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Kidnapping à Port-Louis
Un choc national, des mesures en réflexion
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Kidnapping à Port-Louis
Un choc national, des mesures en réflexion

Un événement est venu secouer les consciences ces derniers jours. Une fillette de 9 ans a été enlevée à quelques mètres de son école à Port-Louis, en pleine journée, par un individu inconnu. Arrachée sans défense à son quotidien, l’enfant a vécu un traumatisme qui a ému les parents. Si elle a finalement été retrouvée saine et sauve, abandonnée au bord d’une route, le choc reste immense. Ce drame a ravivé une question brûlante : comment mieux protéger nos enfants aux abords des établissements scolaires ?
Face à cette inquiétude croissante, le ministère de l’Éducation envisage une mesure simple mais potentiellement efficace : faire en sorte que les enfants attendent leurs proches ou leur van scolaire à l’intérieur même de l’enceinte de l’école, et non sur le trottoir. Une idée qui pourrait améliorer le quotidien des écoles mauriciennes, même si, à ce stade, elle reste à l’étude.
Pour Vishal Baujeet, président de la Government Teachers’ Union (GTU), cette affaire ne fait que confirmer la nécessité de renforcer la sécurité. Il rappelle qu’une proposition avait déjà été faite lors des Assises de l’éducation en avril : celle de poster des officiers de sécurité à l’entrée des établissements. «Il y a déjà quelques écoles où ces agents sont présents, mais ce n’est pas la norme. Or, nous demandons cette présence non seulement pour la sécurité des élèves, mais aussi pour prévenir certaines agressions verbales ou physiques de parents envers les enseignants.»
Mais cette sécurité ne doit pas être réservée à quelques écoles «importantes». «On ne sait jamais d’où peut venir le danger. Ce n’est pas parce qu’une école compte peu d’élèves qu’elle est moins exposée», affirme-t-il. Autre demande du syndicat : l’installation de caméras de surveillance à l’entrée des établissements, afin d’identifier rapidement toute tentative suspecte. «Cela dépendra bien sûr du budget que le ministère pourra débloquer, mais la sécurité ne devrait pas être une option.»
La GTU appelle également les parents à plus de vigilance. «Certains envoient des proches récupérer leurs enfants pendant les heures de cours. On vérifie toujours l’identité de la personne avant de laisser partir l’élève, mais à l’heure du renvoi, c’est plus difficile à contrôler.» Vishal Baujeet évoque aussi un cas préoccupant : un enfant, ne voyant pas son van scolaire arriver, a décidé de rentrer à pied. En chemin, il a rencontré un camarade et est allé jouer chez lui. Le père, ne le voyant pas rentrer, est retourné paniqué à l’école. Ce n’est qu’en remontant le trajet qu’il a retrouvé son fils. «C’est aussi le rôle des parents d’apprendre aux enfants à ne pas improviser et à respecter les consignes.»
Autre acteur concerné : les conducteurs de vans scolaires. Shameem Sahadut, de l’Association of School Bus Owners, souligne que si la situation actuelle reste imparfaite, elle pourrait empirer si on impose des mesures sans réflexion. «Dans certaines écoles, les portes sont fermées après la sortie, et les enfants attendent à l’extérieur, parfois seuls. Nous saluons l’initiative de la police d’assurer une présence visible devant ces établissements jusqu’à ce que les enfants partent.»
Il ajoute que les chauffeurs parlent souvent aux enfants, les rassurent et leur conseillent de se tourner vers les agents de police s’ils se sentent menacés. «Nous faisons de notre mieux, mais il faut aussi que les infrastructures suivent. Certaines écoles n’ont pas d’espace pour permettre aux élèves d’attendre dans la cour.»
Concernant l’idée de faire entrer les vans dans les cours d’école, Shameem Sahadut émet des réserves : «Cela risque de devenir chaotique. Si tous les vans doivent entrer, ce sera la pagaille totale, et les risques d’accident vont augmenter.»
Du côté des parents, les avis sont partagés. Certains comprennent la volonté de sécuriser l’accès aux enfants, mais soulignent les contraintes pratiques. «Il n’y a aucune organisation dans certaines écoles pour que les parents puissent récupérer leurs enfants à l’intérieur. Et si les vans entrent dans l’école, les enfants risquent d’être blessés dans les manœuvres.»
Face à ce casse-tête, une chose est claire : il n’y a pas de solution miracle. Mais tous s’accordent à dire qu’il faut agir. L’enlèvement de la petite fille à Port-Louis a été un signal d’alarme. Ce n’est qu’en conjuguant les efforts des autorités, du personnel scolaire, des forces de l’ordre et des familles qu’un cadre plus sûr pourra être mis en place. Car protéger les enfants, c’est l’affaire de tous.
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