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Expulsion de 15 Mauriciens des États-Unis
Shah Peerally, avocat : «Jamais vu un tel climat de frayeur en 20 ans de pratique»
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Expulsion de 15 Mauriciens des États-Unis
Shah Peerally, avocat : «Jamais vu un tel climat de frayeur en 20 ans de pratique»

Shah Peerally, avocat mauricien qui travaille aux États-Unis.
Selon les statistiques officielles des visas du U.S. Department of State’s Bureau of Consular Affairs, 15 Mauriciens, qui étaient titulaires d’un visa H2B, qui est donné aux travailleurs temporaires non agricoles, sont aux États-Unis illégalement et seront déportés. Shah Peerally, avocat mauricien spécialisé dans l’immigration qui travaille aux États-Unis depuis deux décennies, explique que ses sollicitations ont doublé depuis que Donald Trump est à la Maison Blanche.
Concernant les citoyens mauriciens, Jonathan Koehler, porte-parole de l’ambassade des États-Unis et responsable des relations publiques, explique que les États-Unis «ont reçu des garanties que Maurice acceptera ses citoyens». Il précise que l’ambassade des États-Unis n’a pas d’informations supplémentaires concernant le statut actuel de ces 15 Mauriciens identifiés par l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) comme des personnes non détenues ayant reçu des ordres d’expulsion définitifs. «Ces personnes sont en cours de rapatriement car il a été déterminé qu’ils n’avaient pas de fondement légal pour rester aux États-Unis. Toutes ces personnes ont eu l’opportunité de soulever des préoccupations en matière de protection et ont vu leurs demandes de protection jugées et finalisées», indique-t-il. L’avocat Shah Peerally va plus loin.
Il explique que les 1,4 million de personnes qui vont être déportées, parmi lesquelles figurent nos compatriotes, ont déjà eu l’occasion de défendre leurs dossiers devant toutes les instances, et que la décision finale en appel a été négative. «Ce sont ces personnes, qui étaient déjà sur la liste de déportation, qui sont concernées», dit-il. Cependant, la décision et la manière dont elle a été annoncée ont créé une frayeur chez les étrangers «undocumented» des États-Unis tout comme ceux qui sont en règle. Il précise que les États-Unis comptent environ 25 millions d’étrangers sans papier et qu’il sera impossible de tous les déporter, même dans 20 ans sinon l’économie du pays sera à terre. «Prenez l’exemple de la Californie, qui est un socle de la production agricole. Depuis que Trump a pris le pouvoir, les employés, même ceux en règle, ont peur et ne travaillent pas. Résultat, beaucoup de produits sont en train de pourrir sur place.» Idem pour le secteur de la construction.
L’avocat avance que ce qui est en train de se mettre en place est un climat de peur qu’il n’a jamais vu en 29 ans aux États-Unis et 20 ans de pratique. «Avant, j’avais environ trois sollicitations par jour. Aujourd’hui, j’en ai jusqu’à six. Et la plupart sont des personnes, qui sont bien placées comme des chercheurs ou ceux dans l’industrie informatique, qui ont leurs papiers en règle. Je leur recommande de toujours les avoir sur eux, même si ce n’est pas obligatoire.» L’autre question qu’il a, concerne le droit des enfants qui naîtront sur le sol américain.
«Depuis que le nouveau président est là, il a signé environ 200 décrets. Beaucoup ne passeront pas le test de la constitutionnalité. Mais le temps d’aller en cour, d’autres décrets tout aussi problématiques sont signés. On n’a pas le temps de finir une bataille qu’une autre se profile. Le but est de saturer le système.» L’exemple qu’il cite ce sont les agents de l’ICE, ou du Customs and Border Protection qui outrepassent leur rôle en faisant des descentes ou demandant aux personnes leurs papiers. «Le temps de mener cette pratique en cours, le mal est déjà fait. Le déséquilibre qui permet de continuer ce système de travail est déjà créé. J’ai connu plusieurs présidents, dont un premier mandat de Trump. Mais je n’ai jamais vu un tel climat.»
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