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Budget 2025-26

Un exercice pour taxer les superprofits

5 juin 2025, 06:00

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Un exercice pour taxer les superprofits

L’âge de la retraite graduellement repoussé à 67 ans ?

Cet après-midi, le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, présentera le tout premier Budget du gouvernement de l’Alliance du changement à l’Assemblée nationale. Un exercice périlleux dans un contexte économique tendu où des mesures «difficiles» sont attendues. À la veille de ce Grand oral, l’exécutif devait trancher dans le vif. Peut-être sous la forme d’une taxe exceptionnelle – probablement une one-off – sur les banques et conglomérats réalisant des superprofits est envisagée ; la décision finale restait en suspens lors des dernières réunions au ministère des Finances. Une révision progressive de l’âge de la retraite, repoussée jusqu’à 67 ans, pourrait également être annoncée. Ce Budget, très attendu, doit donner le ton d’un mandat placé sous haute pression économique.

Entouré de son équipe aux Finances et au Prime Minister’s Office (PMO), Navin Ramgoolam a travaillé jusque tard dans la nuit ces derniers jours pour peaufiner le discours du Budget dans ses moindres détails, prenant le temps de consulter les partenaires sociaux, le secteur privé et la presse. Ayant déjà assuré l’intérim au ministère des Finances par le passé, c’est toutefois la première fois qu’il présentera officiellement le discours budgétaire.

«Ce ne sera pas simple»

«Ce sera un exercice particulièrement difficile et c’est pour cette raison que j’ai moi-même pris le portefeuille des Finances. Je ne voulais pas imposer cette tâche ingrate à quelqu’un d’autre. Après tant d’années en politique, d’échecs et de traversées du désert, je pense avoir les épaules assez larges pour encaisser les critiques à venir», a-t-il déclaré à l’express hier. «Je ne voulais pas imposer cette tâche ingrate qu’est le Budget 2025-26 à un simple ministre», a-t-il insisté. Un appel au soutien est lancé car «ce ne sera pas simple», a-t-on expliqué au PMO, conscient qu’il sera impossible de satisfaire à la fois le Fonds monétaire international, Moody’s, les partenaires de l’alliance gouvernementale et l’homme de la rue.

Selon le Premier ministre, toute mesure sociale est évaluée à l’aune de la «capacity to pay» – ce qu’on appelle constraints optimisation dans les milieux financiers, où la consolidation fiscale reste la principale priorité. Hier encore, on tentait tant bien que mal de faire baisser légèrement les prix des carburants afin de ne pas contrevenir à la promesse gouvernementale. Navin Ramgoolam a également souligné l’importance d’une «friendly consolidation» afin de stimuler la croissance vers l’objectif fixé de 7 %. Face à un manque important de travailleurs dans le pays pour assurer la relance économique, le Premier ministre a évoqué un déficit de 70 000 travailleurs, un besoin crucial pour l’économie. En prenant en considération les Rs 10 milliards provenant des Chagos, il a avancé que ce montant est indispensable à bien des égards, même s’il ne représente que 2 % du Produit intérieur brut (PIB).

Le Budget 2025-26 revêt ainsi une importance capitale pour l’avenir économique du pays, confronté à de multiples défis et à de fortes attentes. Plusieurs questions restaient en suspens à la veille du Grand oral du Premier ministre et ministre des Finances. Parmi les interrogations majeures figure la réduction du coût de la vie, annoncée comme une priorité dans le manifeste électoral de l’Alliance du changement. On s’interroge également sur la place que ce Budget accordera à la justice sociale ainsi que sur les mesures pour relancer la production locale, une demande pressante du pays. Ce Budget devra donc miser sur le développement de la production locale et le redressement du secteur agro-industriel, tout en favorisant l’innovation et l’amélioration de la productivité. À noter que les importations alimentaires ont représenté plus de Rs 57 milliards en 2024.

D’ailleurs, les déséquilibres macroéconomiques sont préoccupants, la dette publique ayant atteint des niveaux alarmants. Il est donc nécessaire de maîtriser le déficit, de contenir les dépenses publiques et d’accroître les revenus de l’État. L’économie a enregistré une croissance décevante, les inégalités sociales se sont accentuées, les finances publiques se sont détériorées et la situation extérieure du pays demeure vulnérable. Pour l’exercice 2024-25, le déficit public approche les 9,5 % du PIB, soit près de Rs 70 milliards, tandis que la dette publique dépasse les 90 % du PIB.

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