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Jiu Jitsu brésilien
Tawfiq Jaunbocus : «Tout a débuté à Médine Camp de Masque»
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Jiu Jitsu brésilien
Tawfiq Jaunbocus : «Tout a débuté à Médine Camp de Masque»

■ Photo de famille des pratiquants de JJB à l’académie Jaunbocus Tawfiq à Médine Camp de Masque. © Stéphane Benoît
Au mois d’avril, cela fera 20 ans que le Jiu Jitsu brésilien a été implanté à Maurice. Et ce, par l’entremise de Tawfiq Jaunbocus. Dans son dojo de Médine Camp de Masque, ce dernier se remémore le parcours qui l’a conduit à cette discipline qui compte aujourd’hui plus de 2000 adhérents dans les quatre coins du pays.
■ Techniques au sol des filles, sous la supervision de Tawfiq Jaunbocus.
Dans les années 1990, Tawfiq Jaunbocus, 44 ans aujourd’hui, a été initié au Ju Jitsu traditionnel, art martial d’origine japonaise. Cela, presque tout le monde le sait. Mais ce que peu de gens savent ou ont oublié c’est que le champion du monde de Jiu Jitsu brésilien 2017 aux États-Unis (en -70 kg ceinture marron en division Gi), a déjà pratiqué d’autres sports de combat au milieu des années 90. «Parallèlement au Ju Jitsu je pratiquais la boxe française et le kickboxing vers 1999-2000. A la suite d’un incident survenu au début des années 2000, à une compétition de kickboxing à la municipalité de Curepipe, j’ai été suspendu par la Fédération de kickboxing. C’est après cette période que je me suis ensuite rendu à la Réunion pour découvrir le Jiu Jitsu brésilien (JJB). C’est mon ami Pascal Pariné qui m’a emmené dans des dojos de JJB. J’ai compris que cette discipline correspondait mieux à ce que j’attendais, c’est-à-dire un sport de combat mieux ancré dans la réalité des pratiquants selon moi. J’ai alors mis de côté le Ju Jitsu traditionnel pour me concentrer sur le JJB», laisse entendre Tawfiq Jaunbocus.
C’est le 18 avril 2005 que le JJB a été officiellement lancé au dojo de Medine Camp de Masque. L’ancien pratiquant de Ju Jitsu traditionnel a eu une méthode peu archaïque pour les amener les gens à se faire initier au JJB. «Comment j’ai eu des élèves ? C’est en défiant les pratiquants de Ju Jitu traditionnel. J’ai suivi l’exemple des frères Gracie qui en avaient fait de même à l’époque aux États-Unis. J’ai aussi invité des amis qui pratiquaient le Ju Jitsu traditionnel à me rejoindre tel Kailash Patan (double champion du monde 2017 et 2022 aux États-Unis)», ajoute le pionnier du JJB à Maurice. Celui-ci rappelle que la Fédération Mauricienne de JJB a été créée en 2008. A partir de là, le JJB n’a cessé de se propager à travers l’île. À ce jour, il y a environ 2 400 Jiujitsuteros répartis dans 35 clubs de Maurice et aussi à Rodrigues (Ndlr: il faut aussi souligner que la Fédération mauricienne de JJB a aussi des handisportifs parmi ses adhérents).
■ Technique de «Jumping guard to armbar» exécuté par Tawfiq Jaunbocus (à dr. tête au sol).
Mesurant l’impact que le JJB a eu sur la jeunesse depuis son implantation à Maurice, Tawfiq Jaunbocus n’oublie pas le rôle fédérateur qu’il a joué dans la région de Médine Camp de Masque en 2005, année de son lancement. « Au début des années 2000, la drogue proliférait dans cette région. Son influence a quelque peu diminué depuis que le JJB y a été lancé. Mais ce fléau existe encore. Cela dit, beaucoup d’habitants et de volontaires qui ont cru dans mon projet, ont contribué à mettre en place cette académie. C’est avec l’amour des villageois qu’il a été construit».
■ Dès leur jeune âge, les pratiquants de JJB savent comment faire perdre l’équilibre à leurs adversaires.
Notons que Tawfiq Jaunbocus donne des cours de JJB à son académie à Médine Camp de Masque les mardis et jeudis de 18 à 21 heures et le dimanche de 9 à 11 heures. D’autres jours, il en donne aussi à son second dojo à Mesnil.
Un peu d’histoire sur le JJB
Au début du XXᵉ siècle, le maître japonais Mitsuyo Maeda a introduit les fondamentaux du Jiu-Jitsu traditionnel au Brésil. Cependant, dans ce pays, cet art martial a connu une transformation importante. Il est devenu un sport quelque peu distinct et indépendant du Ju Jitsu traditionnel. Et ce, grâce aux techniques adaptées à la réalité physique et stratégique de ses pratiquants. Sans l’ombre d’un doute, on peut dire que l’essor du JJB est dû à la famille Gracie, tout d’abord Carlos Gracie, suivi de Hélio Gracie qui ont développé cette discipline en quelque chose d’innovant.
