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Un Bleu à Paris, un pavé dans la mare
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Un Bleu à Paris, un pavé dans la mare

Il y a des nominations qui sont à la fois diplomatiques et politiques. Et celle de Joël Rault, campaign manager de Xavier-Luc Duval lors des dernières législatives au no 18, au poste d’ambassadeur de Maurice à Paris, en est une. Un choix qui se comprend à Paris, en raison des connexions tissées par Joël Rault, mais qui décoiffe et fait grincer bien des dents au sein de l’Alliance du changement. Car en allant chercher un fidèle du PMSD pour l’envoyer dans la capitale française, Navin Ramgoolam ne tend pas une main. Il pose un acte d’autorité.
Il le fait en sachant pertinemment que cette décision provoquerait l’ire du MMM et des deux autres partenaires de l’alliance. Les Mauves fulminent, dénoncent des limites à l’indécence et des alliances contre nature. Car, enfin, comment digérer qu’un homme qui a activement combattu l’Alliance du changement aux dernières législatives, main dans la main avec Xavier Duval, soit aujourd’hui l’un des visages de la diplomatie mauricienne ? Le PMSD lui-même est pris de court : Joël Rault n’a pas démissionné du parti. Et il a eu le feu vert du leadership bleu, agréablement surpris par cette décision inattendue de Ramgoolam.
Mais là n’est pas le plus important.
Ce qui compte, c’est le message politique que Ramgoolam envoie : je suis le maître à bord. Avec 35 députés, il n’a besoin de personne. Ni du MMM de Bérenger, devenu acariâtre. Ni des Nouveaux Démocrates, vacillants, entre Richard Duval et Khushal Lobine. Encore moins d’un Ashok Subron qui souffle le chaud et le froid sur la réforme des pensions.
Navin Ramgoolam, en stratège, teste les nerfs de ses alliés. Il les pousse dans leurs retranchements pour mieux affirmer son leadership. Sa logique est claire: ils n’ont pas gagné, ils ont rejoint une victoire. Il gouverne seul. Il nomme seul. Il décide seul. Et tant pis si cela signifie égratigner les egos d’une alliance.
Cela fait huit mois que l’Alliance du changement est au pouvoir. Et beaucoup de promesses sont restées lettres mortes, commencent à se plaindre des élus de la majorité. Toujours pas de Selection Committee pour encadrer les nominations. Toujours pas de réforme constitutionnelle. Toujours pas d’exercice de redevabilité tous les 100 jours, comme promis. Mais une réforme des pensions, imposée sans pédagogie, qui fait grincer bien des dents.
Cette nomination de Joël Rault a tout d’une provocation assumée. Un test de fidélité lancé aux partenaires de l’Alliance. Un signal aussi que si les choses tournent mal, Ramgoolam peut aller chercher ailleurs. Car, oui, le PTr croit pouvoir élargir encore sa base, en allant grignoter du côté du PMSD si besoin. Ce que Bérenger n’osera jamais faire.
Dans cette partie d’échecs, le pion Rault n’est pas un hasard. Il est une pièce avancée, qui oblige les autres à se repositionner. La question désormais : qui aura le courage de contester le roi ? Qui osera dire non, publiquement, à ce jeu solo ? En attendant, Ramgoolam avance. Et les autres observent, contraints de suivre.
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