Il demeure le symbole de la lutte en faveur de l’utilisation du cannabis médical pour venir en aide aux patients. Shirish Rummun, un ancien haltérophile, avait même porté cette cause en justice. Bien qu’il ne soit plus parmi nous depuis ce week-end, son combat progresse. Les autorités ont réexaminé leur position. Dès cette semaine, le cannabis médical prend sa place sur la scène locale.

Véritable icône de l’haltérophilie mauricienne, Shirish Rummun a représenté son pays lors de neuf compétitions internationales. Il a notamment décroché la médaille d’or lors des Jeux des îles en 1998, qui se sont déroulés à La Réunion. Connaissant les luttes et les sacrifices, il a dû en faire beaucoup pour atteindre ses objectifs sportifs. Cependant, en décembre 2018, il a appris qu’il devait affronter une tout autre bataille, encore plus intense, celle pour sa propre vie. En effet, il a été diagnostiqué d’un cancer du sein, une maladie rare chez les hommes, et a commencé sa thérapie pour chercher la guérison.

Cependant, il avait décidé de ne pas opter pour les méthodes «traditionnelles» telles que les séances de chimiothérapie, et il avait ses raisons. Il expliquait : «Je veux éviter la mastectomie et la chimiothérapie car j’ai vu ma mère en mourir.» Cette maladie est héréditaire au sein de sa famille, sa mère, son grand-père et sa grand-mère ayant tous succombé du cancer. C’est à ce moment-là qu’il s’est tourné vers des traitements considérés comme «alternatifs». Initialement, il a exploré des soins ayurvédiques et homéopathiques en Inde, puis il a ensuite suivi des traitements à base de cannabis en Afrique du Sud en mars et avril 2019. Les médecins l’ont traité avec du tétrahydrocannabinol (THC).

Mais, ces déplacements ont engendré des coûts considérables. Il s’est retrouvé lourdement endetté. Confronté à ce dilemme financier, il a décidé de solliciter l’aide du ministère de la Santé pour l’importation de ses médicaments. Malheureusement, les autorités ont refusé sa demande, invoquant la Dangerous Drugs Act. Face à ce qu’il a perçu comme un manque de considération envers un athlète qui a fièrement représenté son pays, il a décidé de porter sa cause devant la Cour suprême. Cela a été fait le 23 décembre 2019. Dans sa plainte, il a argumenté que l’interdiction d’importer et d’utiliser ces médicaments est anticonstitutionnelle. Il a déclaré : «Cette interdiction viole mes droits humains et civils tels que décrits dans notre Constitution. J’ai le droit de vivre. J’ai le droit d’être libre.» C’est pour ces raisons qu’il a demandé à la cour de réexaminer la loi en question.

Plus de trois ans se sont écoulés depuis lors et les données ont évolué. En novembre 2022, la Dangerous Drugs (Amendment) Act 2022 a été modifiée pour permettre aux personnes nécessitant des soins d’utiliser des produits à base de cannabis à des fins thérapeutiques. Lundi, le ministre Kailesh Jagutpal a annoncé que ces produits seront disponibles dès cette semaine.

Toutefois, cette décision survient malheureusement trop tard pour Shirish Rummun, qui nous a quittés discrètement samedi dernier. Son avocat, Sanjeev Teeluckdharry, a exprimé sa frustration face à la lenteur du système judiciaire, car l’affaire est toujours en cours. Il a déclaré : «L’athlète est décédé et l’affaire est toujours en attente en cour. Cela met en lumière la lenteur de notre système judiciaire.»