La famille Gracie avait 2 objectifs pour instituer le JJB. Tout d’abord, transformer le Ju-Jitsu traditionnel, basé sur la force physique, en un système beaucoup plus technique où des principes tels que l’effet de levier, le cadre et le contrôle postural permettaient au combattant de vaincre des adversaires physiquement plus forts. Les Gracie voulaient aussi créer la première fédération officielle de cette discipline. C’est ainsi que la Fédération de Jiu-Jitsu de Guanabara est née, en 1967, à Rio de Janeiro, au Brésil. Le président de la Fédération était Helio Gracie, et le président du Conseil consultatif, Carlos Gracie. Son aîné, Carlson Gracie, était directeur du département technique.
La fondation de la Fédération de Guanabara (FJJG) - qui a instauré des règlements sportifs - a été la première étape de l’évolution du jiu-jitsu brésilien vers le sport structuré tel que nous le connaissons aujourd’hui. Hélcio Leal Binda, fidèle élève du Grand Maître Helio Gracie, a pu développer des catégories de poids, des groupes d’âge et un système de classement par ceinture. Cet ajout caractérisait le niveau technique des pratiquants, pour favoriser le fair-play, offrant ainsi l’opportunité à des compétiteurs de niveau technique similaire de s’affronter. C’est grâce à des approches innovantes qu’ont été instituées des règles formelles pour les compétitions ainsi qu’un système de classement structuré et des directives pour une pratique sûre du sport.
Quelques années plus tard, de par la fusion de l’État de Guanabara avec celui de Rio de Janeiro, la FJJG est devenue la Fédération de Jiu-Jitsu de l’État de Rio de Janeiro, présidée par le Grand Maître Carlos Robson Gracie. Notons que l’instance dirigeante officielle de ce sport est la Fédération internationale de jiu-jitsu sportif (SJJIF), laquelle est reconnue par l’Association internationale du sport pour tous (TAFISA, organisation reconnue par le Comité olympique) et le Conseil international des jeux et sports traditionnels (TSG, organisation de l’UNESCO).
La triple casquette de Zayan Jaunbocus
■ Zayan Jaunbocus, médaillé de bronze aux championnats du monde U18 en Indonésie en décembre 2024, s’exerçant sur un sac de frappe.
Zayan Jaunbocus, 16 ans, pratique 3 disciplines : le Jiu Jitsu brésilien, le Mixed Martial Arts (MMA) et le Muay Thai. Alors qu’il préférait jouer au foot, c’est bien à l’âge de 4 ans qu’il a été initié au JJB. Il y a pris goût au fil des ans. Sociétaire de l’Académie Jaunbocus Tawfiq, il détient actuellement une ceinture bleue. Cela lui donne le droit de donner des classes de jiu-jistu quand le coach principal, Tawfiq Jaunbocus, son père, est absent. Zayan Jaunbocus n’est pas un inconnu dans le monde du JJB à Maurice puisqu’il a déjà remporté des trophées aux précédentes éditions de l’Open Africa (Ndlr : la 6e se tiendra à Côte-d’Or les 26 et 27 avril prochains). En sus de faire du JJB, Zayan Jaunbocus pratique aussi le Muay Thai depuis 4 ans avec Jordan Isabelle, ancien champion de Maurice dans cette discipline et pratiquant de JJB. L’acquisition des techniques poings-pieds en Muay Thai ainsi que l’apprentissage du MMA (avec son père) il y a 3 ans, l’ont aidé à récolter une médaille de bronze aux championnats du monde de MMA U18 en Indonésie en décembre 2024.
«C’était ma première compétition internationale en MMA. Il y avait 12 participants. J’ai pris part à deux combats (Ndlr : Zayan Jaunbocus a remporté les huitièmes de finale contre l’Indonésien Mahendra Rangga puis les quarts face à l’Ukrainien Taras Tolochko) avant de me qualifier pour les demi-finales dans la catégorie des moins de 61,2 kg», affirme Zayan Jaunbocus. Pour rappel, celui-ci s’est arrêté en demi-finale face au Turc Khasan Muhamgazi. C’est d’ailleurs ce dernier qui a remporté la compétition chez les -61,2 kg face à l’Américain Nicholas Kazmierczak. Le Mauricien a partagé le bronze avec un autre Ukrainien du nom de Stanislav Kuzmienkov.
Selon Tawfiq Jaunbocus, c’est aux championnats du monde U18, que son fils Zayan a pris ses repères. «Nous avons produit un athlète à Médine Camp de Masque qui a pu rivaliser avec d’autres athlètes sur le plan mondial en MMA (Ndlr : La Mauritius Brazilian Jiu-Jitsu Federation est la représentante de la Global Mixed Martial Arts à Maurice soit GAMMA Mauritius. On la connaît sous le nom de la Commission de MMA de Maurice. Elle existe depuis presque 3 ans). Il n’y a eu aucune assistance d’aucun entraîneur de l’étranger. Maintenant, Zayan aura plus de travail à faire. Il sait ce qui l’attend. Il est à deux doigts d’une médaille d’or. On lui fera peut-être faire une tournée à la Réunion pour se mesurer à des athlètes qui combattent souvent des adversaires en France. De là, on le renverra l’année prochaine à des compétitions internationales», dit Tawfiq Jaunbocus.
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