Le constat d’Afrobarometer repose, entre autres, sur le fait que dans six pays du continent, des soldats ont botté les représentants politiques dûment élus hors du pouvoir, la tentative de trois présidents qui, en raison de leur intérêt pour un troisième mandat, n’ont pas hésité à passer outre les obligations constitutionnelles ou encore le recours à diverses méthodes rien que pour harceler les partis de l’opposition.

Les événements de ces derniers jours dans le cadre du remplacement du président de l’Assemblée nationale ne font pas de la démocratie à la mauricienne un système de gouvernement idéal par excellence mais en comparaison à d’autres formes de gouvernement, à savoir un régime à parti unique, un système où ce sont les militaires qui sont à la barre ou encore une dictature, la démocratie est cependant le système qui a la préférence du peuple mauricien à quelques nuances près.

Il s’agit d’un des principaux enseignements que le dernier sondage d’Afrobarometer a permis de mettre en exergue. Nuances parce que la réponse fournie à la question concernant le niveau de satisfaction des sondés avec la démocratie indique que ce niveau est passé de 72 % en 2012 à seulement 39 % en 2024 après que le niveau de satisfaction est passé de 51 % en 2020 à seulement 32 % en 2022.

La possibilité de tâter régulièrement le pouls de la population des pays du continent africain, dont Maurice, sur différents sujets a pu se faire grâce aux concepteurs d’Afrobarometer qui, depuis 1999, disposent d’une plate-forme de recherche qui fait preuve d’indépendance par rapport au traitement des données recueillies sur place. À Maurice, c’est StraConsult qui agit comme partenaire d’Afrobarometer.

Les résultats de la dernière édition des sondages d’Afrobarometer ont été dévoilés le mercredi 17 juillet au siège de StraConsult à Port-Louis. À la question de savoir si les élus écoutent souvent/toujours les citoyens, la réponse en ce qui concerne les députés est de seulement 17 % ou de 21 % par rapport aux conseillers locaux.

Quand on parle de démocratie, cela implique obligatoirement la liberté d’exercer ses droits fondamentaux. Qu’en est-il de la situation à Maurice dans quatre domaines ? 88 % des sondés se disent libres de voter sans pression. Ils ont 70 % à avouer être libres d’adhérer à l’organisation politique de leur choix. Par contre, le chiffre baisse lorsqu’il s’agit d’exprimer son opinion librement. Car ils sont seulement 64 % à se sentir libres de manifester ouvertement leur opinion. Ils sont 55 % à considérer que les dernières élections ont été libres et se sont déroulées dans la transparence.

Bref, la population mauricienne est plus ou moins satisfaite de notre système de gouvernement mais estime qu’il mérite d’être amélioré. Cependant, s’il y a un point commun au niveau du résultat par rapport à la démocratie dans d’autres pays du continent, c’est le fait qu’on assiste graduellement à un déclin de la démocratie. Ce constat n’a pas échappé aux rédacteurs du rapport de la dernière édition d’Afrobarometer : «Depuis 2020, l’attachement à la démocratie est passé par des périodes difficiles.»

Les preuves :

● Dans six pays, les soldats ont botté hors du pouvoir des dirigeants dûment élus par le peuple ;

● trois présidents ont voulu disposer d’un troisième mandat au mépris des règles constitutionnelles ;

● le recours à des moyens subtils pour vider la démocratie de ses vertus en tentant de neutraliser le poids des mesures mises en place pour contrôler l’autorité des dirigeants sortants et en harcelant les partis de l’opposition.