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2023
Skandal lor skandal!
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2023
Skandal lor skandal!
On n’y a pas échappé. Comme chaque année, 2023 a apporté son lot de scandales et de polémiques. Certes, ce n’est pas un phénomène nouveau à Maurice, mais certains épisodes du feuilleton annuel ont tenu la population en haleine plus que d’autres. Rétrospective.
DIP père et fils VS DPP
Les Mauriciens célébraient encore le Nouvel An quand ils ont appris que Chandra Prakashsing Dip, le fils de l’actuel commissaire de police (CP), avait obtenu, en décembre 2022, la grâce présidentielle. Condamné à 12 mois de prison pour une fraude à hauteur de Rs 80 millions au préjudice de l’ancienne Bramer Bank, il a été gracié par la Commission de pourvoi en grâce. Sa peine a été commuée à une amende de Rs 100 000… Cette décision est contestée par le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP). Du coup, après d’autres décisions, le CP est entré en conflit avec le DPP et ce sera au judiciaire de trancher.
Conseils de districts : quels dommages !
La compagnie Alphamix obtient des dommages de Rs 437 millions… Voilà encore une histoire à dormir debout. En 2003, le conseil de district de Pamplemousses–Rivière-du-Rempart fait construire un marché à Rivière-duRempart. Il doit à la compagnie une somme de Rs 8,2 millions mais refuse de payer cette somme estimant que le complexe comprend des défauts structurels et qu’il y a du retard dans la livraison. La compagnie entre une affaire en cour. Des arbitres sont nommés pour trancher dans le vif. Mais aucune entente n’est trouvée. La compagnie estime que le conseil de district lui doit des intérêts sur la somme due, fait appel au Privy Council et 20 ans après, obtient gain de cause. Elle recevra des dommages de Rs 437 millions.
Par ailleurs, au conseil de district de Moka, le conseiller de district du village de La Laura, Kishore Ramkhalawon, parle d’un système défectueux au sujet des procédures d’urgence sur l’octroi des contrats pour le nettoyage des drains. On fait référence à Soopramanien Kistnen qui, selon certains, dénonçaient l’octroi des contrats pour des projets dans la circonscription de Moka–Quartier-Militaire, soit au no 8.
Avinash Gopee et ses projets controversés
Considéré comme le blue-eyed boy du pouvoir, Avinash Gopee et ses projets ont fait l’objet de nombreuses contestations cette année. Il a convoité le terrain accordé à la Fédération tamoule à Réduit et sa maison de retraite, Le Luxury Retirement Village, a obtenu un permis pour abriter un centre médical. Durant les dernières semaines, une compagnie appartenant à la famille Gopee avait obtenu le feu vert de l’Economic Development Board (EDB) pour un projet hôtelier à Anse-la-Raie. Mais face à la pression populaire, il a abandonné le projet. Il y a eu aussi la question de la location d’un bâtiment lui appartenant, à Ébène. Un bâtiment loué à Rs 3,59 millions à l’EDB.
Complaisance autour des bateaux de Plaisance
La société OTF Exports Ltd, appartenant aux proches du ministre Vikram Hurdoyal, a obtenu trois permis pour opérer des bateaux de plaisance. Il en est de même pour le fils d’Ivan Collendavelloo, Irwin. Répondant à une question parlementaire en novembre dernier, le ministre du Tourisme a indiqué que les compagnies avaient répondu à tous les critères établis par la Tourism Authority. Quels sont les critères et pourquoi ces proches du régime ont-ils été favorisés ? Seuls ceux qui accordent ces permis, des nominés politiques, peuvent y répondre.
Carte d’identité : Joue-t-on carte sur table ?
