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Manière de voir
«Security adviser» indien oui, mais nous mangeons à tous les râteliers
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«Security adviser» indien oui, mais nous mangeons à tous les râteliers
Les Mauriciens opposés au gouvernement et les pays étrangers représentés par des ambassades chez nous s’interrogeraient actuellement sur la nomination du tout dernier Security Adviser indien en la personne de Vivek Jhori. Mauriciens comme étrangers auraient tort de croire qu’avec cette nomination, notre gouvernement serait transformé en un nouveau ‘département’ de Narendra Modi et que tout ce que Port Louis entreprendrait dans le domaine diplomatique, et surtout dans l’allocation de gros contrats, serait dicté par New Delhi.
Tel ne serait nullement le cas. Ce qui fait que ni le haut-commissaire du Pakistan, ni l’ambassadeur de la République populaire de Chine, ne devraient pas perdre une minute de sommeil sous le ciel mauricien. Car au gouvernement ce serait business as usual, dans la pure tradition mauricienne. C’est-à-dire, manger à tous les râteliers. Petty cash, big cash, all welcome – voilà notre devise.
Il serait utile néanmoins de s’interroger sur la contribution réelle de ces advisers grassement payés par le gouvernement mauricien. Seraient-ils des James Bond pas nécessairement en dhoti maniant avec une dextérité foudroyante de spectaculaires gadgets électroniques et s’infiltrant chez l’ennemi en séduisant de belles femmes ? Seraient-ils des as de l’intelligence humaine capables de collecter et analyser des renseignements très sensibles et prévenir le patron mauricien d’un danger imminent ?
Si on juge la performance de la succession de security advisers qui ont défilé chez nous à commencer par l’aristocrate Jagdip Narain Taimini en 1983, on apprendrait qu’ils auraient été incapables de prévenir certains gros accidents sur le parcours du Premier ministre. Sous les premiers gouvernements de Sir Anerood Jugnauth, ils n’ont pas vu venir l’affaire Amsterdam bien que la drogue provenant du Pakistan et de l’Afghanistan ait été embarquée en Inde vers Amsterdam par des parlementaires mauriciens.
Plus grave encore, vers la fin des années 1980, Sir Anerood fut l’objet de deux tentatives différentes d’assassinat. Dans le premier cas, un garde du corps réussit à la dernière seconde à désarmer l’assaillant armé d’un revolver de fort calibre. Ce policier perdit un doigt lors de la manœuvre désespérée. Dans le deuxième cas, le criminel armé d’un rasoir spécialement préparé trébucha bien qu’il avait réussi à retenir le Premier ministre par le cou. Dans les deux cas, ce fut une major failure du système de sécurité et de collecte de renseignements. Et cela, dans un contexte où un Indien était déjà installé pour donner des conseils en matière de sécurité.
À vrai dire, en quoi consiste le job d’un security adviser indien à Maurice ? Sous le régime de sir Seewoosagur Ramgoolam, le dernier security adviser britannique, John Rewcastle, fut d’une efficacité foudroyante tant dans le domaine de l’espionnage électronique que de la collecte et l’analyse des données. Il ne put toutefois prévenir le 60-0 de 1982.
Aucun Indien ne serait parvenu à la hauteur de Rewcastle, croit-on savoir. Quelqu’un venu de l’Inde, parviendrait-il, du jour au lendemain, à décoder le tout dernier mood d’un citoyen nommé Paul Raymond Bérenger et faire des recommandations pour déjouer une nouvelle stratégie en voie de préparation par le leader du MMM ? Evidemment, il ne comprendrait rien dans les ‘échanges’ commerciaux qui se font par vedettes rapides entre Maurice et La Réunion. Ni ne parviendrait-il à mettre son patron en garde contre un business de contrats dans une institution ou une compagnie étatique du pays.
Les officiers supérieurs de la force policière dont certains à la retraite ont connu des interactions fort intéressantes avec ces Indiens. On a ainsi vu évoluer Taimini, Bushan Nandy, Ramesh Shanmugham, Thiru Govind, Shantanu Mukherjee, Gurinder Singh et, plus récemment encore, le fameux Kumaresen Ilango, prédécesseur de Vivek Jhori.
Ilango a été mêlé par Sherry Singh à une affaire de sniffing à la landing station de Baie-de- Jacotet. Ilango n’a sans aucun doute pas vu le Wakashio venir s’incruster dans le récif mauricien. Aurait-il été capable de prévenir le gouvernement mauricien si une petite équipe de saboteurs étrangers était venue sur un canot pneumatique ?
Si on croirait que le security adviser roule tout d’abord pour la grande Bharat et ensuite pour les roupies de la Chota Bharat, Ilango bien que dénoncé par Sherry Singh, a assisté au déploiement du dispositif de Safe City coûtant quelque Rs 19 milliards aux contribuables mauriciens et tout cela, au profit du géant Huawei. Fort heureusement, on reconnaît que les responsables de cette entreprise chinoise soient des professionnels honnêtes et consciencieux. Sinon, ils auraient obtenu les moindres renseignements sur ce qui se passe à Maurice, obtenant de ce fait un avantage colossal sur l’Inde.
Si Ilango avait mis le gouvernement en garde contre le deal Huawei, il aurait sans doute appris qu’à Maurice, il n’existe pas de barrière idéologique quand il s’agit d’argent. On ne croit pas que, durant son séjour chez nous, Ilango aurait maîtrisé le kreol au point de connaître la signification de l’expression ‘met for, gagn for’.
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