Un mini-remaniement ministériel qui a pris de court même des ministres… Jusqu’à mardi soir, peu de gens connaissaient les plans du Premier ministre, Pravind Jugnauth. En fait, ce n’est qu’hier, au cours de la journée, que le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a reçu l’instruction de rester à son bureau, bien qu’il ait annoncé lundi une invitation à la presse pour une visite du nouvel hôpital d’ENT, à Vacoas, à 14 h 15 hier. Qui plus est, à 14 heures hier, alors que les «rumeurs» se précisaient, un proche collaborateur d’un autre ministre ne croyait pas en la possibilité d’un remaniement…

D’ailleurs, la presse n’a reçu l’invitation pour la prestation de serment qu’à 15 h 03 pour un événement prévu à… 15 h 45. Le service de renseignements de la police n’était pas non plus au courant de la nomination de deux nouveaux ministres. Plusieurs policiers de cette unité ont sollicité des informations auprès des journalistes tandis que certains de leurs collègues croyaient que cet exercice était lié à la nomination d’un nouveau secrétaire parlementaire privé à la suite de la démission de Rajanah Dhaliah.

En procédant à ce remaniement ministériel, remarque un observateur politique, Pravind Jugnauth a voulu atteindre plusieurs objectifs. Il tente notamment de détourner l’attention de la démission de Rajanah Dhaliah, qui a été interrogé par la commission anticorruption hier dans l’affaire stag party, impliquant également son Attorney General, qui est également et le secrétaire général de son parti, Maneesh Gobin.

De plus, son choix de ministres et de PPS relève d’une stratégie purement politique basée sur un calcul ethno-social. Tout d’abord, face aux succès des congrès de l’opposition, en particulier celui de Mare-d’Albert, le Premier ministre souhaite rassurer ou tenter à nouveau de séduire l’électorat des circonscriptions nos4 à 14. Anjiv Ramdhany n’est pas le député le plus charismatique, pourtant il a été choisi parmi tant d’autres. Cependant, en tant que ministre de la Fonction publique, il ne sera pas appelé à répondre à de nombreuses questions au Parlement et restera en retrait. Néanmoins, il possède un atout. Il est vaish… «Le Premier ministre a fait beaucoup pour les rajputs et les ravived. Maintenant, il donne carrément un poste de ministre à un vaish, et ce n’est pas n’importe quel ministère. C’est la Fonction publique. Un ministère très important poureux», déclare un observateur et ancien conseiller en stratégie politique.

Toujours pour contrer le plan de l’opposition, la nomination de Dorine Chukowry arrive à point nommé. En choisissant cette ancienne membre du Mouvement militant mauricien (MMM), le Premier ministre laisse entendre qu’il souhaite séduire une partie de l’électorat qui le fuit, mais qui soutient le MMM et le Parti mauricien social démocrate (PMSD). De plus, Dorine Chukowry est la députée de la circonscription no 1, Grande-Rivière-Nord-Ouest/Port-Louis Ouest, où Fabrice David du Parti travailliste, Patrice Armance du PMSD et Arianne Navarre-Marie du MMM sont députés.