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Unité des soins palliatifs mère Marie-Augustine
Soulager la douleur et les symptômes liés aux maladies graves et incurables
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Unité des soins palliatifs mère Marie-Augustine
Soulager la douleur et les symptômes liés aux maladies graves et incurables
Ce soir, dans le cadre de la Journée mondiale des soins palliatifs 2023, la Fondation Mère Marie-Augustine, qui existe depuis un an dans le but de pouvoir offrir totalement ou partiellement des soins palliatifs aux personnes nécessiteuses et souffrant d’une maladie grave et incurable, organise son dîner caritatif au Domaine des Aubineaux à Forest-Side. C’est l’occasion rêvée pour vous faire visiter l’unité des soins palliatifs Mère Marie-Augustine de la clinique Ferrière de Bon Secours à Curepipe.
Au premier étage
La réception
L’ascenseur vous emmène au premier étage et ses portes s’ouvrent sur la réception où l’accueil est bienveillant.
Le bureau des médecins
À gauche de l’ascenseur se trouve le bureau des médecins Maëva l’Enclume et Anne-Sophie Jérome, généralistes formées en soins palliatifs par le Dr Claude Grange, praticien hospitalier spécialisé en médecine palliative. Mardi, lors de notre visite, la Dr l’Enclume est de service. Cette généraliste, qui a étudié la médecine au SSR Medical College, a fait un internat de 18 mois à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo avant de postuler auprès de plusieurs institutions. Recrutée par la clinique Ferrière en 2018, elle apprécie la touche humaine qu’offre l’établissement. C’est aussi là qu’elle a pu constater des pratiques d’acharnement thérapeutique qui l’ont marquée. Elle a aussi été confrontée à la difficulté de devoir annoncer de mauvaises nouvelles aux familles. Lorsque la formation aux soins palliatifs a été proposée, avec, à la clé, la soumission d’un mémoire sur des cas cliniques, elle a accepté de la suivre.«Et puis, j’étais curieuse de voir en quoi consistaient les soins palliatifs. Sans compter qu’une formation n’est jamais de trop.» Elle a rejoint l’unité des soins palliatifs dès son ouverture et ne le regrette pas car «quand le patient arrive, notre priorité est de soulager sa douleur, de même que les symptômes qui lui rendaient la vie inconfortable. Et là, c’est une victoire pour moi».
Le poste des soins
Juste à côté se trouve le poste des soins où le personnel qualifié dénombré à huit, soit quatre infirmières et quatre aides-soignantes, travaillent en binôme. Mardi, nous croisons l’aide-soignante Dominique Sadou et la soeur Yuliana, religieuse du Bon Secours qui est aussi infirmière et originaire d’Indonésie. Il y a aussi l’infirmière bénévole française Clémence Guillet, qui y travaille depuis un an et deux mois et qui vit au couvent des sœurs de Bon Secours. Deux autres religieuses sont infirmières dans cette unité, à savoir les sœurs indiennes Joji et Annam. En face de cette salle se trouve le bureau du directeur médical de l’unité, le Dr Vicky Naga. Et attenant celuici, nous visitons le bureau de la psychologue Safia Adamjee.
Les chambres
Sur le même palier, il y a 12 chambres standards aux couleurs murales apaisantes, dotées de lits médicalisés, de télécommandes, de sonnettes, de téléviseurs et d’armoires de rangement. Chaque chambre a sa propre salle de bains en suite, aménagée pour accueillir des malades ayant des problèmes de mobilité. Chaque chambre porte un nom de plante médicinale, notamment Orangine, Plantain, Romarin, Saponaire, Tulsi, Camomille, Verveine, Moringa et Menthe, pour ne citer que ceux-là. Et derrière la porte de chaque chambre, il y a une note explicative sur les bienfaits de la plante médicinale en question.
