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Mort de Pravin Kanakiah

Suicide ou meurtre ? Le flou persiste…

27 mai 2025, 09:00

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Suicide ou meurtre ? Le flou persiste…

Trois ans après sa disparition tragique, la lumière reste à faire sur la mort de Pravin Kanakiah.

Clôturée le 21 mai 2025 après 24 audiences au tribunal de Souillac, l’enquête judiciaire sur la mort de Pravin Kanakiah, ancien Procurement Officer au ministère des Finances, n’a pas mis au grand jour toutes les zones d’ombre. Trois ans après la découverte de son corps à la Roche-quiPleure, les doutes persistent : s’est-il suicidé, comme l’affirme la police, ou a-t-il été assassiné, comme le soutiennent ses proches et plusieurs experts ? Si le dossier est officiellement bouclé, l’issue demeure incertaine : la magistrate Ameerah Dhunnoo a réservé sa décision.

La thèse du suicide : défendue bec et ongles par la police Depuis le début, la police

avance l’hypothèse que Pravin Kanakiah aurait mis fin à ses jours en se jetant du haut des falaises de la Roche-quiPleure, dans un moment de détresse émotionnelle et financière. Cette version est restée inchangée, malgré les multiples incohérences relevées au fil des audiences. Le surintendant de police (SP) Hayman Dass Ghoorah, dernier témoin entendu, a maintenu cette position jusqu’au bout.

Interrogé par Me Damodarsingh Bissessur, représentant du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), le SP Ghoorah a toutefois peiné à justifier cette thèse. Confronté aux conclusions médico-légales qui contredisent l’idée d’une noyade, il a avancé un scénario alternatif :une «mort clinique causée par la peur d’une chute», une hypothèse qui ne repose sur aucune expertise médicale et qui a été jugée farfelue par la cour.

Le témoignage du constable Seedanie, chargé d’analyser les enregistrements Safe City, a révélé de graves négligences : il a visionné 130 heures de vidéos en seulement sept heures, sans méthodologie rigoureuse, en se basant sur une simple photo Facebook plutôt qu’un signalement officiel. L’inspecteur Rughoonundhun, superviseur de cette analyse, n’a pas su justifier ces choix. «Il s’agit d’un suicide, causé par la peur d’une chute imminente», a affirmé le SP Ghoorah, sans fondement scientifique ni appui médico-légal.

La thèse du meurtre : étayée par des experts et des incohérences troublantes

La famille Kanakiah, représentée par Me Rama Valayden et les avocats du collectif Avengers, défend avec force la thèse d’un assassinat maquillé en suicide. Plusieurs éléments viennent étayer cette version:

Primo: le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, a écarté toute trace de noyade. Il a conclu que le décès est survenu avant l’immersion du corps, évoquant une hémorragie cérébrale provoquée par un choc externe.

Secundo: le Dr Satish Boolell, ancien Chief Police Medical Officer et expert indépendant appelé à la barre, a confirmé ces observations. Il a insisté sur la possibilité d’un coup unique, bien placé, pouvant entraîner une mort rapide. Il a également déploré de ne jamais avoir été autorisé à pratiquer une contre-autopsie.

Le témoignage du sergent Tapsee, témoin clé, indique avoir vu Pravin Kanakiah seul à la Roche-qui-Pleure la veille de sa mort, sans sac et sans comportement suspect. Ce récit contredit celui d’Oushna Sookeea, collègue de la victime, qui affirme l’avoir vu le même jour à Réduit, habillé différemment et portant un sac à dos.

Le constable Kisoon, de son côté, a reconnu ne pas avoir consigné un appel anonyme crucial ayant déclenché la mobilisation de la National Coast Guard, ce qui a été considéré comme une négligence grave. D’autres éléments troublants s’ajoutent : Pravin Kanakiah travaillait sur des dossiers sensibles relatifs aux achats pharmaceutiques durant la pandémie.

Par ailleurs, un prêt bancaire de Rs 3,2 millions a été remboursé par son assurance quatre jours après sa mort. Sa veuve, Reshmee Kanakiah, affirme n’avoir jamais été informée que l’assurance couvrait les cas de suicide – ce qui soulève la possibilité d’un mobile économique.

Enfin, la dernière communication téléphonique connue de la victime – un appel de 514 secondes la veille de sa mort – n’a jamais été approfondie.

«Pravin Kanakiah était déjà mort quand son corps est entré dans l’eau», a tranché le Dr Gungadin, réfutant définitivement la thèse d’une noyade ou d’un suicide par chute.

La magistrate Ameerah Dhunnoo a mené les débats avec rigueur, recadrant à plusieurs reprises des témoins imprécis ou des policiers mal préparés. Elle remettra très prochainement ses conclusions au DPP, qui décidera des suites judiciaires…

K.S

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