«Les caisses sont presque vides», se plaint un employé de la Mauritius Duty Free Paradise (MDFP). «Toutes nos économies y sont passées.» Il se réfère au nouvel entrepôt dont le coût s’élèverait à Rs 1 milliard, selon Week-End. Lorsque la décision avait été prise en 2019, le projet était estimé à Rs 300 millions. Une augmentation donc de plus de 300 % ! Pourquoi la MDFP a-t-elle absolument tenu à aller de l’avant avec ce projet d’entrepôt et cela, au sortir d’une période difficile qu’a été le Covid ? Nous avons essayé, en vain, de contacter Souciana Patten Chetty, Finance Manager de la MDFP et chargée du projet, et le directeur de la MDFP, Pawan Bachoo.

Selon un employé, le nouvel entrepôt n’a pas sa raison d’être. L’entrepôt actuel peut contenir environ Rs 400 millions de stock, apprenons-nous, alors que le nouveau pourrait en contenir dix fois plus. Pour remplir le nouvel entrepôt donc, il faudra acheter des produits pour une valeur de Rs 4 milliards. Une étude a-t-elle été effectuée pour l’écoulement de toutes ses marchandises ?

Comme ni Bachoo ni Patten ne nous ont répondu, nous nous sommes tournés vers un ancien cadre de la MDFP. Pour lui, il est impossible de vendre autant de produits, même en 2030. «Il faudra de plus engager d’énormes capitaux dans ce gros stock. Ce que la MDFP n’est pas en mesure de faire pour le moment, après avoir investi toutes ses économies dans le nouvel entrepôt.» À moins, ajoutet- il, d’emprunter aux banques, ce qui pèsera lourd dans les finances, au niveau des intérêts. «Ou alors, on a construit ce gigantesque entrepôt juste pour… construire. Et toucher des commissions.» Que deviendra l’ancien entrepôt ? Pour un employé, c’est un gaspillage d’argent et d’espace que d’abandonner l’ancien qui est en bon état.

Par ailleurs, nous apprenons que c’est l’entreprise Dakota, sous-traitant de Heinemann, qui a été choisie pour le «set-up» du nouvel entrepôt. Le coût ? Probablement plusieurs millions, nous dit notre interlocuteur. L’inauguration, qui était prévue le 13 mars, a été renvoyée au 14 avril. Est-ce lié à l’affaire Ken Arian ? On le saura le 14 avril.

Pigeon voyageur et anti-«Staff»

Ken Arian siège toujours au conseil d’administration de la MDFP. Il y représente Airport Holdings Ltd, qui en est l’unique actionnaire. Avec ce statut, nous dit-on, «c’est lui qui impose ses décisions et qui a le dernier mot». On nous informe aussi que Ken Arian aurait été de tous les voyages concernant la MDFP. La dernière en date : une promenade à Cannes en compagnie de la «Finance Manager» et du chairman du «board». Pourquoi ? Pour sélectionner les produits hors-taxes, responsabilité qui incombe normalement aux membres du «Category Department». Pour le déplacement à Cannes, ces derniers sont restés à l’aéroport sir Seewoosagur Ramgoolam.

Ce serait aussi Ken Arian qui aurait imposé son veto pour ne pas payer les augmentations annuelles de certains membres du personnel, malgré les avis légaux en faveur de ces derniers et l’assentiment du «chairman» du «board», Dev Beekharry, et de la direction de la MDFP. Nous avons contacté Ken Arian pour qu’il nous donne sa version mais il n’était pas retourné vers nous à hier soir.