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Questions à...
Stephan Buckland: «Les perdants sont toujours les athlètes»
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Stephan Buckland: «Les perdants sont toujours les athlètes»
Stephan Buckland, entraîneur de Noa Bibi.
Malgré une bonne prestation lors de ses premiers Jeux olympiques, le sprinteur Noa Bibi retiendra surtout le manque de soutien et d’encadrement à Paris. Privé de son entraîneur qui n’est autre que Stephan Buckland, ancien athlète olympique, l’athlète de 23 ans est monté au créneau pour faire part de sa frustration dans la presse locale. Un sentiment que partage son coach.
Avant de rentrer dans le vif sujet, qu’avez-vous pensé de la performance de votre poulain pour ses premiers Jeux olympiques ?
Je dois dire que la performance était correcte, surtout si l’on prend en compte la dure opposition à laquelle il a fait face. Le niveau était, comme attendu, très élevé et c’est dommage qu’il n’ait pas eu le soutien de son entraîneur durant ses courses. Je suis tout de même énormément satisfait de ce qu’il a produit, notamment quand on se rappelle que c’est un garçon qui avait contracté une grosse blessure deux ans de cela. Il est revenu grâce bien sûr aux soins des kinés particulièrement Yannick D’Hotman et à notre nouveau système de travail où il a pu courir sans se blesser.
Justement, vous collaborez ensemble depuis un an et demi. Qu’est-ce que cela vous a fait de ne pas avoir pu être là à ses côtés ?
Déjà, en tant que sportif, l’absence d’un coach pèse lourd à ce niveau. Je peux tout à fait comprendre sa frustration lorsqu’il s’est exprimé dans la presse. Les Jeux olympiques ne sont pas une simple compétition et, à titre personnel, cela ne m’est jamais arrivé de me présenter à une compétition d’une telle envergure sans mon entraîneur. Malheureusement, je constate qu’en 2024, les mêmes problèmes persistent où les perdants sont toujours les athlètes. C’est comme si qu’on travaillait toujours au petit bonheur la chance, on ne prévoit pas le sport de haut niveau. Il y a bien sûr plusieurs facteurs derrière, mais ce sont les athlètes qui finissent par se sentir lésés.
Il y avait-il une possibilité pour vous de vous rendre à ces jeux parisiens ?
Au départ, c’est moi l’entraîneur de Noa. J’aurais pu négocier avec son sponsor pour l’accompagner là-bas et le suivre. Je ne suis pas parti parce que je n’avais pas été accrédité, donc je n’aurais pas eu accès à la piste d’échauffement ou même à celle où les athlètes s’entraînent. Il aurait été impossible pour moi d’être proche de Noa durant toute la compétition. Sachant cela et sachant qu’il allait être invité à prendre part à la compétition, que ce soit le Comité olympique mauricien (COM) ou l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA), ils auraient bien pu prévoir une accréditation en ce sens pour son entraîneur.
Dans son entretien, Noa Bibi indiquait qu’il n’a pas eu le soutien attendu de la part de la fédération. Qu’en pensez-vous ?
Il est vrai qu’on a pu aller faire trois gros stages à La Réunion cette année, mais là encore, on a dû payer nos billets d’avion ainsi que notre logement. Et je tiens là à remercier son sponsor Bioculture qui nous a montré tout son soutien pour ces déplacements. Comme Noa l’évoque aussi, la fédération avait payé son billet pour les Jeux d’Afrique et les championnats d’Afrique, mais à quel prix. Certains athlètes ont dû attendre près de huit heures, car ils devaient faire escale alors que d’autres ont eu des vols directs. La façon d’opérer est de deux poids, deux mesures et il est grand temps de faire le ménage dans cette manière de faire. On constate et je le répète encore que ce ne sont pas les athlètes qui en sortent gagnants, alors que ce sont eux les principaux acteurs.
Dans leurs déclarations, les présidents du COM et de l’AMA assuraient leur soutien au sprinteur pour les prochains JO de Los Angeles en 2028. Est-ce là le prochain objectif ?
Bien sûr, on a déjà mis quelque chose en place, car les yeux sont rivés dès maintenant sur Los Angeles 2028. Que ce soient les compétitions à l’étranger ou l’organisation locale, on sait à quoi s’attendre et j’espère que, dans cette optique, le COM comme la fédération fassent leur part. Vu que Noa est pressenti pour être l’un des représentants mauriciens lors des Jeux de Los Angeles, pourquoi la fédération ne ferait-elle pas une demande pour qu’il devienne boursier olympique ? Ça, ce n’est pas à moi de proposer cela, mais c’est à la fédération. Si on mise sur lui, pourquoi ne pas abonder dans ce sens.
Le gros de la saison 2024 est déjà derrière nous, est-ce déjà l’heure de faire un bilan ?
Pour notre part, la saison n’est pas encore terminée. J’en ai parlé avec son agent et il lui reste encore quelques compétitions à disputer à l’étranger. Il revient une semaine à Maurice pour se ressourcer et être avec ses proches. Ce sera comme un mini-break avant de reprendre les entraînements et la compétition. Déjà, dans un premier temps, je peux dire qu’en tant que coach, je m’attends toujours à mieux. C’est vrai qu’il a atteint les finales lors des Jeux d’Afrique et les championnats d’Afrique, mais je m’attends à mieux de sa part, autrement dit, une médaille. Je peux aussi d ire qu’il retrouve son niveau, niveau qu’il avait avant sa blessure.
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