La salle de bain thérapeutique
La salle de bain thérapeutique est particulièrement appréciée des malades, comme l’explique l’aide-soignante Dominique Sadou. Elle comprend une baignoire automatisée à ultra-sons et son boléro, sorte de couchette mobile sur roues. Le patient est récupéré en chambre et placé sur le boléro, qui est poussé jusqu’à la salle de bain thérapeutique. Le malade a alors le choix entre deux types de jets, celui à pression et celui qui fait des vagues. La température de l’eau est ajustée en fonction de son goût. Le boléro est surélevé et rabaissé dans la baignoire où les jets d’eau chaude aident à relâcher les muscles et apaisent les douleurs. La lampe à abat-jour dispense une lumière tamisée tandis qu’un diffuseur d’huile essentielle relaxante est allumé. Le patient a la possibilité d’écouter la musique de son choix. Cela va du classique à la pop, du rock au jazz ou encore les chansons de Bollywood. Il peut rester dans l’eau le temps qu’il veut. «Cela peut aller d’une demi-heure à deux heures. Tout dépend du patient», précise Dominique Sadou, aide-soignante depuis sept ans. «J’étais dans une autre clinique privée et puis, je suis venue à la clinique Ferrière pour les soins palliatifs.» Elle apprécie cette proximité avec les patients, qui sont touchants, de même qu’avec leurs familles. «Contrairement à ce que l’on pense, dans cette unité, il y a de la joie. On fête les anniversaires, des mariages, les jours importants pour les patients. On s’attache aux personnes.» Elle est en dernière année d’études de travail social à l’Open University. Sachant que l’équipe de l’unité des soins palliatifs se complète généralement avec une assistante sociale, elle espère pouvoir rester et exercer en tant que tel une fois son diplôme universitaire obtenu.
La salle de concertation pluridisciplinaire
Chaque semaine, le personnel de l’unité (directeur médical, médecins, infirmières, aides-soignantes, psychologue) se rencontre dans la salle de concertation pluridisciplinaire et discute du cas de chaque patient. Même si le médecin a le mot final, il écoute le personnel qui lui donne un feed-back sur chaque patient. À ce moment-là, il peut arriver que le traitement soit ajusté en fonction de ces retours du personnel soignant.
Deuxième étage
Le coin des familles
Le deuxième étage s’ouvre sur le coin des familles. Ce coin comprend deux grandes salles avec tables et chaises et des fauteuils confortables, qui peuvent accueillir les proches des patients. Là, ils peuvent souffler devant une boisson chaude ou grignoter un gâteau acheté à la cafétéria, située au rez-de-chaussée de la clinique.
La chambre des visiteurs
Bien qu’il y ait un canapé-lit dans chaque chambre, le deuxième étage abrite aussi une chambre avec deux lits pour les proches d’un patient qui souhaiteraient rester sur place. Juste à côté se trouvent une salle de bains et des toilettes.
Les terrasses
Le malade ou ses proches peuvent venir prendre l’air sur une des deux terrasses où poussent en pots des plantes médicinales ayant donné leur nom aux chambres. Des plantes endémiques y figurent aussi, notamment le café marron.
La salle de formation
Cet étage abrite aussi la salle de formation Augustin Grange, nommée ainsi en mémoire du bébé du Dr Grange et de son épouse, décédé de mort subite du nourrisson, il y a une trentaine d’années. Cette salle qui dispose d’un écran tactile et d’équipements de visioconférence peut accueillir jusqu’à 80 personnes. C’est là qu’ont lieu les formations en soins palliatifs et samedi dernier, s’y est tenu le premier congrès régional sur les soins palliatifs, organisé conjointement par la clinique et la Société des médecins et des dentistes de l’École française. Cette salle peut aussi être louée pour la tenue de formations médicales et de gestion.
Le Dr Vicky Naga, directeur médical de l’unité
Ce gériatre de 46 ans, spécialisé en soins palliatifs, est originaire de Brisée-Verdière. Il est marié à Kawshall, enseignante et artiste, toujours présente pour le soutenir. Au départ, ce sont ses parents qui ont poussé cet élève du collège Royal de Port-Louis vers la médecine.Il a opté pour la formation médicale française à l’université de Bordeaux en raison de l’excellence du niveau de l’enseignement et de la gratuité des cours. Il a toutefois dû passer le concours d’entrée qui, avoue-t-il, était très dur. Mais il l’a tout de même réussi du premier coup. Ladite formation ne comprenait que quelques heures de cours en soins palliatifs. Ayant réussi ses études de médecine, il a regagné Maurice à la fin 2006 et a rejoint l’hôpital de Flacq. Les manquements dans la prise en charge de la douleur et l’absence de soins palliatifs lui ont fait réaliser qu’il n’y avait pas de gériatre ni de spécialiste de soins palliatifs à Maurice. Il est donc reparti pour la France pour étudier la gériatrie à l’université de Bordeaux. Pendant sept ans, il a exercé au Centre hospitalier de Marmande dans le service de médecine interne où il a vu de nombreux patients en soins palliatifs. Il a migré sur La Réunion pour travailler dans une structure d’hospitalisation à domicile auprès de l’Association des soins à domicile à La Réunion (ASDR).