Dans un premier temps, on avait annoncé que le projet de la nouvelle carte d’identité ne dépassera pas les Rs 600 millions. On évoque maintenant un chiffre s’approchant d’un milliard. Il y avait des allégations qu’un ministre et deux cadres d’une compagnie allaient bénéficier d’un pot-de-vin de Rs 27 millions, Mais celui qui avait annoncé cette nouvelle, Roshi Bhadain, n’a pu prouver ses dires. Il affirme tout de même qu’il a réussi faire capoter cette tentative de pot-de-vin. Si au Parlement, le Premier ministre a affirmé que la nouvelle carte d’identité contiendrait une puce et un code-barres qui permettront sa validation via un lecteur ou une application mobile et que la carte sera plus sécurisée, des spécialistes en technologie soutiennent qu’il n’y avait nul besoin de changer toute la carte… Selon eux, il n’y avait qu’à ajouter de nouveaux features.
Chid Rughoobar, l’ex-syndicaliste de la BoM persécuté
Voilà un jeune syndicaliste qui a milité en faveur de ses collègues mais qui, au final, a dû faire face à des tracasseries administratives, devant même se présenter devant un comité disciplinaire. Il s’agit de Chid Rughoobar. Syndicaliste de la Bank of Mauritius (BoM) Employees Union, il avait demandé la constitution d’un joint negociating committee pour une révision de conditions de service des employés de la BoM. La direction a fait la sourde oreille et le syndicat a dû recourir à l’Employment Relations Tribunal car, selon lui, la BoM ne respectait pas la loi du travail. Chid Rughoobar a fait l’objet de persécutions de la part de son employeur et il avait été appelé à se présenter devant un comité disciplinaire.
SIT et les déficits
La saga continue de plus belle au Sugar Investment Trust. Les pertes s’accumulent et le dernier rapport qui date de 2020 fait état de déficits de l’ordre de Rs 200 millions. Par ailleurs, le président du board, Harrydatt Ramnarain, accusé dans l’affaire stag party, a dû démissionner. Des actionnaires, soit des planteurs, parlent de l’absence des dividendes depuis quelques années.
Emmanuel Anquetil building : L’arbre qui cache la (mini) forêt
Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, lors de son discours budgétaire annonce que le Registrar Building – ou le bâtiment Emmanuel Anquetil – sis à la rue SSR à Port-Louis, sera démoli et remplacé par une mini-forêt. Une annonce qui résonne comme un coup de tonnerre par de nombreux Mauriciens. Le leader de l’opposition adresse une Private Notice Question au ministre des Infrastructures publiques et on apprend qu’une certaine somme avait été budgétée pour la rénovation de ce bâtiment construit à la fin des années 70. Pourquoi annonce-t-on sa démolition alors qu’on le rénove en même temps ? On ne sait pas si les autorités reviendront sur leur décision mais tout cela n’a rien de cohérent, affirme-t-on de part et d’autre.
CWA et «contr-eau-verses»
On parle de l’ingérence politique et de manque de communication dans la gestion de Central Water Authority (CWA). En l’espace de quelques mois, une trentaine d’employés ont quitté cet organisme. Presque tous sont partis en raison de la persistance de cette ingérence politique.
Il y a eu des polémiques concernant l’eau embouteillée et si cela ne concerne pas la CWA, ce sont des compagnies qui ont été montrées du doigt. Certains parlent de connivence avec l’organisme, censé veiller à la qualité de ces eaux embouteillées. Il y a eu des interdictions temporaires pour la vente de certaines marques, mais point de sanction contre ces compagnies. Il doit certainement avoir une raison pour ne pas les sanctionner, non ? Sans parler des pénuries d’eau constatées, notamment à Camp-Levieux récemment, où des manifestations ont eu lieu.
Hippisme : L’amateurisme en selle
Voilà une décision que les autorités doivent regretter. Celle de confier l’organisation des courses à People’s Turf PLC. D’abord, avec le désintérêt des turfistes, le gouvernement subit un manque à gagner au niveau de la betting tax. Ensuite, la façon dont certaines courses sont organisées est qualifiée de choquante. Entre un jockey qui écope d’une suspension mais qui continue à piloter des chevaux avant d’être reconnu coupable, des images de vidéo montrant comment l’organisateur tente de faire évacuer les eaux pluviales de la piste – soit à l’aide d’un rouleau compresseur – l’état de la piste, des bagarres sanglantes, la façon dont les chevaux sont traités et des polémiques à n’en plus finir, tous s’accordent à dire que c’est de l’amateurisme.
