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Kronik KC Ranzé

Sans solution ?

4 février 2024, 10:00

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Sans solution ?

Je suis consterné de voir comment de plus en plus de problèmes qui nous entourent ne semblent pas trouver de solution raisonnée et finale.

Dans le meilleur des cas, on fait effectivement des progrès, mais on n’élimine jamais tout à fait les problèmes au point où, si l’on manque d’attention, ils remontent à la surface et empoisonnent à nouveau la vie de la planète et de ses habitants.

Prenez la guerre. Longtemps perçu comme historiquement inévitable, on avait sérieusement envisagé, dès juillet 1944, sous l’influence du secrétaire au Trésor américain Morgenthau et de John Maynard Keynes, de mettre sur pied les structures de Bretton Woods pour aider à la reconstruction des économies mondiales après la guerre, afin de favoriser la paix. Après la Seconde Guerre mondiale vint l’Organisation des Nations unies, dont la promesse résidait, malgré ses imperfections évidentes, dans le multilatéralisme qui assagirait.

Si les conflits armés n’ont jamais disparu (Guerre de Corée, Vietnam, guerre civile chinoise, guerre de 6 jours, guerre d’Algérie, Afghanistan…), Wikipédia identifiant 290 conflits armés entre 1945 et 1989, il n’y avait plus, par contre, eu de guerre en Europe et les guerres paraissaient être plus localisées que précédemment. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 mettait un terme à la notion de l’Europe civilisée, terre de paix. Aujourd’hui encore, notre monde civilisé se déchire dans cinq guerres ayant causé la mort de plus de 10 000 individus en 2023 : Myanmar (mortalités cumulatives de 195 000 au minimum) ; guerre israélo-arabe (56 000 morts cumulés) ; insurrections diverses au Maghreb (70 000 +) ; guerre d’Ukraine (180 000 minimum) ; Soudan (13 225+).

Mais rappelons, pêle-mêle depuis 1945, les 455 000 tués dans la guerre de frontière entre la Colombie et le Venezuela ; les 400 000 morts de la guerre des gangs au Mexique ; les 1 454 000 vies éliminées en Afghanistan sur la frontière pakistanaise ou face à l’Etat islamique ; les 586 000 morts de Syrie ou encore les 373 000 tués par Boko Haram ! Ce qui ne manquera pas de nous confirmer que nous sommes bien plus Homo Bellicus que Sapiens

L’humain pollue depuis toujours, par sa seule présence et son mode de vie. Il en a lui-même pris conscience petit à petit et parfois à grands frais. Par exemple, ce n’est qu’à tâtons que les Londoniens ont finalement réalisé, grâce au médecin John Snow, que les vagues de décès de choléra à Londres qui débutèrent en 1831 étaient dues non pas au «mauvais air», selon la théorie des «miasmes», mais à la pollution de l’eau. Si, dès 1848, les détritus et les excréments humains qui empestaient la ville au point de rendre l’air irrespirable étaient systématiquement enlevés et jetés dans la Tamise pour assainir la ville, les épidémies de choléra se répétaient quand même, jusqu’à ce que Snow souligne que les fontaines publiques étaient souvent alimentées par l’eau… de cette même Tamise et que les morts de choléra habitaient surtout autour des fontaines ! Ce n’est pourtant qu’en 1858 que le Parlement décidait d’un vaste programme de construction d’égouts souterrains pour canaliser les effluents de Londres vers les grandes marées à l’embouchure de la Tamise... Ce qui avait soudain rendu le Parlement si «intelligent» ? C’est ce que l’on a alors appelé le «Great Stink», la Tamise empestant tellement que l’on a été obligé de suspendre le Parlement tout l’été, cette année-là…

Et pourtant on continue à polluer gaiement! Les métaux lourds toxiques (arsenic, mercure, chrome, cadmium…) relâchés dans les effluents d’usines produisant fertilisants, pesticides, pharmaceutiques, papier, raffineries ou plastiques polluent nos ressources d’eau et finissent par s’accumuler dans les produits de la mer. Si l’usage du plastique régresse, le micro plastique est dans l’air et… déjà… dans nos corps(*). On pollue aussi l’air que l’on respire, comme à Delhi où, grâce aux véhicules au diesel et au brûlis, les micro-particules atteignent entre 10 et 30 fois plus que le niveau recommandé par l’OMS. Et bien sûr, on pollue l’atmosphère terrestre avec du CO2 et du méthane, ce qui déstabilise le climat et nous promet évidemment l’enfer en retour… Chez nous, c’est Mare-Chicose qui va bientôt nous péter à la gueule, car aucune solution de rechange à moyen terme n’est proposée, ni ne voit le jour... Et l’on gère toujours à coups de petits contrats «d’urgence» !

La colonisation, vous croyez que c’est terminé ? Allez dire cela à Poutine en Ukraine, à Netanyahu à Gaza et en Cisjordanie, à Cameron qui dicte sa vision rétrograde sur les Chagos ou aux 17 résolutions votées en 2023 au sous-comité de l’ONU sur la décolonisation et l’auto-détermination des peuples(**).

