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L'histoire de... Michaëla et Ricardo Paul
Saucisse, mayo et amour chez «Robert»…
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L'histoire de... Michaëla et Ricardo Paul
Saucisse, mayo et amour chez «Robert»…
Leur histoire a démarré dans «lakwizinn». La mayo a mis du temps à prendre, entre les pains et les saucisses. Non, elle n’est pas tombée amoureuse de lui à cause de sa grosse merguez. «Li kinn sot lor mwa (…) Non li kinn sot lor mwa», rigolent le mari et la femme. Dans leurs yeux, de la tendresse, de la complicité. Un sentiment d’appartenance qui a pris forme après qu’ils ont traversé des «tragédies» de la vie, chacun à sa façon. Rencontre «sizzling».
À Quatre-Bornes, sur la route royale. Au milieu de la circulation, entre les voitures, les autobus, les motos, le métro, le piéton doit se faufiler en biais, tel un crabe, pour éviter de se faire écraser, finir en purée. Maître Estomac par l’odeur alléché, se laisse guider jusqu’à Robert’s Food. Sur la façade externe, un portrait calligraphié de l’ancien patron des lieux, le fondateur himself, qui est allé cuisiner des nouilles frites pour les anges en 2019. Sa devise : «Tou séki arivé bon.»
Depuis, la famille a repris le flambeau. Le snack a subi un ravalement de façade nécessaire et a rouvert ses portes il y a quatre mois. Armé de sa louche, Ricardo Paul, ancien membre du groupe Dance Masters, fait danser le wok. Il mène le chou et les carottes à la baguette. Avec son épouse Michaëla, avec un coup de main de ses frères et ses sœurs, il a enfilé le tablier de papa Robert.
Ce dernier était cordonnier, il avait d’ailleurs ouvert son magasin, Robert Shoes, jadis. Mais avec l’arrivée des chaussures importées de Chine, le business ne marchait plus. C’est alors que Robert décide de mettre un pied dans la vente de mines et de boulettes. Les clients adhèrent. «Linn pran enn kar, apré lamwatié magazin pou fer snack, avan transform li net», confie Ricardo. Ce qui a fait la renommée du lieu ? C’est surtout le fameux pain-saucisse-mayo à Rs 25.
Même aujourd’hui, si le pain-saucisse est à Rs 50, les autres plats qui sont au menu sont abordables. Comment diable parvient-il à proposer des grillades-riz safrané- salades-frites ou encore des mines-sizzling fruits de mer à Rs 200-Rs 250 ? «En fait, on n’a pas de loyer à payer, puisqu’on a acheté notre emplacement, donc, on peut proposer des prix alléchants.»
Ricardo, en fait, voulait faire des études pour être infirmier. Mais il a pris une autre voie lorsque son papa lui a demandé de le rejoindre aux fourneaux, après son HSC. Parce qu’il voulait faire les choses bien, il est allé à l’école hôtelière, a décroché un CAP cuisine, a travaillé avec de grands chefs, s’est rendu dans d’autres pays pour parfaire ses connaissances ; c’était vers la fin des années 90. Puis, il est retourné au bercail. Ne sachant pas qu’il allait rencontrer celle avec qui il allait fonder sa famille à lui, là, entre les brèdes et les échalotes.
Ricardo n’a pas «take-away» le cœur de sa belle tout de suite. Entre eux, les sentiments ont mariné tout doucement, ils les ont laissés mijoter le temps qu’il fallait. «Nous avons été amis pendant deux ans. Puis en 2004, nous sommes sortis ensemble.» Celle qui fêtera mardi ses 50 ans en avait 37 lorsqu’elle a voulu devenir maman pour la première fois. Depuis, ils ont concocté deux bébés. «On a attendu qu’ils aient 7-8 ans avant de se marier, ça fera cinq ans que je lui ai dit oui», raconte la jeune quinquagénaire, un sourire espiègle aux lèvres.
Si les épreuves ont été dures – tous deux ne souhaitent pas s’étendre sur le sujet –, Ricardo et Michaëla ne se sont pas brûlé les ailes, même «kan pwalon ti so». Si Robert’s Food prend une place de choix dans leur quotidien, ils mettent les petits plats dans les grands quand il s’agit de la famille. «Papa so lamor inn pli soud nou. Mo bann fer, mo ser, mo belser, mo Madam, nou tou met lamé dan lapat. Nou get mo mama ousi, ki alité.»
Quand il n’est pas en train de rissoler, de dorer, de gratiner, Ricardo s’adonne à son autre passion, la musique. «Ek bann kamarad, parmi bann ansien Dance Masters, nou’nn mont enn group apel Old School Massive. Nou fer enn dévwar fer omwin enn tube par an.» Ayant été contacté par un producteur français, il travaille en ce moment sur un projet autour des chansons de Kaya.
Hein, hein, ki to lé twa (NdlR,tube incontour able des Dance Masters à l’époque) ? Où se voit-il dans dix ans ? «J’aurais alors 60 ans… Si mo touzour éna jus, mo pou kontign travay! Sé mo pasion sa…»
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