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Disparu en mer

Tareq Narod, un enfant de l’océan au grand cœur

11 juillet 2025, 09:00

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Tareq Narod, un enfant de l’océan au grand cœur

Depuis le dimanche 6 juillet, le nom de Tareq Narod résonne avec inquiétude et émotion à travers l’île. Ce jeune homme de 28 ans, passionné de kitesurf, est porté disparu en mer après une sortie en solitaire au Morne. Une disparition qui bouleverse sa famille, ses amis, et toute une communauté soudée autour de la mer, du sport et de la fraternité.

Tareq Narod habite Beau-Bassin, mais son cœur, lui, appartient à l’océan. Il pratique le kitesurf depuis l’âge de neuf ans : près de 20 ans de glisse, de vagues et de vent. Une passion transmise par son père Nawaz, lui-même amoureux de la mer et ancien windsurfer, et qu’il partage avec son frère Adel. À la maison, un aquarium abritant un véritable récif vivant rappelle déjà cette fascination familiale pour le monde marin. Les deux frères ont appris le kite au Kite Lagoon, leur spot habituel. Là-bas, tout le monde le connait. C’est un lieu de partage, de camaraderie, où, même en kitesurfant en solitude, on n’est jamais vraiment seul, sauf peut-être quand on s’éloigne un peu trop du rivage.

Le jour de sa disparition, les conditions étaient bonnes : mer calme, vent favorable. C’est probablement ce sentiment de sécurité qui a pu l’inciter à s’éloigner. Une décision qui, rétrospectivement, semble tragique. Mais ceux qui connaissent le monde de la glisse savent que ce sport, même pratiqué avec rigueur, n’est jamais sans risques – et il serait injuste de juger sans comprendre.

Au-delà du sportif, Tareq est un jeune homme à l’âme profondément artistique et curieuse. Jovial, aventurier, il s’intéresse à tout : la photographie, le cinéma, la musique, la nature, la pêche, la technologie et, bien sûr... la guitare, qu’il affectionne particulièrement. Il a cette capacité rare à se passionner sincèrement pour de multiples choses, à toujours apprendre, découvrir, expérimenter. Il travaille comme project coordinator, un métier qu’il exerce avec autant de sérieux que ses loisirs. Son temps libre, il le partage souvent entre ses amis de kitesurf et sa grand-mère, à qui il est très attaché.

Tareq est aussi un être profondément humain. Lors de la marée noire du MV Wakashio en 2020, il n’a pas hésité une seconde à s’impliquer dans les opérations de nettoyage. Gants aux mains, sourire discret au visage, il faisait partie de ces bénévoles qui agissent dans l’ombre, sans bruit, mais avec une détermination sans faille. Pour ses proches, cela ne faisait que confirmer ce qu’ils savaient déjà : Tareq a le cœur sur la main.

Ce dimanche 6 juillet, il a été vu pour la dernière fois autour de 13 heures, planche au vent, au Morne. Quand son père, inquiet, s’est rendu sur place, il a retrouvé la BMW blanche de Tareq stationnée non loin de la plage. À l’intérieur, ses effets personnels. Très vite, une mobilisation s’est mise en place.

Garde-côtes, bénévoles, amis et anonymes scrutent la mer, dans l’espoir de le retrouver. Les réseaux sociaux se remplissent de messages d’espoir : «Tareq, si tu nous entends, reviens. On t’attend.»

Son frère confie que, malgré l’angoisse, il tient à éviter les commentaires hâtifs du genre «li pa ti bizin al dan dilo» ou «la mer ti gro» – des propos qui n’aident en rien. Ce jour-là, les condi- tions étaient bonnes, et Tareq, expéri- menté, savait ce qu’il faisait. C’est peutêtre justement cette expérience qui lui a donné confiance…

Aujourd’hui, chaque minute qui passe est lourde d’incertitude, mais l’espoir demeure. L’espoir de retrouver un frère, un ami, un passionné, un enfant de l’océan. Tareq n’est pas un homme bruyant. «Il est toujours à sa place, respectueux de tout et de tous», confie une camarade de glisse. Aujourd’hui, alors que les jours passent, l’espoir reste vivant et les recherches s’accentuent pour retrouver celui qui était aimé de tous.

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