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Extorqué, drogué et torturé
Trois arrestations après la mort de Saïd Fakeermahamode
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Extorqué, drogué et torturé
Trois arrestations après la mort de Saïd Fakeermahamode
Ce drame a choqué bon nombre d’habitants de la localité. Le corps sans vie de Saïd Fakeermahamode, 63 ans, a été retrouvé, hier un peu avant midi, dans une maison qu’il louait d’un tailleur, à la route Bénarès, Plaine-Verte. La police soupçonne qu’il a été drogué après avoir été victime d’extorsion et qu’il a été torturé à mort. Ce célibataire travaillait dans le secteur public. Comme il s’était absenté du travail depuis plus d’une semaine, ses collègues ont alerté son cousin pour savoir ce qui se passait. Ce dernier, un policier, a essayé de le joindre par téléphone mais il ne répondait pas. Le cousin s’est alors rendu à son domicile en compagnie des policiers du poste de Plaine-Verte mais Saïd Fakeermahamode n’était pas chez lui. Le policier a alors alerté d’autres proches de la victime.
En interrogeant ses amis, il a appris que Saïd Fakeermahamode avait un compte joint avec un ami et que depuis le 18 mars, plusieurs sommes d’argent avaient été retirées du compte. Il a également appris que son cousin était souvent harcelé par le fils de son locataire, Zaid Santally, pour qu’il lui remette de grosses sommes d’argent. Vendredi matin, persuadé que Zaid Santally et son épouse étaient impliqués dans la disparition de son cousin, le policier a alors rapporté la disparition du fonctionnaire à la police.
Les amis de Saïd Fakeermahamode se sont lancés à sa recherche et l’un d’eux est reparti chez son ami à la route Bénarès. Quand il est arrivé dans la cour du sexagénaire, il a vu une jeune femme, qui n’est autre que la bru du locataire de la victime, sortir de la cour en catimini. C’est ce qu’il a raconté à leur ami commun, Bashir Abdool Rahim. «Les beaux-parents de cette jeune femme sont actuellement à Umrah et elle n’avait aucune raison de se rendre au domicile de Said. Kamarad Saïd inn blok li ek inn questionne li. Madam la inn bafouillé ek linn fini par admet ki li ek so mari inn sequestrer Said ek ki Saïd encor la haut», raconte Bashir Abdool Rahim. Selon nos informations, lorsque Saïd Fakeermahamode a été retrouvé, il était toujours en vie. Il devait pousser son dernier soupir quelques minutes plus tard, à l’arrivée des policiers.
Bashir Abdool Rahim indique que la dernière fois qu’il a vu son ami en vie c’était le 12 mars, le jour de l’Indépendance. Accompagné de son fils, il était venu effectuer un travail de maçonnerie dans la cour de la victime. «Li ti la mem ek li ti pe get nou. Sa criminel la osi ti lamem», déclare-t-il. Il était question que Bashir Abdool Rahim et son fils viennent compléter le travail commencé le samedi 16 mars mais ils ont eu un empêchement. «Mercredi, li finn sonn mo garson pou dir li vinn pran sima kot kinkayri. Linn aste sima pou konplet travay la me finalman nou pann reisi vini samedi», confie-t-il.
Comme d’habitude, chaque dimanche, Bashir Abdool Rahim et son fils se rendent au domicile de Saïd pour lui apporter un repas. Or, le dimanche 17 mars, ce dernier n’a pas répondu lorsqu’ils ont frappé chez lui et qu’ils l’ont appelé. «Nounn tapé, nounn kriyé, nounn sonn li plizier foi. Li pann reponn. Monn pansé linn enkoler akoz nu pann vini samedi, monn kontinié apel li. Ti ena kadna dan so laport» explique Bashir Abdool Rahim. Ce dernier raconte qu’il devait par la suite recevoir un texto de son ami lui disant qu’il n’est pas là et qu’il s’est rendu à l’aéroport pour le travail. «Nounn sagrin ek nounn dir li pann gagn so manzé pou li manzé», dit-il, en éclatant en sanglots.
Dans son quartier, la victime était connue comme un homme bon etayant le coeur sur la main. «Li ti bien kontan éd dimoun. Zamé li ti refiz pou éd kikenn. Nou ti grandi ansam. Nou ti plis ki frer. Nou ti ena kat kamarad. Mo sir Bondie inn gard ene bon plas pou li dan paradis, li ti telman bon», confie Bashir Abdool Rahim.
Zaid Santally, 42 ans, et son épouse, Saamnaz, née Panawoolah, 39 ans, de Terre-Rouge, ont tous deux été arrêtés par la Criminal Investigation Division de Port-Louis Nord et ils ont par la suite été livrés aux hommes du surintendant de police Seebaruth afin d’être interrogés. L'époux a refusé de répondre aux questions des enquêteurs et a affirmé qu'il le fera seulement en présence de son avocat. Ils ont, par la suite, été conduits sur le lieu du drame, en fin d’après-midi de vendredi, avant d’être reconduits en cellule. Ils doivent comparaitre en cour, ce matin. Un troisième suspect a aussi été arrêté. L’enquête est menée par les policiers de la Criminal Investigation Department de Port-Louis Nord, en parallèle à l’enquête faite par les hommes de la Major Crime Investigation Team.
L’autopsie de Saïd Fakeermahamode a été pratiquée par le médecin légiste Prem Chamane. Celui-ci a conclu qu’il est décédé d’un oedème pulmonaire et cérébral aigu. Des échantillons de son ADN ont été envoyés au laboratoire à des fins d’analyse.
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