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Emploi
Se relancer et relever les défis en 2024
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Emploi
Se relancer et relever les défis en 2024
En 2023, le secteur du tourisme et celui du secteur financier ont eu du mal à embaucher. Les nouveaux barèmes du salaire minimum et de la compensation salariale pourraient compliquer encore le recrutement.
Avec la nouvelle année qui débute, de nombreuses personnes envisagent de prendre de nouvelles résolutions, souvent liées à la recherche d’une expérience novatrice et à la volonté de se réinventer. Il est indéniable que les opportunités professionnelles pour les métiers de demain abondent, mais à Maurice, le défi réside dans la disponibilité de la main-d’œuvre. En effet, de nombreuses personnes optent préférentiellement pour les horizons étrangers plus prometteurs. Les experts soulignent l’importance de se concentrer sur l’innovation cette année afin d’optimiser la création d’emplois au maximum.
L’emploi des jeunes a été évoqué dans le message du Premier ministre, Pravind Jugnauth, en ce début d’année. Il a annoncé que dans les «deux ou trois prochaines années, la technopole de Côte-d’Or offrira de nouvelles opportunités professionnelles à 15 000 travailleurs et jeunes». Lors du bilan du gouvernement, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a également abordé les défis à relever dans l’année à venir lors d’une conférence de presse. «Si le gouvernement n’avait pas injecté des fonds via la Mauritius Investment Corporation (MIC) Ltd, le nombre de chômeurs aurait augmenté. Nous sommes le seul pays d’Afrique à avoir réussi à rebondir après la crise de Covid-19. Nous avons mis en place plusieurs mesures, notamment le National Training and Reskilling Scheme, qui a remporté un grand succès, notamment auprès des jeunes.»
Aujourd’hui, les femmes sont mieux intégrées sur le marché du travail, a-t-il souligné, mettant en lumière les efforts déployés par les autorités. Soodesh Callichurn a également mis l’accent sur la qualité de vie décente dont de nombreux travailleurs pourront faire l’expérience à partir de la fin de ce mois de janvier, avec un revenu minimum garanti de Rs 18 500. Certes, il est conscient que la pénurie de main-d’œuvre se fait sentir dans certains secteurs, mais que ces défis devraient être relevés au cours de cette nouvelle année.
Quant au marché du travail mauricien, il continue à connaître une croissance. Astrid Vuddamallay Sylvie, Talent Management Lead chez Myjob.mu, confie que le secteur touristique occupe la première place en termes de demandes d’emploi. «Cette industrie est suivie par le BDO et les entreprises d’externalisation (outsourcing) qui sont implantées à Maurice. Le secteur informatique arrive en troisième position. Toutefois, bien qu’il y ait une forte demande, la main-d’œuvre qualifiée n’est pas toujours disponible sur le marché. La comptabilité, la communication et le marketing suscitent également un grand intérêt.»
Le Chief Experience Officer de Proactive Talent Solutions, Ashish Khatry, aborde également ce sujet. En raison de la diversité des secteurs économiques couverts par son agence, plusieurs domaines ont été identifiés comme affichant une forte demande en 2023, notamment la fintech, les services financiers, les entreprises offshore/globales, la vente en ligne, la construction, la santé, ainsi que le développement de logiciels, pour n’en nommer que quelques-uns. «La fintech et les services financiers sont en plein essor, offrant de nombreuses opportunités pour les professionnels qualifiés. De plus, les entreprises offshore et globales continuent de recruter activement dans diverses fonctions. Le commerce en ligne a également connu une croissance notable, nécessitant des talents pour soutenir cette expansion. Les secteurs de la construction, de l’hôtellerie, de l’ingénierie, de la santé et du développement de logiciels offrent également des débouchés passionnants.»
Cependant, Astrid Vuddamallay Sylvie affirme que ces cinq dernières années ont vu les employeurs réviser leur méthode de recrutement. «Suite à la pandémie de Covid-19, les modalités de travail ont évolué, offrant davantage de flexibilité. Aujourd’hui, les employeurs sont en quête de profils exceptionnels, capables d’endosser plusieurs rôles, démontrant une polyvalence qui se révélera un atout à long terme. Du côté des candidats également, la pandémie a instillé le désir d’une stabilité professionnelle et financière prioritaire.» Elle souligne également que certains candidats n’hésitent pas à explorer des opportunités au sein de sociétés étrangères installées à Maurice. «Ces entreprises, principalement originaires d’Europe, notamment de la France, ont délocalisé leurs activités et sont prêtes à rémunérer les Mauriciens de manière plus avantageuse que les entreprises locales pour des postes similaires. En tout cas, ces sociétés manifestent la volonté d’investir dans ces candidats.»
