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Un nouveau pilote à MK pour faire le ménage
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Un nouveau pilote à MK pour faire le ménage
Alors qu’on s’attendait à un remplaçant pour le démissionnaire Ken Arian au poste d’administrateur d’Air Mauritius (MK), il n’en a pas été ainsi. Au contraire, un nouveau Chief Executive Officer (CEO) a été nommé en quatrième vitesse pour succéder au Croate Krešimir Ku ko, suspendu en septembre 2023 pour des «raisons de bonne gouvernance» et appelé à quitter le pays fin février après que son contrat n’a pas été renouvelé, non sans avoir touché des millions de roupies en indemnités de départ. Visiblement, cette pratique est courante chez MK, où des «golden handshakes» sont généreusement offerts pour pousser les CEO vers la sortie lors de l’arrivée d’un nouveau régime, ce qui dans la foulée fragilise la trésorerie de la compagnie.
On ne sait pas si Charles Cartier subira le même sort et sera appelé à plier bagage avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement, conscient cependant qu’il a accepté volontiers une chaise éjectable pour relever le défi en pleine période électorale. Sans doute, il est animé de bonne volonté, mais il ne peut pas occulter le fait que le choix de l’État de le porter au sommet du Paille-en-Queue Court réponde à d’autres considérations que celles qu’il développe dans l’espace médiatique ces jours-ci. Il doit savoir que, malgré lui, il est venu faire le ménage d’une compagnie qui souffre d’un désordre structurel doublé d’une mauvaise gouvernance trop souvent politisée d’un régime à l’autre, incapable de prendre l’envol depuis sa reprise de vols commerciaux suivant sa mise sous administration en avril 2020 dans le sillage de la crise pandémique.
Le nouveau pilote de MK mesure sans doute la lourde responsabilité qui repose sur ses épaules et compte, dit-il, s’appuyer principalement sur ses expériences de gestionnaire acquises à Accenture pendant huit ans, ainsi que sur son passé en tant qu’ancien Chairman de l’Economic Development Board, pour prouver qu’il est peut-être l’homme de la situation à MK. Il cherche également à se démarquer des pratiques de certains directeurs qui auraient exploité leur proximité avec le pouvoir en place pour intervenir dans la gestion quotidienne de la compagnie. Cela a entraîné un mécontentement généralisé, voire une colère hostile parmi les employés des différents départements, d’où la position de certains représentants syndicaux visant à durcir la ligne.
Fermer une parenthèse
D’ailleurs, il n’a pas échappé à l’attention des observateurs indépendants que Charles Cartier a voulu au départ même fermer la parenthèse de Ken Arian chez MK. Cela, en insistant sèchement dans la presse dominicale, plus spécifiquement chez Week-End, que le CEO d’Airport Holdings Ltd (AHL) n’est pas son supérieur à MK et qu’il répond au board. Mieux, pour enfoncer le clou, il souligne que la holding au sein de laquelle opère MK est financière et «qu’il n’y a pas de lien de hiérarchie entre les employés de MK et la holding» ainsi «qu’avec le CEO ou toute autre personne». Sans doute, c’est une interprétation discutable, mais l’intention est claire et si n’est pas une déclaration de guerre contre l’ancien homme fort du board de MK, elle y ressemble étrangement.
D’autant plus que Ken Arian a précédemment déclaré dans une interview de presse que la holding continuera à avoir un droit de regard sur ses subsidiaires, conformément au principe de bonne gouvernance. Mais il y a plus dans ses explications. Il qualifie sa démission de «tempête dans un verre d’eau» car elle est motivée, selon lui, par sa décision de «réallouer son temps à d’autres activités au sein de la holding». Une démarche qui est loin de convaincre les avertis, s’apparentant beaucoup plus à une opération de «damage control» de sa part pour démontrer qu’à la fin de la journée, il jouit encore de l’estime du Premier ministre.
Prendre les bonnes décisions
Quoi qu’il en soit, la balle est dans le camp de Charles Cartier, qui sait qu’il a un devoir de résultats. En même temps, il doit savoir que MK n’est pas la boutique du coin et qu’avoir été à la tête d’Accenture ne lui donne pas tous les atouts techniques et stratégiques pour redresser une compagnie nationale. Il y a forcément d’autres qualités à démontrer et s’appuyer sur des spécialistes qui ont la mémoire institutionnelle pour faire face aux crises en tout genre, en prenant de bonnes décisions sur-le-champ pour éviter le pire, voire une catastrophe. Trop souvent, la compagnie a eu droit à des Chief Excutives parrainés par les socioculturels et autres lobbies, laissant un héritage lourd à porter pour les successeurs.
On peut compter d’ailleurs sur les doigts de la main ceux qui ont su émerger du lot pour imposer leur style et le modèle qu’ils ont souhaité développer pour MK, en se donnant les moyens pour que celle-ci soit une compagnie de référence dans la région et un partenaire incontournable pour le développement économique du pays. Certes, il n’y a pas mille façons. À la base, il faut s’entourer des meilleures compétences et intelligences, celles faisant la force de cette société ont été malheureusement forcées de partir suivant le plan restructuration de la compagnie mis en place par les administrateurs durant la fermeture des frontières. Toutefois, ils ont oublié que les frontières seront ouvertes et que les touristes continueront à voyager et que, face à une compagnie dont les ailes ont été coupées, il faut s’attendre au pire.
Le nouveau CEO a déjà défini ses priorités. Il souhaite prioritairement apporter de la sérénité au sein de MK qu’il veut transformer en une entreprise de valeur, améliorer le service-clientèle mais surtout… privilégier la méritocratie pour instaurer un climat de confiance parmi les employés. Vaste programme… Mais il doit savoir que MK est très clanique, comme certaines sociétés d’État et qu’il devra avoir la peau dure pour mater certains nominés politiques, tous gouvernements confondus, qui se croient tout permis en s’accrochant à un système qu’ils souhaitent faire perpétuer tout en refusant toute idée de changement.
Charles Cartier se passionne pour les trails, traversant des montagnes et des rivières pendant deux jours, se plaîtil à dire. Maintenant, il devra quitter la terre ferme pour s’envoler dans des zones de hautes turbulences. Chez MK, on a besoin d’un marathonien qui sera jugé sur la distance.
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