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175 ans de la MCCI

Un anniversaire sous le signe d’un partenariat renouvelé public-privé

4 août 2025, 18:00

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Un anniversaire sous le signe d’un partenariat renouvelé public-privé

Charles et Marina Harel et le couple premier-ministériel Navin et Veena Ramgoolam à la soirée de gala, vendredi.

Plus qu’un événement commémoratif, la soirée de gala de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI), pour marquer son 175e anniversaire, vendredi, s’est imposée comme une démonstration de convergence entre le public et le privé, soit un moment fort de réaffirmation de la mission de la MCCI dans l’architecture économique du pays.

Réunissant plus de 350 personnalités de premier plan – ministres, hauts fonctionnaires, dirigeants d’institutions parapubliques et figures majeures du secteur privé – cette soirée a été rehaussée par la présence de Navin Ramgoolam, dans ce qui constituait une première prise de parole devant l’ensemble des capitaines d’industrie depuis sa prise de fonction au poste de Premier ministre en novembre dernier.

S’il a rappelé l e cheminement d’une institution qui, depuis 1850, joue un rôle pivot dans le développement économique de Maurice, illustrant un partenariat réussi entre le gouvernement et le privé depuis l’indépendance du pays, le Premier ministre était surtout attendu sur le nouveau décret de Donald Trump signé et émis jeudi soir, portant sur la révision des droits de douane à 15 % sur les exportations mauriciennes vers les États-Unis.

Tout en se réjouissant qu’à la suite de son intervention personnelle, le président américain ait revu sa copie – le taux initial étant de 40 % – Navin Ramgoolam a rassuré les opérateurs que le gouvernement poursuivra les discussions bilatérales avec l’administration Trump pour obtenir un meilleur accord, en vue d’un rééquilibrage plus équitable des échanges commerciaux entre les deux pays.

Toutefois, dans l’immédiat, il faudra accepter le taux de 15 %, qui est semblable à celui appliqué à beaucoup de pays en Afrique et même plus bas que celui de certains concurrents de Maurice dans le secteur textile à l’échelle internationale. «Si nos négociations aboutissent dans un cadre de partenariat bilatéral, Maurice sera le premier État à signer le premier accord commercial avec les États-Unis.» Navin Ramgoolam s’est dit animé de la même volonté pour engager de nouvelles discussions avec les autorités américaines en vue d’un renouvellement de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui expire fin septembre.

Un pont entre deux sphères

Auparavant, le ton était donné au niveau de l’équipe dirigeante de la MCCI. Pour son secrétaire général, Drishtysingh Ramdenee, il ne s’agissait pas simplement de rendre hommage au passé, mais de projeter une vision collective pour l’avenir. «Ce soir, nous rendons hommage à une institution durable qui s’est dressée comme un pilier de partenariat, d’objectifs partagés et de progrès collectif depuis 1850. La MCCI a été, et demeure, la voix du progrès économique à Maurice. Une voix qui rassemble, défie et défend ; une voix qui parle de manière indépendante, mais toujours dans l’intérêt national.»

Insistant sur le rôle fédérateur et prospectif de la chambre, il l’a replacée comme trait d’union entre les aspirations du secteur privé et les priorités nationales. Cet anniversaire est l’occasion de renforcer le rôle consultatif, proactif et inclusif de la MCCI dans la formulation des politiques économiques.

La nécessité d’un partenariat constant entre le public et le privé a été également saluée par le président de la MCCI, Charles Harel, qui s’est appuyé sur la forte présence des chefs d’entreprise dans un cadre pourtant restreint pour démontrer la volonté du secteur privé de collaborer avec le gouvernement. «Le rôle de la MCCI a toujours été de servir de pont entre les deux sphères. Nous offrons des perspectives éclairées, puisées dans les réalités sectorielles de nos membres, pour alimenter les politiques publiques.»

Charles Harel a aussi mis en lumière l’héritage institutionnel de la MCCI et son engagement permanent à anticiper les évolutions économiques. De la promotion des bateaux à vapeur à l’introduction des codes-barres, en passant par la création de la première institution supérieure privée en 1985, la MCCI a constamment joué un rôle d’incubateur d’idées novatrices au service de l’économie mauricienne.

Fidèle à sa devise Non Nobis Sed Patriae (Pas pour nous-mêmes, mais pour notre patrie), la MCCI s’est toujours positionnée comme une force motrice de transformation, explique le président Harel. C’est dans cette logique que la MCCI a dévoilé, en mai, une nouvelle identité visuelle pour marquer son 175e anniversaire. Articulée autour du concept The Collective Voice of Economic Progress, cette vision s’appuie sur quatre piliers stratégiques: Heritage and Innovation, Inclusion and Accessibility, Global Perspective and Local Impact et Visionary Leadership.

Autre point saillant de la soirée : la reconnaissance du rôle de la MCCI sur la scène internationale. Présente dans de nombreuses négociations bilatérales et multilatérales, la MCCI a, selon Charles Harel, contribué à faire entendre la voix du secteur privé mauricien bien au-delà des frontières de l’île. Le Joint Business Council avec l’Inde, établi en 1995, ou encore la récente signature de l’Accord de Nairobi 2025, visant à fédérer les Chambres de commerce africaines autour d’une stratégie commune de libre circulation, illustrent cette dimension panafricaine et globale. Ces engagements soulignent que Maurice, à travers ses institutions, peut jouer un rôle de passerelle stratégique entre les continents, à condition d’adopter une posture ouverte, audacieuse et collaborative.

Tous les intervenants ont insisté sur le fait que les grands défis à venir – transition énergétique, révolution numérique, développement du capital humain, souveraineté alimentaire et intégration africaine – ne pourront être relevés que dans un esprit de co-construction entre l’État, le secteur privé et la société civile. La MCCI entend renforcer son rôle d’interface et d’influence constructive dans les processus décisionnels, tout en favorisant une plus grande inclusion des PME et des jeunes entrepreneurs.

Ce gala aura donc été bien plus qu’un moment de célébration : un signal fort de mobilisation nationale. Dans un contexte économique incertain, marqué par des transitions multiples, la MCCI se pose plus que jamais comme un acteur stratégique et rassembleur. Car, selon ses dirigeants, «les décennies à venir détermineront si Maurice émerge comme une nation prospère, résiliente et respectée mondialement, ou devient contrainte par des limitations historiques».

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