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Nouveaux salaires et pouvoir d’achat

Secteurs privé et public : Sortons la calculette

11 août 2024, 17:55

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Secteurs privé et public : Sortons la calculette

Augmentations pour tous ceux qui touchent moins de Rs 50 000 dans le privé ; réajustement de 5 % sur le salaire de base pour les fonctionnaires, salaire minimum revu pour les détenteurs de diplômes et licences universitaires (degrees)… Les annonces ont fusé lors de la conférence de presse commune de Renganaden Padayachy, ministre des Finances, Soodesh Callichurn, ministre du Travail, et Anjiv Ramdhany, ministre de la Fonction publique. Mais qui aura droit à quoi ?

Tout d’abord, le salaire minimum pour les détenteurs d’un diplôme passe de Rs 16 500 à Rs 23 000, tandis que pour les détenteurs d’une licence (degree), le salaire ne pourra pas être en dessous de Rs 25 000 dans le secteur privé. C’est ce qu’a annoncé le ministre des Finances. Par la suite, son collègue de la Fonc- tion publique a indiqué que les fonctionnaires bénéficieront d’une augmentation de 5 % sur leur salaire de base prévu dans le rapport du Pay Research Bureau de 2021, avec un réajustement plus détaillé à prévoir dans le rapport de janvier 2026. Cela représente une augmentation qui varie entre Rs 500 et un plafond de Rs 2 000.

Pour le secteur privé, le réajustement est plus complexe. «La révision concerne les 31 secteurs couverts par les Remuneration Orders, mais aussi tous les secteurs non couverts. Cela touche vraiment tous les travailleurs», a précisé Soodesh Callichurn. Le calcul utilisé est le suivant : le salaire minimum est passé de Rs 11 575 à Rs 16 500, soit une augmentation de Rs 4 925. C’est cette somme qui est répercutée sur les salaires de ceux touchant moins de Rs 50 000. Cependant, il faut aussi prendre en compte la compensation salariale accordée en janvier 2024, soit 10 % du salaire avec un plafond de Rs 2 000. Ainsi, tous ceux touchant entre Rs 20 000 et Rs 50 000 auront une augmentation de Rs 2 925, soit les Rs 4 925 de l’augmentation du salaire minimum moins la compensation. En gros, si vous touchez Rs 21 000, il faut ajouter Rs 2 925 à votre salaire, ce qui est égal à 23 925. Cela, sans compter l’allocation CSG.

Pour ceux qui gagnaient moins de Rs 20 000, le calcul est similaire. La somme de Rs 4 925 est ajoutée à leur salaire de décembre 2023, soit le montant avant la compensation. Ensuite, leur salaire de janvier, incluant la compensation, est déduit de ce montant total, ce qui donne la somme de l’augmentation à laquelle ils auront droit. La formule : salaire de décembre 2023 + Rs 4 925 = X. Ensuite : X – le salaire de janvier pour obtenir le montant auquel vous aurez droit.

Cette augmentation prend effet à partir de juillet 2024, impliquant un paiement rétroactif. Lors de la conférence de presse, Renganaden Padayachy a précisé que les entreprises en difficulté, notamment les Petites et moyennes entreprises (PME) et le secteur manufacturier, peuvent approcher le ministère des Finances, qui les assistera par le biais de la Mauritius Revenue Authority.

Le secteur privé inquiet

La Chambre de commerce et d’industrie de Maurice (MCCI) réclame des mesures de soutien face à l’annonce gouvernementale sur l’alignement salarial. «Suite aux réunions préalables avec les représentants du secteur privé, nous notons l’ampleur de cette augmentation et ses répercussions sur les entreprises mauriciennes», souligne la MCCI dans un communiqué. Elle ajoute qu’elle évaluera la capacité des entreprises à absorber ces coûts, notamment pour l’aspect rétroactif. Du côté de Business Mauritius, on estime que les annonces «paraissent conséquentes pour la communauté des affaires». Les mesures seront étudiées en profondeur, avec des clarifications sur les règlements et des recommandations précises, ainsi que des études d’impact. «Bien qu’elle reconnaisse que des mesures de soutien seront disponibles, elle souligne que cellesci seront temporaires et que des solutions à long terme sont nécessaires pour assurer la viabilité des entreprises», fait ressortir Business Mauritius. La décision de compter l’augmentation à partir de juillet 2024 ajoute un coût soudain et imprévu aux budgets des opérateurs de tous les secteurs, ce qui représente un défi énorme pour de nombreuses entreprises, en particulier les PME.

Il est essentiel de préciser que les salaires minima pour les diplômés doivent être alignés sur les qualifications requises pour les postes afin d’éviter des distorsions sur le marché du travail.

Narendranath Gopee : «Enn sinema ki’nn deroule»

Le président de la National Trade Union Confederation (NTUC) n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, ces annonces ne sont que du bluff. «Enn sinema ki’nn deroule sa. 5% across the board pa apel enn realignman sa», fustige Narendranath Gopee. Selon lui, cet exercice a été mené pour réduire l’écart entre les salaires, sinon le réalignement qui viendra par la suite aurait demandé un pourcentage d’augmentation trop conséquent. «Mais pour le Pay Research Bureau, cet exercice n’est pas compli- qué car une grille principale des salaires existe déjà. D’ailleurs, la NTUC a déjà travaillé dessus», souligne-t-il.

Quant au secteur privé, Narendranath Gopee avance qu’il n’a pas compris la logique derrière les calculs. Pour lui, le problème réside dans le fait que certains secteurs sont couverts par des remuneration orders et d’autres non. «Ce qui fait que pour deux personnes effectuant le même travail dans deux secteurs différents, mais dont l’un est couvert par les Remuneration Orders, les salaires ne seront pas les mêmes. Il n’y a pas de corrélation. C’est cela qu’il faut changer», conclut-il.