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Tous Mauriciens à part entière
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Tous Mauriciens à part entière
Je suis tombé sur une vidéo, dimanche matin, de quelqu’un qui disait mettre les points sur les «i» suivant les incidents tristes et déplorables survenus lors d’un concert à la Citadelle la veille. Certains de ses propos m’ont interpellé. A un moment, il affirme quelque chose du genre : «Kan to vinn dan enn plas kot to etranze…» Mais que voulait-il dire par là ? Si j’habite à Mahébourg, suis-je, suivant son raisonnement, un étranger quand je viens à Port-Louis ? Ou est-ce mon patronyme qui détermine si je suis un étranger et ce, en fonction de l’endroit où je me trouve dans mon pays ? Par exemple, est-ce que, moi Clyde, suis un étranger quand je pars à Plaine-Verte ou à Goodlands ? Raj et Aslam, le sont-ils aussi quand ils partent, allons-dire, à Roche-Bois ? Comment pourrions-nous être étrangers dans notre propre pays ? Et mes droits, dois-je donc comprendre qu’eux aussi varient en fonction de la région où je me trouve ? C’est quoi ce délire ?
Il dit aussi «When you go to Rome, do as Romans». Dois-je donc me vêtir, disons, d’un vêtement traditionnel hindou quand je pars dans une localité habitée majoritairement par mes frères de cette communauté ? Je ne sais, est-ce c’est ce que voulait dire ce monsieur ? Chacun a ses coutumes, ses convictions, sa façon de voir la vie, de s’amuser. Mais ce qui est important, c’est le respect. De soi-même et des autres. On peut être soi-même, sans renier quoi que ce soit, et sans forcément être irrespectueux envers nos frères et sœurs.
Le monsieur soutient également sur sa vidéo que l’élément déclencheur des incidents a été l’interprétation du morceau de Matisyahu intitulé «One Day». D’après ses dires, un groupe avait, de bonne foi, préalablement demandé aux organisateurs de ne pas l’interpréter, car il véhiculerait, selon lui, un message pro-LGBT et anti-palestinien. Mais, ajoute-t-il, avec leur accent Floréal (pour reprendre les mots exacts du monsieur), ils ont répondu avec arrogance à cette requête et ne l’ont, au final, pas respecté.
J’ai parcouru le texte de Matisyahu pour voir dans quelle mesure il est, comme le dit le monsieur, anti-palestinien. Où est-ce qu’il justifie un quelconque acte de violence, pas seulement à l’égard des Palestiniens mais à l’encontre de n’importe quel être humain, je n’ai rien vu. Au contraire, c’est une chanson qui prône la paix sur Terre, et ce entre tous les êtres humains, indépendamment de sa race, de sa communauté, de sa religion, de son orientation sexuelle. C’est le vivre-ensemble que Matisyahu rêve et chante. Donc, je me demande si le problème de ce monsieur ne vient pas du fait que le chanteur soit d’origine juive plus qu’autre chose… En tant que Mauricien, on doit maintenant choisir les morceaux que l’on veut jouer ou écouter par rapport à notre position géographique ? Si c’est bien cela, dois-je comprendre que je dois éviter d’écouter Jean-Jacques Goldman quand je passe près de la Citadelle ?
Le monsieur affirme que face à la montée de la haine dont est, selon lui, actuellement sujette sa communauté dans le pays, l’intelligentsia de celle-ci réfléchit aux actions qui seront menées. C’est quoi l’Intelligentsia ? C’est l’ensemble des intellectuels. Cependant, il y a un point très important. On peut être un intellectuel sans forcément être intelligent. On peut être intellectuel tout en étant une tête brûlée et cela indépendamment de notre communauté. L’intelligence, elle, est autre chose. Elle trouve son fondement dans l’amour.
A la Citadelle, ceux présents ont été terrorisés. Certains sont toujours traumatisés, sous le choc. D’autres n’iront, peut-être, pas à un concert de sitôt. Cela dit, nombreux se demandent, avec raison, pourquoi les auteurs de ces actes de terreur n’ont pas été inculpés sous la Prevention of Terrorism Act (PoTA). Et, il est dit qu’il y aurait eu des pressions de la part d’un cadre du gouvernement. Celui-ci aurait, dit-on, menacé de démissionner si ceux qui ont foutu la pagaille à la Citadelle samedi soir devaient être poursuivis sous les dispositions de la PoTA. Si cela s’avère, alors c’est grave.
L’injustice, sous toutes les formes qu’elle puisse se manifester, engendre toujours des réactions des acteurs du monde sportif. On l’a vu à la mort de George Floyd. On le voit quand Vicinius Jr est victime de racisme. Nombreux sont les sportifs qui s’indignent aussi par rapport aux violences liées au conflit israélo-palestinien. Chez nous, pas une réaction des sportifs sur les diverses iniquités qui se passent sur notre île et dans le monde. Nos athlètes seraient-ils indifférents à celles-ci? Leur silence serait-il dû à la peur ou une absence de caractère?
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