Logement : des millions à l’eau
Il y a ces logements de la National Housing Development Co. Ltd, nouvellement construits, qui ont été submergés d’eau, surtout dans l’ouest du pays. Et les nouvelles sont loin d’être bonnes avec cet organisme qu’est la New Social Living Development Ltd. Le projet de la construction de 12 000 maisons a mal débuté. Des appels d’offres pour la construction de ces logements ont été annulés, car le prix d’une unité revenait à très cher, jusqu’à Rs 6 millions selon le leader de l’opposition. Du coup, il fallait relancer des appels d’offres et on estime que près d’un demimilliard de roupies de l’argent public a été jeté à l’eau. On parle également des salaires mirobolants du Chief Executive Officer de cette compagnie et de certaines catégories d’employés sous contrat. Maintenant que des chantiers ont été ouverts dans plusieurs endroits du pays, il semble qu’il y ait une course contre la montre pour que ces logements sortent de terre d’ici juillet 2024 comme prévu.
La Mauritius Film Development corporation et les navets
Une Private Notice Question du leader de l’opposition a démontré comment le Film Rebate Scheme a fait perdre de l’argent à l’Etat. De nombreux producteurs étrangers ont profité de ce plan mis sur pied par l’EDB mais, au final, cela n’a pas apporté grand-chose au pays. La Mauritius Film Development Corporation est montrée du doigt, surtout pour ses manœuvres politiques en vue de la prochaine campagne électorale.
Les vimenleaks éclaboussent la police
L’ancien entraîneur de muay-thaï Vimen Sabapati avait rendu public un enregistrement quelque mois après son arrestation par la Special Striking Team. La bande sonore comprenait une conversation entre Vimen Sabapati et un constable ainsi qu’un inspecteur de police. Il était question de «bonnes» relations qu’entretiendrait l’ASP Ashik Jagai et Jean Hubert Celerine, dit Franklin. La conversation tournait également autour des perquisitions effectuées chez Vimen Sabapati et de la découverte d’armes à la montagne Corps de Garde, mais que la police n’aurait pas toutes déclarées. L’une de ces armes, selon la conversation, devait être «retrouvée» chez le chanteur du groupe 666 Armada, Raquel Jolicoeur, lors d’une perquisition. L’inspecteur de police devait également dire que la drogue saisie chez Bruneau Laurette aurait été obtenue auprès de Franklin.
Riz Ration : Les consommateurs rient jaune
Le riz «ration» est devenu une denrée rare depuis plusieurs mois. Bien que la State Trading Corporation faisait croire que ce type de riz était présent dans le commerce, des Mauriciens ont dû se rabattre sur du pain, des mines et des macaronis à la place. D’ailleurs, à vendredi, de nombreux commerces n’avaient toujours pas de riz «ration» à proposer aux consommateurs.
Extended programme : L’échec
Lors d’une Private Notice Question de XavierLuc Duval en mai, le public a appris que sur les 3 291 ayant pris part aux examens de l’Extended Programme en 2022, il n’y a eu que 71 élèves qui ont réussi après quatre ans d’études. Ces enfants n’avaient pas réussi non plus leurs examens de Grade 6.
Franklin et sa solide carapace
Jean Hubert Celerine, alias Franklin, était un inconnu ne sachant pas lire… Mais qui possède plusieurs business et une grande maison dans l’Ouest. Il a fallu qu’il anime une conférence de presse à sa descente d’avion pour répondre à ceux qui l’associaient au trafic de drogue pour attirer l’attention sur lui. D’ailleurs, l’express a été le premier à révéler que Franklin avait été condamné à La Réunion pour trafic de drogue en 2021. Le tribunal réunionnais avait également condamné Jérémy Désiré Décidé, alias Nono, dans cette affaire. À la page 32 du jugement du 2 juillet 2021, la présidente du tribunal de StDenis de La Réunion, Carole Meunier Lemas, parlait d’une commission rogatoire internationale délivrée aux autorités mauriciennes par celles de l’île sœur «aux fins notamment de procéder à l’interpellation de Franklin et Jérémy Décidé». Toutefois, le dossier est resté dans un tiroir du bureau de l’Attorney General à Maurice. Il a fallu que la presse en parle pour que les choses commencent à bouger en février de cette année.
