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Questions à… Sudesh Rughoobur

«Si j’avais obtenu un ticket, tout serait pour le mieux»

9 septembre 2024, 20:58

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«Si j’avais obtenu un ticket, tout serait pour le mieux»

Sudesh Rughoobur souhaite être au Parlement. Cet ancien élu du Mouvement socialiste militant (MSM) qui s’est joint au Mouvement militant mauricien (MMM), quelques mois après les élections générales de 2019, a démissionné de ce parti quand il a appris qu’il n’aura pas d’investiture. Il se dit triste mais ne compte pas faire comme les autres, critiquer à tort et à travers son ancien parti. Il n’a obtenu aucune garantie du MSM pour être candidat dans la circonscription de Grand-Baie–Poudre-d’Or (n° 6) et il précise qu’il ne sera pas candidat sous un autre bloc ou en indépendant. Pour rappel, il avait participé aux élections de 2019 sous la bannière du Regroupement socialiste militant (RSM) et avait obtenu 4 849 voix.

Silencieux depuis votre démission du Mouvement militant mauricien, vous avez décidé de briser ce silence en nous accordant cette interview. C’est parce que vous n’avez pas obtenu de ticket de l’alliance de l’opposition MMM-PTr-Nouveaux démocrates que vous avez soumis votre démission ?

Je ne passerai pas par quatre chemins pour vous répondre que, principalement, oui.

Pourtant, quelques jours après votre démission, vous avez signifié votre intention de demeurer au sein du MMM. Pourquoi ?

J’ai démissionné du MMM au début du mois d’août. Je me suis donné un temps de réflexion. Durant cette période, beaucoup au bureau politique du parti m’ont approché et m’ont prié de reconsidérer ma démission. Effectivement, j’ai informé la direction du parti que je comptais reconsidérer ma démission.

Mais pas pour longtemps. Car quelques jours après, vous avez confirmé cette démission. Il ne faut pas être sorcier pour dire que vous avez sans doute obtenu un ticket du MSM. N’est-ce pas ?

Non. Je sais bien, comme d’autres d’ailleurs, que c’est le leader de ce parti, Pravind Jugnauth, qui décide qui aura une investiture ou non. À l’heure où nous parlons (NdlR : samedi soir), je n’ai obtenu aucune garantie de lui que je serai candidat sous la bannière du MSM aux prochaines élections générales. Je suis sur le terrain dans la circonscription de Grand-Baie–Poudre-d’Or et je poursuis mon travail. Seul l’avenir dira si je serai candidat du MSM ou non.

Revenons sur votre démission du MMM. Vous êtes retourné avec ce parti quelques mois après les élections de 2019. Estimez-vous que vous avez été trahi, comme d’autres démissionnaires ?

Trahi non. Je suis plutôt triste. Je me suis beaucoup investi, en termes de temps surtout. Financièrement également, mais pour cela je n’ai aucun regret, car politicien ou pas, j’aime venir en aide à des personnes. Je le fais également pour celles qui n’habitent pas dans la circonscription n° 6. Je suis triste car j’ai été sacrifié sur l’autel de considérations casteistes et cela en 2024…

Mais ne saviez-vous pas avant que le député Mahend Gungapersad dans cette circonscription a le même profil ethnique que vous et que cela allait poser problème ?

D’autant plus qu’il fait figure d’épouvantail au no 6… Je connais le n° 6 depuis 18 ans. J’ai été élu en 2014 et j’ai mieux connu les gens de cette circonscription. Je les ai beaucoup aidés. Jamais je n’ai pris en considération la communauté des personnes et encore moins leur profil ethnique pour apporter mon aide. Comme on dit en kreol, dan mo kafe pena triaz. Si je devais être sacrifié pour d’autres raisons, ok, mais sacrifié pour la simple raison qu’on ne peut aligner deux candidats du même profil ethnique !

Plusieurs ont démissionné du MMM parce qu’ils n’ont pas obtenu de ticket. Pensez-vous que le seul critère c’est d’être candidat pour faire de la politique ?

