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Compensation salariale
Satisfaction des syndicats, déception des patrons
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Compensation salariale
Satisfaction des syndicats, déception des patrons
Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, insiste que la compensation salariale offerte est un investissement de Rs 10 milliards dans les ressources humaines.
Après que le salaire minimum soit passé à Rs 15 000 avec les Rs 2 000 d’allocation CSG allouées à ceux touchant moins de Rs 25 000, une compensation salariale de 10 % «across the board» – allant de Rs 1 500 à Rs 2 000 et payable à partir de janvier –a été annoncée par le ministre des Finances Renganaden Padayachy hier, à l’issue de la réunion tripartite.
Pour mieux comprendre la philosophie gouvernementale, il faut retenir cette phrase du ministre des Finances, Renganaden Padayachy : «Ce n’est pas un coût, mais un investissement de Rs 10 milliards dans nos ressources humaines pour atteindre notre objectif affiché de combler les inégalités salariales et sociales.» Si le quantum annoncé de la compensation salariale a réjoui les principaux syndicats, beaucoup de questions se posent parmi ceux qui touchent autour de Rs 18 500 – le montant du nouveau salaire minimum pour ceux au bas de l’échelle salariale (Rs 15 000 + Rs 2 000 + Rs 1 500) – par rapport au «différentiel ou à la relativité» – pour reprendre les termes du ministre du Travail, Soodesh Callichurn. Selon lui, c’est le National Wage Consultative Council qui fera d’ici mars ses recommandations pour le réalignement des salaires.
Du côté des syndicats, la secrétaire générale de la Confédération des travailleurs des secteurs privé et public, Jane Ragoo, et le président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, Deepak Benydin, se disent totalement satisfaits de cette annonce, en soutenant que leur recommandation a été respectée à 100 %. Tout comme le président de la Federation of Civil Services & Other Unions, Narendranath Gopee, qui se dit très content. «C’est très bien car nous avions proposé Rs 1 975. Le gouvernement est venu avec une proposition raisonnable.» Pour ce qui est de savoir si les élections sont proches, dit-il, il faudra voir ce que le ministre Padayachy proposera dans le Budget.
Par ailleurs, le président de la Government Services Employees Association, Radhakrishna Sadien, souligne que cette augmentation conséquente a un air d’élections qui approchent. Ashok Sobrun de la General Workers’ Federation se dit inquiet par rapport à la provenance des fonds pour ce financement. «Qui financera ? Les employeurs ? Les travailleurs eux-mêmes à travers les taxes ?»
Pour sa part, Business Mauritius exprime, via un communiqué, de «vives inquiétudes parmi les entrepreneurs par rapport au coût de la compensation salariale et cela, après une vague d’augmentations cette année, incluant l’électricité et le salaire minimum, entre autres». «Pour plusieurs, dont de nombreuses PME et des entreprises à haute intensité de main-d’œuvre, l’impact combiné de la hausse du salaire minimum et de la compensation salariale (chiffrée à 10 % du salaire et pouvant aller jusqu’à Rs 2 000) exercera une pression conséquente sur des entreprises juste au moment où elles commençaient à remonter la pente. Pression que plusieurs peineront à soutenir sans un mécanisme de soutien.»
Ainsi, Business Mauritius «tire la sonnette d’alarme sur des mesures qui, d’une part, mettent à risque la soutenabilité à moyen et long terme de certaines entreprises, et d’autre part, sur une démarche d’augmentations salariales disproportionnées, pourraient engendrer encore une hausse du taux d’inflation en 2024, qui affectera à nouveau le pouvoir d’achat des consommateurs.» L’organisme avait préalablement suggéré une augmentation plafonnée à Rs 1 000, alignée sur le taux d’inflation estimé de 7,1 %.
En tenant compte de la hausse du salaire minimum d’un montant total de Rs 5,8 milliards, la compensation salariale engendrerait un coût additionnel global de Rs 6,2 milliards, portant le coût total à Rs 12 milliards, sans compter la pression sur d’autres barèmes salariaux. Il appelle ainsi à un mécanisme réfléchi et durable dans le cadre des ajustements salariaux, soulignant l’importance de promouvoir l’employabilité plutôt que de les imposer de manière arbitraire aux entreprises du secteur privé.
Enfin, le ministre des Finances a fait clairement comprendre que la compensation salariale, qui prend effet à partir de janvier, ne concerne que les travailleurs. Les bénéficiaires de pensions – retraités, veuves, orphelins, handicapés et autres – devront patienter jusqu’à ce qu’il présente son prochain Budget.
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