Elle l’a échappé belle. Elle a traversé la passerelle de Roche-Bois, cinq secondes avant l’accident. Sharonne Maurice (photo), 34 ans et mère de quatre enfants, se souvient encore de ce moment fatidique où elle aurait pu y passer et ne cesse de remercier Dieu. Hier, cette habitante de Roche-Bois, qui nous a accueillis chez elle, était toujours sous le choc et peinait à parler de ces souvenirs encore frais dans sa mémoire.

«Zis kouma mo fini pasé, mo’nn tann enn tapaz. Létan mo viré, mo trouv lapousier ek pon anba. Mo’nn extra per. Mo ti kapav ankor lor pasrel sa ler la. Mo ti sorti pou al travay. Kouma mo désann mo trouv sa. Sink ségonn rétar ti pou fatal», nous raconte-t-elle, la gorge nouée.

En effet, samedi après-midi, elle se rendait à son travail dans l’un des hôtels Lux, où elle exerce le métier de stewarding. «Après que le camion a percuté la passerelle, je ne savais pas quoi faire. J’étais tétanisée. Après cinq secondes où j’étais figée, j’ai couru pour descendre de la passerelle de peur que la partie toujours sur pied ne s’effondre. Ce n’est qu’une fois de l’autre côté que j’ai réalisé ce qui venait de se passer. Mon téléphone ne cessait de sonner. J’ai appelé ma mère juste après. C’est la première personne à laquelle j’ai pensé. Elle m’a dit : ‘Mo tifi dir mersi Bondié parski Bondié gran inn tir twa ladan’», nous raconte Sharonne Maurice, les larmes aux yeux. Après avoir appelé sa mère, elle a parlé avec ses enfants, dont son fils venu la rejoindre. «Mo’nn avoy mo patron vidéo-la, kan linn get sa linn dir mwa pran enn konzé pa vini akoz sé enn sok sa.»

Sharonne Maurice se remet tout doucement de ce choc et réalise peu à peu en visionnant la vidéo qu’elle revient de loin. Elle ne compte pas emprunter de sitôt la passerelle quand celle-ci sera remise en place. Ses enfants sont tout aussi conscients que leur mère revient de loin et croient eux aussi au miracle.