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«Political Financing Bill»
Un projet de loi mort-né mais qui sera utilisé politiquement
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«Political Financing Bill»
Un projet de loi mort-né mais qui sera utilisé politiquement
Le 25 octobre 2019 à Ste-Catherine, Pravind Jugnauth avait révélé à moitié l’origine des dollars de Ramgoolam.
Pourquoi Pravind Jugnauth ne révèle-t-il pas l’origine des $3,1 millions reçus par Navin Ramgoolam ? Le PM en connaît assez pour en avoir déjà lancé des bribes et les débats permettront d’en dire plus.
Le gouvernement présentera bientôt un nouveau projet de loi sur le financement politique dont on ignore le contenu exact et en quoi il est différent de la première mouture présentée en juillet 2019. Ce qui est sûr – et c’est mentionné dans le communiqué du Conseil des ministres de vendredi – c’est qu’une limite sera imposée sur les dépenses électorales, limite qui sera augmentée et les baz seront réglementées.
Ce projet de loi nécessitera un amendement constitutionnel, et donc le vote de certains membres de l’opposition au moins. Or, cette même opposition a déjà fait savoir, depuis avril, qu’elle ne votera pas ce projet de loi et les autres lois y afférentes. Mais pourquoi le gouvernement s’entête-t-il à les présenter ? Selon plusieurs membres de l’opposition dont Paul Bérenger, c’est pour permettre à la majorité de s’en prendre à Navin Ramgoolam et les $ 3,16 millions retrouvés dans ses coffres-forts en 2015. On s’attend donc à ce qu’au moins les membres du gouvernement débattent longuement non seulement de cette loi mais aussi et surtout de la pertinence de venir avec une telle loi vu les grandes affaires liées au financement politique. Ce ne sera sans doute pas le Sun Trust qui sera d’actualité mais bien les Rs 220 millions retrouvées dans les coffres-forts de Navin Ramgoolam, notamment les $ 3,16 M (Rs 148 millions).
Je sais tout mais je ne dirai rien
Pour avoir une idée du débat qui aura lieu bientôt, revenons aux questions de Subhasnee Luchmun-Roy et les réponses du Premier ministre, le 11 avril 2023 au Parlement, au sujet de ces $ 3,16 M dont 1,7 M étaient en billets de dollars neufs et cachetés. Pravind Jugnauth a expliqué que Navin Ramgoolam avait affirmé à la police qu’il avait reçu ces dollars de l’étranger en guise de financement politique mais sans dire quelle source. Pravind Jugnauth, lui, ne connaît-il pas la source ? Si ! Puisque le 25 octobre 2019, il déclarait lors d’un meeting à Ste-Catherine, à St-Pierre, que «mo donn zournalis enn scoop, dolar dan so kof sorti dan labank l’Allemagne. Mo pou fer kouma navingate. Mo pou dir enn bout zordi, apre mo va dir leres». Non seulement le Premier ministre était au courant – et ne l’était plus quatre ans plus tard au Parlement – mais il en savait plus et promettait de faire d’autres révélations par la suite. Ce qu’il n’a jamais fait.
Le Central Criminal Investigation Department, lui, avait été plus bavard et précis en mai 2016, avançant à des journalistes que l’argent avait, en 2009, «transité par deux établissements bancaires allemands à Chicago et à New York, avant d’être ‘livré’ à Maurice». La SBM aurait fait le reste en faisant passer ces devises pour celles importées pour être vendues aux clients mais les aurait remises en la demeure de Ramgolam à Riverwalk, Vacoas. Le FBI se serait même mêlé de l’enquête en 2017 et avait même donné le nom de ces banques allemandes impliquées, la HSBC et Commerzbank de Francfort.
Est-ce si difficile de savoir qui était le généreux donateur de ces dollars américains ? Selon un banquier, non, il est assez aisé de le faire puisque le destinataire de tout billet neuf est scrupuleusement noté par la Réserve fédérale américaine. «Je pense même que le gouvernement mauricien sait qui était ce destinataire qui a ensuite remis l’argent à Ramgoolam. Mais il ne veut pas le dire.» Pourquoi ce silence ? «Ah !» s’est exclamé notre interlocuteur. «On nage là en pleine corruption internationale. Et comme vous le savez, les régimes changent mais les ‘donateurs’ demeurent. Il s’agit de ne pas dénoncer ces derniers.»
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