Et nous pensions que la vaccination qui nous a aidé à presque oublier 14 maladies dévastatrices des siècles précédents (dont la varicelle, la poliomyélite, la diphtérie, l’hépatite, le tétanos…) était un acquis sûr et n’était plus remise en question ? Allons donc ! Une des conséquences majeures de l’internet et des réseaux sociaux en particulier a été de permettre la création de chambre d’échos pour des théories de conspiration qui, profitant de préjugés funestes, résonnent plus fortement sur des millions et des millions de personnes. Ce qui sème le doute et freine la diffusion des vaccins, mettant donc à risque le succès de ceux-ci, dépendant qu’ils sont de l’immunité collective (herd immunity) des populations.

C’est ainsi que New York connaît, depuis 2018, une résurgence de cas de rougeole parce que des parents nouvellement «avisés», refusaient apparemment un vaccin à leur enfant, surtout dans des milieux fondamentalistes juifs. C’est ainsi que la polio n’a pas tout à fait disparu puisque le Pakistan et l’Afghanistan sont encore suffisamment réfractaires au vaccin. Plus près de nous, il est maintenant estimé que les cinq vaccins les plus utilisés contre le Covid-19 ont empêché 20 millions de morts et que si le taux de vaccination minimal de 40 % recommandé par l’OMS avait été atteint partout, ce sont 600 000 personnes de plus qui seraient encore en vie. Ah oui ! Et puis, malgré les menaces de Bolsonaro, PERSONNE de vacciné au Covid n’est, depuis, devenu crocodile…

Ce qui est tant mieux au moment où l’on accueille, à la moitié du prix précédent, le 2e vaccin anti-malaria du monde, le R21, développé par l’université d’Oxford et qui sera produit par le Serum Institute de l’Inde au taux de 100 millions de doses par an. Chacune des quatre doses de R 21 requises coûte entre 2 et 4 dollars. En 2021, on recensait 247 millions de cas de malaria, dont 95 % en Afrique et l’on constatait 619 000 morts, principalement des enfants de moins de cinq ans… Vous imaginez l’impact d’un vaccin qui marche ?

Les vicissitudes des religions, quant à elles, perdurent. À Cordoba, en Andalousie, on trouve aujourd’hui la magnifique cathédrale de Notre Dame de l’Assomption, cependant que sur ce même site, on évoque d’abord l’existence d’un temple romain dédié à Janus, puis d’une église Wisigoth chrétienne qui fut agrandie, puis divisée et même partagée avec les musulmans qui suivirent la conquête Umayyade de l’Hispanie. En 785, la totalité du lieu fut rachetée par Abd al’Rahman 1er et l’église fut alors détruite et la mosquée agrandie en plusieurs phases jusqu’en 1236 et la reconquête de l’Espagne par Ferdinand de Castille. Subséquemment, plutôt que de détruire le bijou architectural des Umayyades, les chrétiens modifièrent un peu, consacrèrent beaucoup, mais, pour le bonheur de l’humanité, conservèrent notamment les galeries à double-arches, le mihrab et la maqsura. À Constantinople, la cathédrale monumentale Hagia Sophia, construite au 6e siècle, a été convertie en mosquée en 1453 à la chute de la ville byzantine aux mains de Mehmet II, puis en musée, par Atatürk en 1934, avant de redevenir mosquée en 2020, afin d’aider Erdogan dans ses ambitions politiques. Avant Mehmet II, ce sont les croisés latins qui, en 1204, pillent, tuent, brûlent, détruisent chez leurs «frères» orthodoxes de Byzance(***). À Jérusalem, s’il y a quatre quartiers distincts à l’horizontal (arménien, chrétien, musulman, juif), les couches verticales de constructions religieuses se comptent… par dizaines ! À Bagan, au Myanmar, les édifices de culte sont, selon les vagues de conquête du début, d’abord d’influence hindoue, ensuite d’inspiration bouddhiste dans un enchaînement régulier constitué d’abord de destruction/construction puis, plus logiquement, seulement de maquillage, plâtre et de décoration. À Ayodhya, on est dans la même «logique dévotionnelle» de la religion du plus fort ! Ceux à qui dévotion est rendue depuis des siècles ne se sont pas, que l’on sache, clairement prononcés sur ces chamboulements séculaires…

Ce mutisme serait-il consternation ?

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On a déposé sur mon bureau, mercredi le 31 janvier, une carte de Noël locale, datée du 22 décembre 2023. Cela avait coûté Rs 16 à l’expéditeur ! Par ailleurs, depuis une semaine, les bulletins d’informations de la BBC (1575 KHz), s’écoutent non plus sur l’heure, mais… 8 minutes plus tard ! Qu’est-ce qui cloche ?

(*) National Geographic l Environment : Microplastics are in our bodies. How much do they harm us?

(**) United Nations

(***) Le Monde.fr l Le sac de Constantinople : l'or de Byzance