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Mare-Chicose
Un délai de 15 jours donné pour circonscrire l’incendie
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Mare-Chicose
Un délai de 15 jours donné pour circonscrire l’incendie
Les députés de la circonscription n°11 (Vieux Grand-Port–Rose-Belle), Ashley Ramdass, Anishta Babooram et Manoj Seeburn, ont tenu hier une réunion d’urgence dans les locaux de Mare-Chicose. Ils ont été rejoints par Arvin Boolell, Joanna Bérenger et David Sauvage de Rezistans ek Alternativ. Ensemble, ils ont fixé un délai de 15 jours pour maîtriser l’incendie en cours.
Pendant ce temps, les habitants des localités proches continuent de souffrir des nuisances causées par le centre d’enfouissement. L’odeur pestilentielle et la fumée persistante perturbent leur quotidien ; certains ont été contraints de consulter des médecins pour des problèmes de santé liés à cette pollution. Ils espèrent des solutions rapides, mais également des mesures durables pour éviter de futures crises similaires. Hier, les députés se sont rendus sur place pour constater l’ampleur des dégâts et rencontrer les habitants affectés.
Une réunion avec les autorités compétentes a été organisée pour évaluer la situation et discuter des mesures à prendre. «Un système de surveillance a-t-il été mis en place depuis le grand incendie de 2022 ?», s’est interrogée Anishta Babooram. Bien que les autorités aient assuré que ce système existe, son inefficacité actuelle soulève des questions. Les députés ont ainsi proposé plusieurs actions : «Nous avons demandé un renforcement des effectifs, plus d’équipements, notamment des excavateurs, afin d’accélérer les efforts pour maîtriser cet incendie.»
De son côté, Joanna Bérenger, qui s’était déjà rendue sur les lieux la semaine dernière, a exprimé ses préoccupations face à l’approche de la saison cyclonique : «Nous avons demandé aux autorités comment elles comptent gérer cette situation en cas d’alerte cyclonique. Elles ont expliqué que les opérations s’arrêteront sous alerte III pour garantir la sécurité des employés, mais qu’un plan d’urgence sera mis en place pour assurer la surveillance du site.»
Un chantier de longue haleine
Selon les autorités, environ 5 500 m2 ont déjà été sécurisés, mais il reste 35 000 m2 à traiter, une tâche estimée à 35 jours. Elles travaillent actuellement sur trois zones et envisagent de mobiliser davantage de ressources pour intervenir sur six zones simultanément, sous réserve des décisions du National Disaster Committee. Arvin Boolell n’a pas mâché ses mots : «C’est un scandale sans précédent, une catastrophe écologique et environnementale.» Il a proposé de créer un National Crisis Committee, comme en 2013, pour mieux coordonner la gestion de cette crise. Selon lui, l’incendie est le résultat d’un «laisser-aller» politique.
Le député rouge a également pointé du doigt l’ancien ministre Kavy Ramano, l’accusant d’avoir signé, peu avant les élections, un contrat de gestion de dix ans dépourvu de véritable feuille de route : «Cette gestion irresponsable explique la situation actuelle. C’est inacceptable.» Des mesures urgentes doivent être prises pour gérer cette crise. «Il est impératif d’avoir un plan d’action cohérent», a-t-il affirmé. Les députés Manoj Seeburn et Ashley Ramdass ont abondé dans le même sens. «Certes, on ne peut revenir sur ce qui s’est passé, mais il est essentiel d’aller de l’avant avec des actions concrètes», a déclaré Ashley Ramdass.
Pour sa part, David Sauvage a plaidé en faveur d’une plus grande implication citoyenne dans les affaires publiques. «Les Mauriciens, qui sont des professionnels et manifestent un intérêt pour ces questions, peuvent apporter leur aide. Il est temps de mettre fin à ces scandales de santé publique. Nous devons définir des moyens concrets pour permettre la contribution citoyenne tout en assurant la transparence. Nous comprenons l’angoisse des habitants», a-t-il déclaré, tout en les encourageant à porter des masques appropriés pour se protéger des émanations toxiques.
Les habitants des régions touchées ont demandé aux députés de leur venir en aide en mettant à leur disposition des ambulances mobiles, afin d’assurer une prise en charge rapide en cas d’urgence médicale. Arvin Boolell a alerté de dangers sanitaires liés à la situation : «Les émanations de dioxyde de carbone sont extrêmement nocives pour la santé et peuvent, à long terme, provoquer des cancers.» Il a également dénoncé les nombreux manquements dont cette région a souffert : «Pendant trop longtemps, on a laissé cette situation stagner. Il est temps d’agir.»
Préserver la santé des habitants : une priorité
Les responsables des villages de la région ont fait de la santé des habitants leur priorité. Hier, Oulagen Veeramalay, président du village de Cluny, s’est exprimé lors de la visite des nouveaux élus sur le site : «Vous imaginez l’angoisse que nous avons subie ce week-end. À trois heures du matin, j’ai dû emmener en urgence mon enfant pour que l’on puisse lui mettre un masque à oxygène car il manquait d’air.» Ce témoignage poignant reflète une réalité partagée par plusieurs résidents de Cluny, qui ont exprimé leur peur et leur détresse sur les réseaux sociaux. «Je m’inquiète pour la santé de tous. On effectue des analyses de l’air, mais rien ne prouve qu’il soit sans danger», a-t-il ajouté, tout en demandant la mise en place d’un service d’ambulance pour les semaines à venir. Cet habitant a également dénoncé un autre problème lié au centre d’enfouissement : la conduite dangereuse des camions traversant les villages. «Ils roulent à vive allure, sans se soucier des habitants. Nous avions demandé la construction d’une route alternative permettant aux camions d’accéder directement au dépotoir sans passer par les villages, mais nos sollicitations auprès des anciens députés sont restées lettre morte.»
Des animaux affectés
La situation à Mare-Chicose suscite également des inquiétudes pour la santé des animaux. Les amoureux des bêtes se demandent si ces derniers subissent les effets de la pollution persistante. Si la majorité ne constate aucun changement notable dans le comportement des animaux, ce n’est pas le cas de Kritee Mungur, habitante de Rose-Belle, qui vit pleinement les désagréments liés à l’odeur nauséabonde du dépotoir. Depuis quelques jours, ses chats semblent montrer des signes inquiétants. «Je préfère garder mes chats à l’intérieur. Quand il pleut et que l’odeur est moins forte, je les laisse vagabonder un peu avant de les ramener dans une pièce aménagée pour eux. Mais récemment, certains ont commencé à vomir», explique-t-elle. D’abord convaincue qu’ils souffraient de gastro-entérite, elle a écarté cette hypothèse après une visite chez le vétérinaire. «Leurs poils tombent et je me demande si cela n’est pas dû à la fumée toxique.» Kritee, très dévouée à ses animaux, veille avec soin à leur bienêtre. Pourtant, cette situation la stresse énormément, même si elle constate que ses chats sont en bonne santé générale. D’autres amoureux d’animaux observent qu’il y a une différence entre les chiens errants de Mare Chicose et des autres régions. : «Ils semblent en meilleure santé. Je pense qu’ils se sont habitués à ces odeurs et sont peut-être mieux immunisés que d’autres animaux.» Et le voeu le plus cher de Kritee est qu’une solution soit trouvée rapidement, afin que tous – humains comme animaux – puissent retrouver une vie normale.
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