Je sais que des amis ont aussi pris leurs distances du MMM. Ils ont expliqué leurs raisons. Moi, je ne vais pas critiquer mon ancien parti, encore moins mon ancien leader. Ce n’est pas dans mes habitudes de donner des coups bas. J’ai démissionné et je suis en bons termes avec plusieurs Mauves et jamais je ne lancerai des critiques sous la ceinture envers qui que ce soit. Car si j’avais obtenu un ticket, tout serait pour le mieux, n’est-ce pas ? D’ailleurs, quand le MSM ne m’avait pas offert d’investiture en 2019, j’ai été candidat sous la bannière du Regroupement socialiste militant et tous ceux qui m’ont suivi peuvent témoigner que je n’étais pas descendu bas contre mon ancien parti.

Est-ce que quand le MMM vous a informé que vous ne serez pas candidat au n° 6, ce parti vous a proposé une autre circonscription ?

Non. Et je dirai en toute humilité que je n’aurais pas accepté. C’est à Grand-Baie–Poudre-d’Or, circonscription avec laquelle je file un parfait amour, que j’ai commencé mon combat et c’est là que je le poursuis et le poursuivrai.

Si vous n’avez pas de ticket du MSM, serez-vous candidat sous un autre bloc ou en indépendant ?

Non. J’avais grand espoir que j’allais être candidat sous la bannière du PTr-MMM-ND. Maintenant j’espère que je serai au MSM. Pas question d’être candidat indépendant ou candidat sous un autre bloc. Car pour être élu, il faut faire partie de l’une de ces alliances. Si jamais le MSM refuse de me donner un ticket, je serai hors de course. Car la vie ne s’arrête pas là. Il y aura d’autres élections. Je suis relativement jeune, comparé aux candidats qui vont être alignés. J’aurai encore ma chance.

Si vous n’êtes pas candidat, donnerez-vous des directives pour voter tel ou tel bloc ?

Non. Jamais. J’ai beaucoup d’estime pour tous ceux qui aspirent à être candidats. Que ce soit dans le PTr, le MMM ou le MSM, j’ai beaucoup de respect pour eux et je crois que c’est réciproque.

Justement, quand vous parlez du MSM, on sait qu’Anjiv Ramdhany, qui a le même profil que vous, serait sacrifié si vous obtenez une investiture du MSM. Qu’en pensez-vous ?

Encore une fois, je vous dirai que c’est Pravind Jugnauth qui décidera. Je crois qu’à ce jour, personne, même pas les actuels élus, ne sait qui sera candidat. Alors attendons.

Pourquoi cette envie et cette insistance d’être candidat à tout prix ?

Ne pensez-vous pas que quelqu’un peut aider ou servir son parti et surtout son pays en d’autres capacités ? Non, c’est au Parlement qu’on peut mieux aider son pays. C’est là-bas qu’on prend des décisions. Savez-vous que plusieurs personnes m’ont approché et m’ont dit que si je ne suis pas candidat, j’obtiendrais un poste comme récompense ? Non, Sudesh Rughoobur n’est pas un roder bout et il ne le sera jamais. Et je ne suis pas un opportuniste. Je peux vivre sans ces postes. Ma place est au Parlement. Un point c’est tout.

Mais vous avez eu la chance d’être parlementaire. Avez-vous bien joué votre rôle ?

Je sais que vous avez suivi les travaux parlementaires régulièrement quand j’étais député. Vous savez bien que je n’ai jamais hésité à dire des choses que certains n’auraient pas dit. C’est surtout au niveau de ma circonscription. Un de mes combats a été contre l’accaparement de la plage d’Anse-la-Raie. Il y a aussi la construction sur les wetlands. N’oubliez pas que j’avais interrogé le Deputy Prime Minister d’alors sur les travaux de la Wastewater Management Authority à Grand-Baie. J’avais fait tout cela dans l’intérêt de mes mandants. C’est justement au Parlement qu’on peut mener ce genre de campagne. C’est pourquoi je compte être à l’Assemblée nationale.

Jusqu’à votre démission du MMM, vous avez été très critique envers le régime en place. Si jamais vous obtenez une investiture de ce parti, serez-vous à l’aise ?

À Maurice et à travers le monde des gens critiquent un parti et ensuite s’y joignent. Je ne serai pas le premier ni le dernier. Quand quelqu’un a en tête l’intérêt de son pays et de sa population avant tout, le but est d’être au Parlement pour apporter son aide.

À quelques mois des élections générales, si vous êtes sur le terrain constamment, comment voyez-vous la situation pour ces deux grands blocs ?

Permettez-moi d’emprunter un terme anglais pour vous répondre. It will be a tough election. C’est la qualité des candidats qui fera la différence !