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Semaine tragique

Succession de drames impliquant des enfants

7 octobre 2023, 16:06

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Succession de drames impliquant des enfants

Le bébé de sept mois d’Aryela Racoosy, Reyansh Jayveen Tetarie, 12 ans et Grace Marie Yanaelle Cadapen

Cette semaine a été secouée par une série de drames, chacun plus tragique que l’autre. Deux nourrissons ont perdu la vie, ainsi que deux enfants âgés de 12 ans et 21 mois, dans des circonstances tragiques. De plus, un bébé a été blessé dans une crèche et un autre enfant de 12 ans s’est retrouvé aux soins intensifs après avoir provoqué un accident.

Les tragédies s’accumulent chaque jour et, depuis dimanche, il y a eu six cas. Dimanche, les Mauriciens ont été choqués par la nouvelle du décès de Reyansh Jayveen Tetarie. Ce jeune garçon, qui devait passer ses examens du Primary School Achievement Certificate à la fin d’octobre, est mort étranglé. Son père, Ramjeet, âgé de 44 ans et directeur de banque, l’a conduit à l’hôpital et a été arrêté peu après. Le quadragénaire nie avoir tué son fils.

Ce drame a profondément ému de nombreux Mauriciens qui se demandent ce qui s’est passé chez les Tetarie à Rivièredes-Créoles. Le samedi 30 septembre, après avoir récupéré ses enfants – l’aîné âgé de 12 ans et les jumeaux de sept ans – après leurs cours, Ramjeet est rentré chez lui pour préparer le dîner. Les deux plus jeunes se sont assis à table tandis que Reyansh tardait à venir. Selon les informations recueillies, lorsque Ramjeet est entré dans la chambre de son fils, il l’a trouvé étendu par terre. Dans un premier temps, il aurait tenté de lui faire un massage cardiaque, avant de l’emmener à l’hôpital. Les médecins ont constaté le décès de l’enfant, le rapport d’autopsie concluant à une mort par strangulation.

Lors des funérailles de Reyansh, les enquêteurs ont noté que Ramjeet Tetarie, qui était jusqu’alors resté silencieux, a prononcé des paroles intrigantes devant la dépouille de son fils : «Excusez-moi pour ce que j’ai fait à mon fils.» Les enquêteurs ont interrogé les voisins et les enseignants de la victime en tant que témoins, au cours de la semaine et les proches seront également interrogés dans les jours à venir.

Une semaine noire

Le même jour, c’est-à-dire dimanche dernier, un autre drame a touché la famille Gordon-Gentil à Mon-Goût, Pamplemousses. Le corps sans vie de la petite Ever Natty Colin, âgée de 21 mois, a été retrouvé dans un bassin de la cour familiale. Sa sœur jumelle, qui se trouvait également là, a eu plus de chance. Selon les membres de la famille, les deux petites jouaient à l’intérieur pendant un moment. Inquiète du silence, leur mère les a cherchées et les a trouvées dans le bassin. Elle les en a sorties et a tenté de réanimer Ever Natty jusqu’à l’arrivée des médecins urgentistes. Ces derniers ont tout fait pour réanimer l’enfant, mais malheureusement, son décès a été constaté.

Lundi, la petite Grace Marie Yanaëlle Cadapen, âgée de trois mois, est décédée après sa première journée à la garderie Princess Barbie, qui opérait sans licence à Stanley. Le matin, sa mère l’y avait déposée pour la première fois. Quelques heures plus tard, elle a reçu un appel, l’informant que sa fille ne réagissait plus et que son rythme cardiaque était faible. À l’hôpital où la petite a été transportée d’urgence, les médecins ont constaté son décès, l’attribuant à une «asphyxie due à l’aspiration du contenu de l’estomac». La directrice de la garderie, Megandary Gopaul, a été arrêtée et interrogée par la police de Stanley. Elle a ensuite été traduite en cour et libérée sous caution.

Plus tard ce même lundi, vers 22 heures, un garçon de 12 ans a été admis à l’hôpital Dr Bruno Cheong à Flacq. Il était au volant d’une voiture et a percuté un autre véhicule. Blessé, il a été hospitalisé. L’état de santé du jeune conducteur étant jugé stable, il a pu rentrer chez lui jeudi. La police devra transmettre le dossier au bureau du Directeur des poursuites publiques pour avis et des mesures seront prises.

Mardi, Aryela Racoosy a reçu un appel de la garderie où elle avait déposé son bébé de sept mois, l’informant que la petite s’était blessée en tombant. Elle a demandé à ce qu’on la conduise à l’hôpital de Flacq. Lorsqu’elle y est arrivée, elle a été choquée de voir que sa fille avait le visage enflé et couvert d’ecchymoses. Insatisfaite de l’explication donnée par la directrice de la garderie, Aryela Racoosy a porté plainte au poste de police de Bel-Air. La Child Development Unit a également été alertée et le ministère enquête sur l’affaire.

Mercredi, un nourrisson d’un mois est décédé à SableNoir. Sa mère l’a allaité vers 20 h 30 avant de le mettre au lit. Deux heures plus tard, elle a constaté que le bébé ne respirait plus. Elle a appelé le Service d’Aide Médicale d’Urgence, mais à l’arrivée des médecins, le décès du nourrisson a été constaté.

Réactions

Karen Foo Kune : «le ministère de l’égalité des genres se dédouane de ses responsabilités»

«Il faut situer les responsabilités. Ce drame aurait pu être évité si le ministère de l’Égalité des genres avait agi à temps», lance la députée Karen Foo Kune, évoquant les révélations et recommandations faites dans le rapport 2022 du Public Accounts Committee (PAC). Pour rappel, le rapport souligne, entre autres, qu’en août 2021, sur 371 crèches, 210 n’étaient pas enregistrées car elles ne répondaient pas aux conditions requises et elles étaient autorisées à fonctionner sans licence «au vu et au su du ministère et aucune sanction n’était prise».

Ce à quoi le secrétaire permanent adjoint avait répondu que le ministère ne pouvait pas fermer ces crèches car «nous aurions un casse-tête social (…)». Karen Foo Kune déplore que le ministère ait ironiquement lancé un appel à la population maintenant pour venir dénoncer les crèches illégales. «Les fonctionnaires du ministère se dédouanent et rejettent leur responsabilité sur la population, alors que c’est par leur inaction que la situation s’est aggravée…»

Rita Venkatasawmy : «la responsabilité doit être exercée à tous les niveaux»

L’Ombudsperson for Children, Rita Venkatasawmy, rappelle, pour sa part, l’importance pour tous les acteurs principaux d’assumer leurs responsabilités afin d’assurer le respect de la loi et un contrôle adéquat des activités et du fonctionnement des crèches. «Le ministère de l’Égalité des genres doit exercer un contrôle régulier et strict sur l’enregistrement et le fonctionnement des crèches. Il doit également avoir un contrôle sur le fonctionnement interne de chaque crèche. La loi est catégorique : une crèche ne peut pas opérer si elle n’a pas été dûment enregistrée. Parallèlement, les parents doivent redoubler de vigilance pendant l’enregistrement de leurs enfants dans une crèche pour s’assurer que leurs enfants sont déposés dans un lieu sain, après 14 semaines, lorsque le congé de maternité de la mère est terminé. Les nourrissons ont des droits, et parmi ceux-ci, le droit d’être placés dans un espace sain et sauf pour être pris en charge. Ces droits doivent être respectés.»