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Urgence énergétique
Un «powership» comme solution temporaire pour répondre à la demande en électricité
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Urgence énergétique
Un «powership» comme solution temporaire pour répondre à la demande en électricité

Patrick Assirvaden a brossé un tableau préoccupant de l’état du parc énergétique national lors d’une conférence de presse, hier.
«Nou pe mars lor enn lakord red. Sa pa konfortab ditou. Enn pei pa kapav les so sekirite enerzetik depann lor kapris enn masinn ou swa lor kapris letan. Non !», C’est ce qu’a déclaré le ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, hier, lors d’une conférence de presse au siège de son ministère à Port-Louis, sur la situation énergétique du pays. Il a brossé un tableau préoccupant de l’état du parc énergétique national, soulignant l’absence de renouvellement des centrales du Central Electricity Board (CEB) depuis plus de dix ans. Certaines machines sont âgées de 27 à 32 ans. À cela s’ajoutent des centrales privées (IPP) qui ont plus de 20 ans. «Nous nous retrouvons ainsi avec un parc énergétique composé de machines et de turbines qui ont largement dépassé leur durée de vie optimale.»
À ce jour, Maurice dispose d’une capacité installée de 626 mégawatts, mais la demande ne cesse de croître. Le ministre cite en exemple qu’en date du 5 février, un record historique a été atteint avec une demande en électricité de 567,9 mégawatts. En mars, soit un mois après, la demande a continué d’augmenter, atteignant environ 600 mégawatts. Toutes les procédures d’urgence ont dû être déclenchées pour maintenir l’approvisionnement, particulièrement pour les zones critiques qui nécessitent de l’électricité à tout moment. La pression sur le réseau électrique est particulièrement marquée entre 18 heures et 21 heures.
(Photo d'illustration) Un «powership», aussi appelé navire-centrale, est équipé de turbines flottantes capables de produire entre 90 et 110 mégawatts d’électricité.
Alors que la chaleur persiste et que les climatiseurs fonctionnent à plein régime, en mars, la situation s’aggrave : des machines des IPP tombent en panne, suivies de turbines vieillissantes du CEB. Des maintenances sont autorisées, mais le système devient de plus en plus fragile. La situation s’est répétée plusieurs fois. Des pannes ont eu lieu à la Compagnie Thermique de Savannah (CTSav), à la Compagnie Thermique du Sud (CTDS), ainsi qu’à Fort Victoria. Cette situation met en évidence une absence de sécurité d’approvisionnement. Certaines régions ont même connu des coupures d’électricité par moments, avoue Patrick Assirvaden.
Le CEB joue un rôle de facilitateur dans le pays, soutientil. «Ce n’est pas simplement une organisation qui produit et vend de l’électricité, mais un acteur clé dans l’économie et dans l’industrie. Sans le CEB, il n’y a pas d’économie. La situation actuelle est donc très préoccupante.» À ce jour, le CEB utilise un système de contrôle pour gérer la demande, en optimisant les énergies renouvelables disponibles, telles que l’hydroélectricité et les batteries de stockage, afin d’assurer l’approvisionnement en fonction des besoins et de maintenir l’équilibre du bouquet énergétique pour répondre à la demande, souligne le ministre. Bien qu’avec l’approche de l’hiver, la pression sur l’électricité devrait baisser il est estimé nécessaire d’agir au plus vite.
Priorité : rétablir la sécurité énergétique
Dans ce contexte, la sécurité énergétique du pays figure en tête de l’agenda du ministère de l’Énergie et du CEB. Parallèlement, assure le ministre, «plusieurs projets d’énergie renouvelable sont en cours». «De plus, il y a des batteries qui ont déjà été commandées ; un projet de GIS est également prévu pour améliorer nos réseaux. Ces initiatives font partie de la planification à venir. Par ailleurs, des projets d’énergie solaire renouvelable sont à l’étude, tant par le CEB que par d’autres organisations, dans le but de les intégrer au réseau. Cependant, la priorité absolue reste la sécurité énergétique.»
Un «powership» pour le court terme
Avec une hausse de 42 mégawatts de la demande en quelques semaines – bien au-delà de l’augmentation moyenne annuelle habituelle de dix à 15 mégawatts – Maurice fait face à une urgence énergétique. Une solution d’urgence temporaire consiste à recourir à un powership, (navirecentrale), barge équipée de turbines flottantes capables de produire entre 90 et 110 mégawatts d’électricité. Cette technologie, déjà utilisée dans plusieurs pays, serait selon toute probabilité déployée dans la zone portuaire, à environ 1 ou 1,5 km de Maurice. Le combustible utilisé serait du fuel de type AV.
Selon le ministre, il est nécessaire d’avancer aussi rapidement que possible, mais cela se fera dans le strict respect des cadres légaux et en toute transparence. «Ce projet devra se conformer à l’ensemble des normes environnementales. Rien ne sera entrepris au détriment de l’environnement, que ce soit dans la région portuaire ou ailleurs. Il sera mis en œuvre dans un cadre légal, avec tous les permis requis. (…) D’ailleurs, plusieurs centrales existent déjà dans la région du port, comme celle de Fort-George.»
Le projet a été présenté à un comité présidé par le Deputy Prime Minister, avant d’être soumis au Conseil des ministres. Un Request for Proposal sera lancé dans les semaines à venir. L’objectif est de signer rapidement un contrat de cinq ans pour permettre la livraison d’énergie dans un délai de huit à dix mois, soit entre décembre 2025 et janvier 2026. Le ministre a souligné qu’il n’est pas envisageable d’attendre deux ans et demi à trois ans pour construire une centrale conventionnelle afin de répondre à la demande en électricité.
Avec un déficit estimé à Rs 7,5 milliards, le CEB traverse une période difficile. Certaines turbines, comme celles de la station Nicolay – conçues pour ne fonctionner qu’en période de pointe – tournent désormais en pleine journée. Résultat : elles produisent de l’électricité à un coût pouvant atteindre Rs 17 le kilowattheure, alors que le tarif de vente du CEB est bien inférieur, indique le ministre. Une situation intenable, qui entraîne des pertes supérieures à Rs 150 millions. «Kan pa finn ena vision, pa finn ena planning, get zordi kot sa finn amenn pei-la», a soutenu le ministre. Ainsi, pour le powership, il s’agira d’acheter directement le kilowattheure du producteur. «D’autres projets sont en cours. L’objectif est d’assurer la sécurité énergétique en attendant que ces projets prennent forme et que la part des énergies renouvelables augmente», a précisé Patrick Assirvaden.
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