Il a une fine moustache à la d’Artagnan. Ce petit mousquetaire, tout frêle, a pourtant de solides épaules. À 15 ans, il est bénévole zis partou. Il est pompier, secouriste, ‘soldat’ en herbe, notamment ; il apprend ici et là, est friand de stages. Si ça ne tenait qu’à lui, si l’âge ne faisait pas défaut, sa moustache «sourcillesque» et lui sillonneraient les régions où il y a des conflits, histoire d’atténuer les souffrances de ceux qui sont nés au mauvais endroit.

N’en déplaise aux sceptiques blasés, Shivam veut changer le monde quitte à parcourir la planète. Une douce folie qui lui est venue en tête alors qu’il avait six ans. La faute à son héros de grandpère qui a connu la Seconde Guerre mondiale et qui lui a donné un aperçu du monde absurde dans lequel nous vivons. «Mo pa konpran… Cela ne fait aucun sens. Toutes les guerres sont futiles et ce sont toujours les innocents qui paient les pots cassés.»

Lui veut essayer de réparer les âmes et panser les blessures. Le jeune homme aux grands idéaux a une idée fixe : il veut aider les autres à sa façon. À ses heures tout sauf perdues, quand il n’est pas à l’école ou en cours particuliers, il est pompier volontaire, secouriste. Entre, il fait parfois respectueusement du bouche-à-bouche à sa copine, sa chérie. St John Ambulance, CroixRouge, Casernes des soldats du feu ; l’ado sensiblement timide à la moustache tracée au crayon 2B bien aiguisé n’aime pas qu’on parle de lui (NdlR, ces ‘aveux’ ont été obtenus à la force de la persuasion).

Pourquoi ne pas aller en boîte au lieu de se consacrer à la trousse de secours ? Il a du mal à l’expliquer. Les gènes y sont-ils pour quelque chose ? Sans doute. Sa maman est infirmière, sa sœur suit les traces de celle-ci. Son papa menuisier fait feu de tout bois, lui aussi. Pourquoi consacrer son temps au bénévolat alors qu’il pourrait faire plus ample connaissance, comme ses potes, avec Mia Khalifa ? «Mo amizé ek kamarad kan bizin. Mo pa enn saint nanyé. Mé mo gagn plis satisfaksyon kan mo ed lézot…»

Ce que le collégien veut faire quand il sera plus grand ? Il n’en sait fichtre rien pour le moment avoue-t-il avec un sourire qui recourbe sa «moustachette» à peine majeure. Une certitude : «Mo anvi ed dimounn…»