Les avis des deux spécialistes en recrutement divergent quant aux secteurs éprouvant des difficultés à trouver de la main-d’œuvre. Selon Ashish Khatry, c’est le secteur des services financiers qui fait face à une pénurie d’employés. Il explique : «Le brain drain constitue un défi majeur. Cette fuite de cerveaux fait que de nombreux professionnels hautement qualifiés sont attirés par des opportunités à l’étranger ou dans d’autres secteurs. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation, notamment des offres d’emploi plus attractives à l’étranger, des inquiétudes concernant les conditions de travail et la recherche de meilleures perspectives de carrière.» En revanche, Astrid Vuddamallay Sylvie affirme que l’industrie du tourisme peine à trouver du personnel en raison des horaires de travail, des salaires avant le réajustement du salaire minimal, et du fait que les jeunes préfèrent travailler à l’étranger, avec la possibilité de s’y installer.
Un autre secteur en difficulté est l’informatique, où les entreprises ont du mal à trouver des professionnels qualifiés. Astrid Vuddamallay Sylvie souligne : «Les entreprises recherchent des développeurs utilisant un langage spécifique ou des plateformes innovantes, compétences souvent absentes chez les jeunes diplômés. D’où la nécessité de recourir à de la main-d’œuvre étrangère ou d’embaucher des personnes en télétravail à l’étranger.» Il est donc essentiel, selon le Chief Experience Officer de Proactive Talent Solutions, de créer un environnement de travail attractif et d’offrir des avantages incitatifs afin de retenir les talents locaux dans le secteur, favorisant ainsi la croissance et la stabilité de l’industrie.
Avec la récente hausse du salaire minimum, certains secteurs ressentiront une pression accrue. Selon la Talent Management Lead chez Myjob.mu, ce sont principalement les petites et moyennes entreprises qui seront les plus touchées. Elle se demande si elles auront les moyens d’ajuster les salaires pour l’ensemble de leurs employés. En conséquence, les entreprises réfléchiront attentivement avant de procéder à de nouveaux recrutements. Cette évolution pourrait également influencer la stratégie de recrutement, obligeant les entreprises à choisir entre des candidats expérimentés, même avec un salaire équitable, ou des jeunes diplômés et sans expérience.
De son côté, Ashish Khatry envisage que cette augmentation des salaires contribuera à réduire les inégalités de revenus et stimulera les dépenses des consommateurs. Selon lui, les travailleurs à bas salaire bénéficieront d’une meilleure stabilité financière, créant ainsi une demande accrue pour les biens et services, favorisant la création d’emplois. De plus, il souligne que la politique salariale des entreprises peut contribuer à atténuer le taux de rotation du personnel, réduisant ainsi les coûts liés au recrutement et à la formation. Il insiste sur l’importance pour les employeurs de comprendre que la satisfaction et la stabilité de la main-d’œuvre peuvent améliorer la productivité globale de l’entreprise.
Pour l’année 2024, il est prévu que certains secteurs aient des difficultés à attirer des candidats, soulignant ainsi la nécessité de rester compétitif sur un marché du recrutement en constante évolution. Le Chief Experience Officer de Proactive Talent Solutions insiste sur l’importance pour les employeurs de prendre en compte ces facteurs stratégiques. «Dans un environnement de recrutement constamment en mutation, il est essentiel d’adopter des approches novatrices pour attirer et retenir les meilleurs talents, en particulier parmi la génération Z. Cette génération représente les talents de demain, et elle a des attentes et des préférences uniques en matière de travail. Nos solutions de recrutement innovantes s’adaptent aux besoins et aux aspirations de la génération Z. Cela comprend des stratégies de branding axées sur les médias sociaux, des processus de recrutement simplifiés et axés sur la technologie, ainsi que la création d’une culture d’entreprise attrayante et inclusive.»
Astrid Vuddamallay Sylvie exprime également ses espoirs pour 2024, soulignant les défis persistants dans le secteur informatique et l’industrie touristique. Elle espère que les hôtels seront en mesure de réviser les salaires des nouvelles recrues et des employés actuels. De plus, elle mentionne la demande croissante pour des professionnels qualifiés dans le domaine de la logistique, soulignant toutefois la difficulté de trouver des personnes qualifiées et intéressées pour ces postes, notamment en raison des horaires de travail décalés.
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