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Hippisme
Saison 2024 sans le MTC: un retour est-il possible ?
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Saison 2024 sans le MTC: un retour est-il possible ?
Un retour du MTC au Champ-de-Mars sera un véritable saut d’obstacles.
L’organisateur historique de courses hippiques qu’est le Mauritius Turf Club (MTC) ne sera pas en selle pour la deuxième année consécutive.Une décision entérinée et assumée par la hiérarchie du club, au sortir de la dernière assemblée générale élective (AGE) début avril. Un retour en 2025, «sous des conditions strictes», est toutefois envisageable selon son président, Gavin Glover. Est-ce réalisable après deux années d’inactivité ? Le soutien du gouvernement au niveau des finances et de la législation ainsi que l’appui d’un partenaire étranger, en cas de retour avéré, seront-ils suffisants pour sortir le MTC de la mouise ?
Le MTC se voit contraint, une année de plus, de ne pas opérer. Une décision pénible pour le club et ses membres, mais «inévitable». Pour Gavin Glover, il n’est pas question «de se soumettre aux diktats de notre concurrent, qui, lui, semble avoir les coudées franches avec les autorités. Nous demandons un vrai level playing field. Si les autorités veulent de People’s Turf Plc (PTP), très bien. Qu’elles s’en contentent, mais sans nous.» Le ton avait été donné tôt durant l’année. Gavin Glover devait renchérir début avril après la dernière AGE: «La question est : qu’est-ce le gouvernement ou celui qui sera en place, décidera ? Il faudra qu’il décide s’il veut que nous soyons la locomotive ou pas. Si nous ne sommes pas la locomotive, cela se fera sans nous. Cela est notre droit le plus strict.»
Les observateurs sont unanimes à reconnaître qu’un retour aux affaires du MTC nécessite au moins 30 journées de courses pour l’année. Moins équivaudrait à être court sur toutes prévisions financières sérieuses. De plus, le partage éventuel des journées au Champ-de-Mars entre le MTC et PTP serait catastrophique pour les deux compagnies. D’autant qu’avec la tenue des élections cette année, la saison hippique peut, à tout moment, être forcée à se mettre en mode pause. «De toute manière, vu l’entente plus que cordiale entre PTP et le gouvernement en place, le destin du MTC était déjà scellé avant même toute autre démarche administrative de partage de journées en 2024», estime un ancien officiel du MTC. *
«Le MTC compte sur un changement de régime pour revenir aux affaires»*, dira ce même officiel. «Certaines têtes d’affiche au MTC sont proches de l’opposition. C’est de bonne guerre ! On a fait au mieux pour travailler avec le régime en place mais Lee Shim a tout le temps été préféré.» Pour un ancien propriétaire de chevaux, «plus on attend, plus ce sera difficile de revenir». Un observateur neutre trouve que «Glover est mesuré et concis dans ce qu’il dit à la presse. Dans la mesure où, et il le sait, si le gouvernement ne change pas, il souhaiterait, malgré tout, que le MTC soit la locomotive de l’industrie l’an prochain». Du côté des partisans de PTP, on renchérit que la nouvelle compagnie n’aurait «jamais» vu le jour si le MTC et sa hiérarchie de l’époque avaient «accepté la main tendue du gouvernement».
Admettons maintenant que le MTC puisse, d’une manière ou d’une autre, obtenir plus de flexibilité du gouvernement en place en 2025, peu importe le régime! Est-ce possible de revenir après deux ans d’inactivité totale ? Dans le sens où la plupart des chevaux sont actuellement à Jean Michel Lee Shim et Global Equestrian ? Le MTC pourraitil faire tourner l’industrie sans ces chevaux ? Pire ! Comment ne pas faire peur aux propriétaires individuels en contournant l’obstacle du fret, qui tourne autour de Rs 675 000 pour faire venir un cheval d’Afrique du Sud ? Comment faire tout cela rapidement afin d’obtenir le plus de journées possibles et être dans le vert au niveau des projections financières ? «Ce ne sera guère facile», avoue-t-on.
L’État devra alors injecter de l’argent dans l’activité hippique.«Reste à savoir si les Mauriciens en général vont accepter une telle décision car il me semble qu’il y ait des problèmes plus urgents ailleurs à gérer à Maurice alors que l’État prend déjà en charge les sampling expenses et autres dépenses liées à la Horse Racing Division (HRD).» La HRD coûterait environ Rs 120 M par an aux contribuables. Plusieurs Mauriciens passionnés de la chose hippique vivent déjà leurs rêves en terre étrangère en ce moment. Ramener ces coursiers à Maurice va coûter «une petite fortune». «Qui va payer Rs 675 000 en sus du prix du cheval pour obtenir des miettes en termes de stake money à Maurice ?» se demande un de ces propriétaires. «Il faudra, dès le départ, que le MTC augmente les prix. Ce qui pourrait être compliqué sans gros investissement initial…»
Du changement au niveau de lalégislation pourrait aussi aider ce retour. Lesquels ? «Il faudrait tout d’abord s’asseoir autour d’une table», tonne un ancien président du MTC. Les plus sceptiques diront que «c’est ce que le gouvernement voulait faire avec la proposition portée par Taposeea». Proposition «torpillée par le MTC et son président de l’époque», enchaînera un cadre de PTP.
Quid d’un partenaire étranger ? Le MTC, à travers sa subsidiaire, a fait appel à un partenaire. Plus précisément Grant Stephen Knowles, une figure publique en Afrique du Sud et agent de chevaux. Il a été nommé directeur de la compagnie. On croit aussi comprendre que le MTC œuvre en faveur d’une collaboration avec la compagnie Hollywoodbets. Selon un spécialiste du turf sud-africain basé à Maurice, qui rejoint un entraîneur encore en action au Champ de Mars, Hollywoodbets éprouverait «déjà des soucis à remplir les stalles en Afrique du Sud. Comment vont-ils remplir nos boîtes à Maurice ?»
Par ailleurs, les restrictions de vente en Europe en provenance d’Afrique du Sud, dues à l’African Horse Sickness, ont été assouplies. «Les chevaux vont, dès lors, coûter encore plus cher. Une grande demande d’Europe va forcément causer une majoration des prix.» Cela laisse croire que d’autres solutions devront être trouvées pour que le MTC puisse revenir au-devant de la scène sans couler l’industrie. «C’est à se demander si le concours de PTP n’est pas inévitable», dira un de ses partisans.
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