certaines croyances qui ne devraient plus avoir cours, et les tout derniers développements concernant le curcuma et son utilisation. Il reste même pour certains un remède «miracle» dans certains cas. À vous de trancher maintenant que vous êtes en capacité de faire le point en tout état de cause.
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