Il a repris ses études et a obtenu un diplôme universitaire en prise en charge de la douleur. Il a ensuite cumulé la responsabilité de praticien hospitalier et praticien attaché au Centre hospitalier universitaire de La Réunion. C’est à travers Matthieu Tercinier, infirmier et gendre du Dr Grange, qu’il a rencontré ce dernier et a appris que celui-ci venait à Maurice pour mettre en place une unité de soins palliatifs à la clinique Ferrière de Bon Secours en compagnie du Dr Jean Michel Chollet. Et comme le Dr Naga voulait rentrer au pays, c’était le professionnel providentiel. De 2021 à 2022, le Dr Naga a occupé le poste de chef de l’unité des soins palliatifs à la clinique Ferrière et depuis janvier, il exerce comme directeur médical.
L’unité a accueilli jusqu’ici plus d’une centaine de patients. Le premier patient était un trentenaire souffrant d’une tumeur inopérable au cerveau. «Nous avons traité sa douleur, de même que ses symptômes. Il est mort quelques jours après.» Le motif principal d’admission au sein de cette unité concerne la prise en charge de la douleur. Dans 90 % des cas, c’est lié à un cancer. Des femmes en majorité, dont la moyenne d’âge est de 65 ans, en sont les plus affectées. La durée moyenne du séjour est de cinq jours, mais un patient dont l’équipe avait stabilisé la douleur et avait fait disparaître les symptômes, n’a pas voulu rentrer chez lui au bout de deux semaines. «Il est resté plus de deux mois avant de mourirchez nous.»
Il n’est pas souhaitable d’admettre dans l’unité un patient qui est encore en phase d’exploration. «On peut prendre un patient gravement malade pour donner un répit à la famille mais notre raison d’être est d’assurer les meilleures et justes soins pour ces personnes gravement malades.» Le but de l’unité n’est pas de garder les patients le plus longtemps possible. «Une personne peut avoir une maladie grave et incurable mais avoir une espérance de vie longue. Nous allons simplement traiter sa douleur, de même que les symptômes associés et le renvoyer chez lui dès qu’il ne souffre plus.»
Les patients leur sont adressés davantage par les familles et par le bouche-à-oreille. Lorsque la famille lui demande de mettre le patient malade, transféré à l’unité, sous perfusion d’hydratation artificielle et vitaminée, cette demande est questionnée en équipe et ne sera appliquée que s’il y a un bénéfice pour le patient. «On sait très bien que lorsque la maladie est à un stade avancé, les perfusions de sérum et de vitamines font plus de tort que de bien et accentuent les douleurs. On doit alors expliquer aux familles pourquoi on arrête l’hydratation artificielle au profit de l’hydratation buccale, soit de l’eau en petites quantités dans la bouche et d’autres soins de bouche.»
«Vivants»: Pour honorer la médecine qui n’abandonne pas les inguérissables
Entre 2020 et 2022, le réalisateur Victor Grange, fils du Dr Grange, a tourné un documentaire au sein de l’unité des soins palliatifs de l’hôpital de Houdan, dirigée par son père. Unité qui comprend dix lits, trois médecins, un psychologue et six infirmières et aides-soignantes travaillant en binôme. Victor Grange, qui est né juste après Augustin, le fils de Claude et Sylvie Grange, décédé de mort subite du nourrisson, a voulu articuler ce film autour de l’histoire familiale et de témoignages de trois patients aujourd’hui décédés, qui ont été pris en charge par l’unité. Le Dr Grange lui a ouvert les portes du service car «on est dans une société de l’image et il est important que les journalistes puissent témoigner de ce que l’on fait pour aider à faire changer les mentalités». Ce documentaire visionné par le Dr Grange une semaine avant sa projection à la famille, à l’unité de l’hôpital de Houdan et ensuite à la salle Balzac à Paris, a été vu et loué par la ministre des Professions de santé en France. Ce film sera visionné prochainement au ministère de la Santé français. «Vivants» rend hommage aux soignants qui prennent en charge les personnes souffrant de maladies incurables et «fait honneur à cette médecine qui n’abandonne pas les inguérissables». Ce film, qui était ouvert au public sur inscription, a été projeté hier à la clinique Ferrière de Bon Secours.
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