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Transféré après avoir ouvert son portail à Dhaneshwar Damry

Le sergent Budhoo : «Je ne me tairai plus. Ils peuvent me priver de promotion ou au pis-aller, m’éliminer mais j’ai la conscience claire»

24 octobre 2024, 23:00

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Le sergent Budhoo : «Je ne me tairai plus. Ils peuvent me priver de promotion ou au pis-aller, m’éliminer mais j’ai la conscience claire»

Deux transferts en l’espace d’une semaine. C’est ce qu’a vécu le sergent de police Basdev Budhoo, 51 ans, dont 32 au sein de la force policière. Le mardi 15 octobre, l’officier en poste à l’hôpital Sir Anerood Jugnauth à Constance, Flacq, a été transféré à la Special Mobile Force (SMF). Un transfert survenu au lendemain même d’un exercice de porte-à-porte de Dhaneshwar Damry et ses colistiers de l’Alliance du changement, à son domicile à Camp-Thorel, dans la circonscription du Premier ministre Pravind Jugnauth, Quartier-Militaire-Moka.

C’était loin d’être fini puisque hier, mercredi, il a de nouveau été transféré et cette fois-ci, à la base de la SMF à l’aéroport de Plaisance.

Une décision que ce père de trois enfants dont le benjamin est âgé de 8 ans, ne digère pas. D’où la main courante qu’il a déposée hier après-midi au poste de police de Quartier-Militaire. Il y rapporte aussi soupçonner que son portable soit sur écoute.

Sauf que le sergent de police ne s’arrête pas à cette «precautionary measure». Il a accepté de dénoncer à visage découvert et à cœur ouvert,«cette victimisation».

«Il était 17 h 30. Je venais de repasser mon uniforme pour prendre le travail à 20 heures, lundi dernier, lorsque des candidats sont venus faire du porte-à-porte chez moi. J’ai ouvert mon portail à Dhaneshwar Damry qui me connait tout comme Pravind Jugnauth qui me connait très bien, pour l’avoir véhiculé avec Suren Dayal durant la campagne de la partielle de 2009 dans la circonscription. C’était mon travail. Je l’ai conduit dans chaque coin et recoin du numéro 8.», soutient le sergent.

D’ajouter : «Enn dimounn inn vinn devan mo laport, mo bizin recevwar li. Ki mo ti bizin fer ? Larg lisien ? Mo ti bizin zour zot»

Sauf que 20 minutes après avoir reçu Dhaneswar Damry, le sergent de police reçoit un appel du poste de police de l’hôpital SAJ, l’informant de son transfert à la SMF, là où il avait débuté sa carrière. Dans sa main courante, le sergent affirme que ce transfert a été ordonné par le commissaire de police à travers l’Information room (IR).

Pourtant, plus tard le même jour, vers les 18 h 05, soit après l’appel l’informant de son transfert, le policier a aussi reçu la visite de Deepak Balgobin, qui lui aussi faisait du porte-à-porte.

«Je lui ai raconté ce qui venait de se passer. Lui, il était accompagné de fonctionnaires. Donc, eux, ils ont le droit et moi je ne peux pas ouvrir mon portail pour un candidat d’un autre parti. Je laisse la population juger. L’heure est vraiment grave.»

D’ajouter que cela l’attriste de voir ses amis collègues souffrir dans leur coin sans qu’ils ne puissent voice out en raison des engagements qu’ils ont.

«J’en ai aussi mais je souhaite faire honneur à mes enfants et surtout pour qu’eux aussi n’aient pas à subir de tel sort à l’avenir. J’aime trop ma famille, mes amis, mon quartier, mon travail et mon pays. Je ne sais pas quelle sera l’issue de tout ça mais je ne me tairai plus. Inn ariv enn staz kot mo nepli per aster. Lavenir mo bann zanfan, se mo responsabilité en tan ki paran pa bann pouritir koum sa», confie-t-il, émotionné jusqu’aux larmes.

Le sergent affirme que de toute sa carrière, il n’a ni été interdict, ni n’a-t-il reçu de rapport négatif.