Stag party : Dhaliah perd ses bois, Maneesh Gobin sauvé
Le député Rajanah Dhaliah a dû démissionner de son poste de secrétaire parlementaire privé en août dernier après qu’il a été interrogé puis inculpé par la commission anticorruption dans l’affaire stag party. Cette affaire concerne l’octroi à bail de 733 arpents de terres de l’État à Eco Deer Park Association dans la région de Grand-Bassin. Un des dénonciateurs dans cette affaire a affirmé qu’il aurait remis la somme de Rs 3,2 millions à Rajesh Ramnarain et à Rajanah Dhaliah pour le renouvellement du bail de ce terrain qui tombe sous la responsabilité du ministère de l’Agro-industrie. D’après ce témoin, Rajanah Dhaliah et le ministre de l’Agriculture d’alors, Maneesh Gobin, auraient participé à une fête au ranch de l’Eco Deer Park Association et le ministre aurait pris notamment du cerf pour ramener à la maison, alors que du Black Label coulait à flots lors de la fête. Vicky Giovani Juliette était le vice-président de l’association. Il est soupçonné d’être le prête-nom de Franklin. Jusqu’ici, Maneesh Gobin n’a pas été inquiété par la commission anticorruption. D’ailleurs, Pravind Jugnauth n’a cessé de le défendre.
Corexsolar et les câbles troublants
L’affaire a fait grand bruit. D’abord, la députée Joanna Bérénger ensuite son collègue Patrick Assirvaden ont fait état du fait que la compagnie réunionnaise Corexsolar a obtenu un contrat pour la création d’un parc de photovoltaïque afin de vendre l’électricité au Central Electricity Board (CEB). Le deal tournait autour de Rs 5 milliards. Toutefois, la compagnie réunionnaise n’avait pas de terrain quand elle avait soumis son offre au CEB. Elle avait dans un premier temps identifié un terrain à Belle-Vue, mais le propriétaire n’avait pas donné son accord pour la location. Une des conditions pour l’allocation de ce contrat est que les participants doivent soumettre une preuve démontrant qu’ils sont propriétaires d’un terrain ou qu’ils ont à leur disposition un terrain d’une certaine superficie. Le conseiller légal du CEB avait demandé à son client d’annuler le contrat dans un premier temps, mais le cabinet d’avocats a revu sa position plus tard. Corexsolar avait identifié un autre terrain à Baie-duTombeau, mais au mois d’octobre, il ne l’avait pas encore obtenu.
Silver Bank : Bye-bye argent
La Silver Bank, anciennement la Banian Tree Bank, est confrontée à un gros scandale. Des déposants, dont la Mauritius Housing Corporation, les municipalités de Port-Louis et de Curepipe ont vu leurs dépôts se volatiliser. Un Indien, Prateek Gupta, a été accusé d’une fraude de quelque Rs 26 milliards à l’encontre d’une société de courtage dans la foulée.
Nominations de personnes sans qualifications
Presley Paul a dû démissionner de son poste directeur général de la Mauritius Cargo Handling Corporation en juin de cette année après que le leader de l’opposition, XavierLuc Duval, a demandé des détails sur ses qualifications au Premier ministre Pravind Jugnauth, au Parlement. Il n’avait pas les diplômes nécessaires alors qu’il a été nommé à ce poste en 2020. Quelques semaines plus tard, Zaid Heera, qui était le directeur général de la Mauritius Meat Authority, devait lui aussi partir pour la même raison. Ils avaient touché leur salaire de directeurs généraux pendant qu’ils étaient en poste. Il y a aussi l’affaire Hans Margueritte, qui a démissionné de son poste de CEO de la National Empowerment Foundation. Il avait été submergé de critiques suite à une question parlementaire, qui a révélé que l’ancien maire de Curepipe a étudié jusqu’à la Form V et qu’il percevait un salaire de Rs 123 000, sans compter les allocations.
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