Son premier transfert ou plutôt comme il l’appelle, son «cadeau», Basdev Budhoo l’a reçu le jour de son anniversaire. Il a pris un congé maladie ce jour-là avant de prendre son travail aux quarters de la SMF par la suite. A hier, il y était toujours en formation lorsqu’il a vu son nouveau transfert.

«Eski li lozik sorti Camp-Thorel voyaze 1 h 30 minit pwal travay. J’ai trois enfants dont le dernier n’a que 8 ans. C’en est trop. J’étais tranquille mais là, c’est la goutte d’eau. Ma famille et moi subissons une persécution depuis 2014. J’ai un neveu qui a postulé pour devenir policier lui aussi. Bann-la inn tay so kart, prétextant qu’il a les pieds plats (Flat footed). Nous avons porté l’affaire en Cour suprême. Ce qui m’intrigue aussi, ma femme, qui est Deputy Head Mistress (DHM), n’a toujours pas été promue alors que d’autres juniors, dont certains ne sont même pas passés par la case DHM, ont déjà été nommés», déplore-t-il, amer.

Basdev Budhoo a commencé sa carrière à la SMF où il est resté neuf ans, avant de passer le test pour devenir membre de la VIPSU, et être affecté à la sécurité de Suren Dayal, Chief Whip à cette époque.

«Pann rant par limpos kouma aster. Monn fer test», précise notre interlocuteur.

Après les élections de 2014, il est posté à l’Eastern Division, plus précisément au poste de police de l’hôpital Bruno Cheong avant de bouger à l’hôpital SAJ, jusqu’à ce bouleversement dans sa carrière.

«Je ne suis pas un vulgaire criminel. On m’a tagué de travailliste pour avoir travaillé avec Mons. Suren Dayal. Mo pa enn chatwa, pa enn koler lafis, Mo pa sarye okenn kasrol, skandal. Zot kapav tap mo telefonn, mo pa per. Mo pena revolver, bouncer. Vinn kouma enn zom fas a fas. Mo pa enn dimounn ki vandab. Pa vinn montre mwa larzan. Monn fer tou, lamin prop me zot in al grat ledo maler.»

De poursuivre qu’il ne se drogue pas. Qu’il est en bonne santé et qu’il n’a aucune intention de se donner la mort.

«Ils peuvent me priver de promotion, me mettre à la porte ou au pis-aller, ils peuvent m’éliminer. Mais j’ai la conscience claire et propre. Mo per zis lao la. Tout est possible dans ce pays. Demain, il se pourrait qu’on retrouve mon cadavre quelque part et l’autopsie conclura en un œdème pulmonaire (overdose) ou en une mort de cause naturelle. Mo dir mo bann fami, mo bann zanfan enn gran mersi pou zot soutien parski dan enn moman parey si pa gagnn sa, fini.»

sgt.jpg Le sergent à ses débuts au sein de la SMF.

Son coup de gueule, c’est aussi, dit-il, pour ses collègues persécutés au sein de la force policière, ceux qui ont connu des transferts punitifs.

«Ce n’est pas un avertissement que je donne mais un conseil. Fer zot travay kouma bizin. Pa persekit dimounn ek met later dan manze zot prosin. To ou tar karma pou ratrap ou. If you don’t fight for your right, don’t cry for what you have lost», affirme-t-il en s’appuyant sur cette citation de Krishna dans le Bhagavad Gita.

Après avoir rejoint la force le 2 avril 1993, Basdev Budhoo, se souvient avoir reçu des mains de feu Sir Anerood Jugnauth, alors Premier ministre et pour qui il dit haut et fort avoir un grand respect, le titre de All rounder best recruit, avec une montre qu’il porte toujours, en cadeau. Feu Raj Dayal était alors le commandant de la SMF.

Il demande le soutien et la prière de ceux qui croient en sa bataille, avec toutes les victimisations qu’il peut y avoir au sein de la force policière.

«Cela demande beaucoup de courage mais surtout un moral de fer.»

Nous attendons la version du Police Press Office sur les deux transferts du sergent Bhudoo.